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Live reports / 22.09.2021

J.P. Bimeni & The Black Belts, Banlieues Bleues Summer Camp

Centre Culturel Jean-Houdremont, La Courneuve, 25 juillet 2021.

« Ça va être intime ! », s’exclame J.P. Bimeni – en français dans le texte – en découvrant la petite vingtaine de personnes qui l’attend devant la scène. Peut-être pour cause de mauvais temps – prévu en plein air, l’événement a été rapatrié dans la salle du centre culturel voisin –, le concert (gratuit) organisé dans le cadre de la programmation d’été, décentralisée dans toute la Seine-Saint-Denis, de Banlieues Bleues n’a pas fait recette. Cela ne semble pas perturber le chanteur ni les Black Belts qui vont, pendant une bonne heure et quart, faire le show comme si de rien n’était. 

Après deux instrumentaux d’ouverture par les Black Belts (qui comptent pour l’occasion deux membres suppléants à la place des titulaires à la batterie et au saxophone, sans que cela ne s’entende), le chanteur débarque, comme sur l’album, avec le très efficace Honesty is a luxury. Si la configuration peut faire penser au format Daptone désormais classique, c’est plus à la soul façon Stax qu’au funk que se réfère le groupe. Avant de chanter sous son propre nom, Bimeni s’est fait une réputation, sous le pseudonyme de Mudibu, en rendant hommage à Otis Redding aux côtés du Jezebel Sextet, et la parenté vocale est effectivement présente, surtout quand il s’offre quelques « gotta, gotta » à la façon de son modèle. Mais il ne s’agit plus ici d’un tribute, et le répertoire est celui du disque paru en 2019, avec quelques reprises bien choisies et pas trop prévisibles comme le Keep on running de Jackie Edwards popularisé par le Spencer Davis Group.

Très charismatique – d’autant qu’il fait l’effort de parler en français la plupart du temps –, Bimeni n’a aucune peine à emporter l’adhésion des spectateurs et, bien que la salle sonne un peu creux, à les impliquer dans le show, tandis que l’orchestre lui assure un accompagnement solide et réactif. Une nouvelle chanson, une jolie ballade, vient confirmer les promesses du premier album. Un rappel à rallonge, avec une version théâtrale à souhait du classique deep soul Pain is the name of your game, présent sur l’album, et un très efficace Let a woman be a woman – Let a man be a man emprunté à Dyke and the Blazers vient couronner un show sans faiblesse et qui confirme la place éminente de l’ensemble sur la scène soul européenne.

Il y a les artistes qui disent « je donne autant quand il y a dix personnes dans la salle et quand il y en a 10 000 » et il y a ceux qui le font. Sans avoir besoin de se mettre en scène, J.P. Bimeni & The Black Belts confirment qu’ils font partie de ceux pour qui le respect du public a un sens, à la hauteur des guerriers du chitlin’ circuit historique. Une fois de plus, les absents ont eu tort.

Texte et photos : Frédéric Adrian

Banlieues BleuesFrédéric AdrianJ.P. Bimeni & The Black Belts