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Live reports / 08.12.2023

Jammin’ Juan 2023

Palais des Congrès de Juan-les-Pins, 8, 9 et 10 novembre 2023

Jammin’ Juan a pour but de présenter et de promouvoir dans leurs diversités et leurs spécificités les formes du jazz telles qu’elles sont actuellement pratiquées par les musiciens de la génération montante.

Cette manifestation est organisée depuis 6 ans par la Ville d’Antibes Juan-les-Pins, le Conseil départemental des Alpes maritimes et soutenue par la Direction des actions culturelles de la SACEM, France bleu Azur, Fondation Inter fréquence, les sociétés, Kappa Engineering, groupes Ippolito, FW, Dushow, l’Association Jazzé Croisé (AJC), les Archives généalogiques Andriveau. S’y retrouvent pendant trois jours des professionnels du jazz, programmateurs de festivals, tourneurs, agents artistiques, directeurs de clubs, journalistes et musiciens de nationalités diverses.

« Jammin’ Juan » c’est aussi trois jours de rencontres et de concerts réunissant plus de cent musiciens répartis dans dix-neuf formations se produisant dans le cadre de showcases de trente-cinq minutes ou sur la grande scène de l’amphithéâtre.

Comme l’année passée, leurs prestations révèlent l’existence de deux courants majeurs : l’un correspond à l’élargissement du jazz à d’autres formes de la musique afro-américaine, l’autre intègre au jazz d’autres genres musicaux. La première démarche est celle adoptée par le JF Trio, un groupe de Barcelone constitué de jeunes musiciens qui concilient la pop, la rumba, la musique électronique au travers de séquences improvisées et de combinaisons sonores inédites et par le Hip Horns Brass Collective qui mélange joyeusement la musique des brass bands de La Nouvelle-Orléans aux sons du funk et du hip-hop pour générer un groove énergique fort apprécié par le public. Œuvrant dans la même direction, mais avec d’autres moyens, le quintet du trompettiste Daoud s’inspire aussi du hip-hop, de la production de Théo Croker et de Christian Scott, pour proposer, sans perdre de vue la tradition du jazz, une musique dansante, originale et faite d’humour. Aussi inspiré par le jazz et les musiques cubaine et antillaise, Ludovic Louis est un bon trompettiste, bien connu des habitués du Baiser Salé et apprécié par Quincy Jones. Sa musique, incitant à la danse, fut appréciée par le public.

JF Trio
Hip Horns Brass Collective
Daoud
Ludovic Louis

Le deuxième courant est illustré par la vocaliste Lou Rivaille du groupe ElliAVIR qui utilise la combinaison trompette-voix pour aborder un répertoire faisant la part belle aux musiques du monde (chant celtique et des Pays de l’Est). Le contrebassiste Vladimir Torres puise aussi son inspiration dans un univers personnel riche en belles rencontres où le jazz croise les musiques latines et la pop ; le tout laissant une large place à l’improvisation. Évoluant dans cette lignée, Jad Salameh, qui a écouté les trios Bad Plus et E.S.T., s’attache aux sentiments que lui inspire le destin tragique du Liban dont il est originaire et la fragilité du monde actuel. Comme lui, la trompettiste et chanteuse Alba Careta utilise le langage du jazz (Ambrose Akinmusire) pour évoquer des souvenirs et les interrogations d’un itinéraire personnel.

ELLiAVIR
Vladimir Torres
Jad Salameh Trio
Alba Careta

La saxophoniste Jeanne Michard a intégré à son jeu nourri aux racines les plus authentiques du jazz, des éléments de la musique cubaine. La cohérence de sa démarche évoquant celle de Dizzy Gillespie avec Chano Pozo, s’exprime pleinement dans les compositions personnelles de son album « Songes Transatlantiques”.

Si Antonio Lizana incarne avec talent la tradition du flamenco dans son chant et les vertus du jazz quand il joue de l’alto, sa musique ne correspond pas, a proprement parlé, à une stricte fusion du jazz et du flamenco. Comme il s’en explique dans une interview réalisée par Jacques Pauper pour Couleurs Jazz : « Le flamenco représente mes racines. Je viens de là. Le jazz est arrivé naturellement même si je l’ai étudié dans une école, car je voulais être un bon musicien. Ce sont mes compositions qui ont des racines flamenco. » Avec son orchestre, où se sont distingués le pianiste Daniel Garcia Diego et le chanteur et danseur El Mawi de Cádiz, Lizana propose une musique créative, raffinée, venant du cœur qui en a fait, avec Jeanne Michard et Daoud, la grande révélation de ce Jammin’ Juan. 

Jeanne Michard
Antonio Lizana

On a retrouvé le mercredi soir, sur la grande scène du Palais des Congrès, ce désir de dialogue et d’ouverture à d’autres cultures avec le chanteur sénégalais et grand virtuose de la kora, Momi Maïga dont les compositions, interprétées par un orchestre réunissant autour du percussionniste catalan Aleix Tobias, le violoncelliste espagnol Marçal Ayats et le violoniste mexicain Carlos Montfort, combinent les couleurs du jazz, l’héritage musical des griots et la saveur du flamenco.

Le lendemain, le groupe Jozéfinn’ Austral View, créé en 2008 par le guitariste Jean-Pierre Jozéfinn et animé par le même esprit d’ouverture, a présenté un projet articulé autour du jazz dans lequel s’associent au travers de compositions originales les musiques de quatre parties de la zone de l’Océan Indien : La Réunion, l’Afrique du Sud, le Mozambique et Madagascar. 

Un Jammin’ Juan 2023 de qualité, mais un regret : celui d’être arrivé trop tard le mercredi 8 novembre pour entendre le quintette de Cathy Heiting et le Marco Poingt trio et d’être parti trop tôt pour assister aux concerts du vendredi 10 novembre.

Texte : Alain Tomas
Photos © Office de Tourisme et des Congrès d’Antibes Juan-les-Pins

Momi Maïga
Jozéfinn’ Austral View

Mercredi 8 novembre

Elliavir : Lou Rivaille , chant, compositions / Rémi Flambard , tp / Maxime Mary , dms /  Christophe Waldner, piano / Cyril Billot, contrebasse

Jeanne Michard Latin Quintet : Jeanne Michard, saxophone / Clément Simon, piano / Natascha Rogers, percussions / Pedro Barrios, percussions / Maurizio Congiu, contrebasse

Alba Careta Group : Alba Careta, trompette et voix / Lucas Martinez, saxophone tenor / Roger Santacana, piano / Giuseppe Campisi, contrebasse / Josep Cordobés, batterie.

Vladimir Torres, contrebasse – compositions / Martin Schiffmann, piano / Tom Moretti, batterie.

Amphithéâtre : Momi Maïga, kora et voix / Carlos Montfort, violon et voix / Aleix Tobias, batterie et percussions / Marçal Ayats, violoncelle et voix

Jeudi 9 novembre

Jad Salameh Trio : Jad Salameh, piano / Arthur Henn, contrebasse / Kevin Lucchetti, batterie

Daoud : Daoud, trompette / Etienne Manchon, claviers / Félix Robin, vibraphone / Louis Navarro, contrebasse / Guillaume Prévost, batterie

Ludovic Louis, trompette / Nicholas Vella, claviers / Anthony Jambon, guitare / Stéphane Castry, basse / Yoann Danier, batterie

Hip Horns Brass Collective : Albert Costa, trombone / Alvar Monfort, trompette / Claudia Cedeño, MC/ Alba Pujals, trombone / David Parras, sousaphone / Gregori Hollis: trompette / Martí Soler, batterie / Nil Villà, Saxophone alto

Antonio Lizana : Antonio Lizana, chant et saxophone / Daniel Garcia Diego, piano, claviers et choeurs / Shayan Fathi, batterie / Arin Keshishi, basse électrique / El Mawi de Cádiz, danse, flamenco et chœurs

JF trio : Jofre Fité, piano et clavier / Carla Gonzàlez, contrebasse et synthétiseur / Pau Gurpegui, batterie et pad

Amphithéâtre : Jozéfinn’ Austral View : Jean-Pierre Jozéfinn, guitare, voix (Île de La Réunion) / Bongani Sotshononda, marimba, voix (Afrique du Sud) / Frank Paco, batterie (Mozambique) / Andry Michaël  Randriantseva, clavier, sax ténor, voix (Madagascar) / David Félix basse (Île de La Réunion).

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