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Live reports / 09.03.2018

Jamila Woods

Épaulée par son quartet soudé, le même que lors de sa récente prestation au fameux Tiny Desk de la radio NPR, Jamila Woods est à l’aise pour explorer son premier album, le poétique, l’engagé, le vibrant “Heavn”. Une rythmique qui groove de source, une claviériste au délicat toucher de Rhodes, un guitariste véloce… Le combo distille une fragance jazz-funk qui sied bien à l’univers soul-R&B de la jeune artiste de Chicago. Mis à part quelques éclairs de disto trop invasifs, le couple souplesse-tension ainsi généré épouse habilement les contours faussement lisses d’une suite de chansons fortes. Car si le timbre un peu pincé, acidulé de Woods n’est pas sans rappeler celui d’Erykah Badu, son maniement des mots, empreint de la poésie qu’elle pratique assidûment, la rapproche davantage de Jill Scott.

 


Jamila Woods, Justin Canavan

 


Aminata Burton, Erik Hunter

 

On pense aussi à Maya Angelou de part cette volonté de célébrer non seulement la culture afro-américaine mais aussi plus largement les liens qui nous unissent, aux autres, à nos proches, à nos ascendants. Surtout, la collègue de Chance The Rapper, dont elle partage le sens de la chanson exaltante, imprime sereinement sa marque et sait faire sonner ses textes, qu'elle clame son amour envers la Windy City (LSD), qu'elle s'inspire de Nikki Giovanni (Giovanni, un nouveau titre), qu'elle fasse d'un passé et d'un présent douloureux une force (Vry blk, Blk girl soldier).

 


Erik Hunter, Ralph Schaefer, Jamila Woods

 


Ralph Schaefer, Jamila Woods, Justin Canavan

 

 

Bien vues aussi cette courte incrustation du Say my name de Destiny's Child pour introduire son In my name, et cette relecture de Sunday candy, titre qui dès 2014 faisait entendre Woods aux côtés de Chance. Et puis, comme attendu, Holy, ode intense à l'amour-propre et parfait contrepied de l'ego trip stérile, a irradié de bonnes ondes l'espace confiné du Pop-Up. Ça mériterait bien une salle de plus grande envergure et une tournée dans tout l’Hexagone.

Nicolas Teurnier
Photos © Fouadoulicious