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Chroniques / 08.11.2024

James Cotton, Rocks

On peut être d’abord surpris de voir apparaître James Cotton dans cette série “Rocks” de Bear ­Family, mais l’argumentaire déployé dans le livret se tient. James Cotton a fait ses premiers enregistrements au mythique studio de Sam Phillips ; auparavant, il dit avoir coécrit avec Ike Turner, sans être crédité, la chanson Rocket 88 considérée souvent comme le premier disque rock ‘n’ roll de l’histoire, et aussi Feeling good qui deviendra un hit pour Junior ­Parker ; il assure la difficile succession de Little Walter, au moins en tournée, au sein du groupe de ­Muddy Waters ; et il est définitivement un de ceux qui ont fait entrer le blues et l’harmonica dans le monde du rock quand il a commencé à diriger des orchestres sous son nom, intégrant une bonne dose de funk, des cuivres, et jouant sur des rythmes rapides « parce que les problèmes des gens disparaissent dès qu’on commence à jouer ».

À partir de là, Bear Family compile 27 titres, depuis son premier disque sur Sun en 1953 (rappelons qu’il n’y joue pas d’harmonica) et aussi et surtout le deuxième en 1954, Cotton crop blues avec l’incroyable partie de guitare de Pat Hare. Suivent des faces Chess (en sideman) de 1958 à 1964, Capitol et ­Columbia de 1961 (ces dernières réalisées en Angleterre sous la houlette de Chris Barber, dont le trombone détonne un peu), Vanguard de 1965 à 1968, Verve de 1967 et 1968, et une rareté sur Roots en 1962-63 intitulée Three harp boogie avec James, mais aussi Billy Boy Arnold et Paul Butterfield !

En 1967 sur Verve, James exorcise tout ce qui lui a été reproché à propos de son style soi-disant rural et fruste par rapport à celui de ­Little Walter en reprenant impeccablement Off the wall. Il va effectivement souvent reprendre les morceaux des autres, les transformant toujours en brûlots rock. Superbe compilation.

Christophe Mourot

Note : ★★★★★
Label : Bear Family
Sortie : 7 juin 2024