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Hommages / 26.01.2021

James Purify (1944-2021)

Considéré par beaucoup comme l’une des plus grandes voix de la soul sudiste, James Purify n’a sans doute pas eu la carrière qu’il aurait pu avoir, même si son nom est associé à l’un des plus grands classiques du genre, I’m your puppet.

Originaire de Pensacola, en Floride, James Purify commence au milieu des années 1960 à se produire localement avec son cousin, le guitariste Robert Lee Dickey. Découvert par Mighty Sam McClain, le duo signe avec le producteur de celui-ci, Don Schroeder, qui les conduit à Muscle Shoals, avec pour projet de les enregistrer séparément. Faute de répertoire propre, Schroeder leur propose d’enregistrer une composition de Dan Penn et Spooner Oldham alors inédite, bien qu’elle ait été soumise à différents artistes, I’m your puppet. Originellement attribuée à Dickey, la chanson prend sa pleine dimension quand les deux cousins la chantent ensemble, avec Purify – qui la déteste ! – en voix principale.

Après une lutte féroce entre Atlantic et Bell, c’est sur ce dernier label que paraît en single la chanson, créditée à James & Bobby Purify. Le succès est immense, et le disque atteint non seulement la 5e place du classement R&B de Billboard mais aussi la 6e du Hot 100 ! La carrière du duo faux-fraternel est alors lancée. S’il ne retrouve pas le niveau de succès de I’m your puppet, plusieurs de leurs 45-tours, dont leur version de Shake a tail feather et Let love come between us, connaissent le succès dans les années suivantes, au point que Bell Records publie deux albums, “James & Bobby Purify” et “The Pure Sound of The Purifys – James & Bobby”. Le duo continue à se produire régulièrement jusqu’en 1971, quand des problèmes de santé contraignent Dickey à interrompre sa carrière musicale. 

https://youtu.be/r9lu5UoZj_s

James Purify continue l’aventure avec différents partenaires, jusqu’à ce qu’il rencontre un certain Ben Moore, qui devient le nouveau “Bobby Purify”. C’est à nouveau sous la houlette de Don Schroeder que le duo réinventé retourne en studio pour l’album “You & Me Together Forever”. Un single, Do your thing, connaît un petit succès en 1975, mais c’est la sortie l’année suivante d’une nouvelle version de I’m your puppet qui permet au duo de relancer sa carrière quand le single, publié par Mercury, atteint la 12e place des classements britanniques, suivi quelques mois plus tard par un dernier tube, Morning glory, extrait de l’album “Purify Bros.”, encore une fois produit par Don Schroeder.

Le duo poursuit sa trajectoire jusqu’au début des années 1980. Alors que Ben Moore poursuit sa carrière côté gospel avec un certain succès – il fait aujourd’hui partie des Blind Boys of Alabama, après avoir publié en 2005 un très bon album solo, “Better To Have It”, sous le nom de Bobby Purify –, James Puriify continue à se produire en solo tout au long des années 1980. Son parcours est interrompu à la fin de la décennie quand il est incarcéré pendant plusieurs années pour agression sexuelle sur une mineure. S’il tente ensuite de relancer sa carrière, il est de retour sous les barreaux à la fin des années 2000, cette fois-ci pour avoir agressé son ex-femme. Libéré vers 2012, il travaille un temps dans le secteur de l’aide à domicile. Ben Moore, qui se consacre désormais aux Blind Boys of Alabama, décline ses propositions de relancer le duo.

Des rumeurs de retour discographiques, toujours sous l’égide de Schroeder, se succèdent, tous les témoins confirmant que James Purify avait gardé intacte sa voix unique, si adaptée à la soul sudiste, mais aucun disque ne fait son apparition, près de 45 ans après le dernier enregistrement de James & Bobby Purify. Toujours installé à Pensacola, il continuait jusqu’à récemment à se produire localement avec un groupe gospel.

Texte : Frédéric Adrian
Photo : DR

Frédéric AdrianJames Purify