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Hommages / 20.02.2023

Ils nous quittent : Steve James, Fred White, Johnny Powers, Renée Geyer, John Fagin, Lillian Walker…

Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment.

Steve James (1950-2023)

Multi-instrumentiste spécialisé dans les instruments à cordes, de la guitare au banjo en passant par la mandoline et la steel guitar, luthier, enseignant, chanteur et auteur-compositeur : sans jamais vraiment connaître la gloire au-delà du cercle des amateurs éclairés de folk blues, Steve James a mené pendant plus de quarante ans une belle carrière dans le domaine. Originaire de New York, il découvre le blues dans la collection paternelle et apprend la guitare en autodidacte à l’adolescence.

Au début des années 1970, il s’installe dans le Tennessee, où il poursuit son apprentissage au côté du vétéran Sam McGee, ancien partenaire du pionnier country Uncle Dave Macon, puis à Memphis où il se produit en solo mais aussi aux côtés de Furry Lewis. Installé en 1977 au Texas, il y développe sa carrière, à la fois en solo et avec un petit groupe électrique auquel participe le saxophoniste Clifford Scott. Il doit attendre le début des années 1990 pour commencer à enregistrer, avec deux albums pour Antone’s en 1993 et 1994 (“Two Track Mind” et “American Primitive”) qui lui permettent de se produire en Europe (et notamment au New Morning) avec une “revue” du label.

S’il continue à enregistrer régulièrement par la suite, pour Burnside Records et Hobemian Records, il ne retrouve plus par la suite le même niveau de visibilité. Il publie en parallèle différents ouvrages et DVD pédagogiques, dont “Roots And Blues Fingerstyle Guitar Explorations”, paru en 2019. Il tourne régulièrement, y compris en Europe, mais ne semble pas être apparu en France depuis 2006. Outre ses albums personnels, il est apparu sur des disques d’Angela Strehli, Mary Flower, Gary Primich, Jesse Thomas, Candye Kane, Maria Muldaur…
Photo © Kristen Mohan

Fred White © Rob Verhorst/Redferns

Fred White (1955-2023)

Originaire de Chicago, Fred White se fait remarquer en tant que batteur alors qu’il n’était qu’adolescent et accompagne dès ses 17 ans Donny Hathaway sur scène et sur disque (“Live” et “Extension Of A Man”), ainsi que d’autres artistes dont Willie Hutch et les Voices of East Harlem. Demi-frère de Maurice White et frère de Verdine White, il rejoint en 1974 Earth, Wind & Fire, à temps pour participer aux albums “That’s The Way Of The World” et “Gratitude”.

Il reste au sein du groupe jusqu’au milieu des années 1990, apparaissant aussi bien sur ses disques que sur les projets parallèles, notamment avec les Emotions, Deniece Williams, Ramsey Lewis, Jennifer Holliday… Hors de la galaxie EWF, il accompagne sur disque Gladys Knight & the Pips, Deodato, Ronnie Foster, Ronnie Laws… Il ne semble pas avoir poursuivi une activité musicale visible après son retrait du groupe. 

Johnny Powers © Michael Ochs Archives

Johnny Powers (1938-2023)

Originaire d’East Detroit, Johnny Powers – qui fait ses débuts sous le nom plus modeste de John Pavlik – se fait remarquer sur la scène country et rock ‘n’ roll de Détroit dès son adolescence, enregistrant pour différents labels locaux dont Fortune (le classique Long blond hair, red rose lips, sur Fox Records) avant de rejoindre Sun le temps d’un single. En 1960, il signe un contrat avec Motown – il est le premier chanteur blanc à rejoindre le label, et le seul artiste à avoir travaillé pour Sun et Motown.

Bien qu’il reste sous contrat pendant cinq ans et qu’il ait enregistré plusieurs titres sous son nom (dont Is it yes or is it no coécrit et coproduit par Marvin Gaye), sa seule apparition vocale de la période est sur le Give me a kiss crédité aux Hornets. Il travaille néanmoins régulièrement en coulisse, écrivant en particulier pour Amos Milburn et tapant des pieds (!) sur le Where did our love go des Supremes.

Après son départ de Motown, il continue à travailler dans un registre soul, en tant qu’auteur et producteur pour le label Sound, où il écrit en particulier le futur classique northern des Capreez How to make a sad man glad. Il retrouve par la suite le circuit rockabilly, où il se produit très régulièrement.

Renée Geyer (1953-2023)

Considérée comme la “Queen of Soul” d’Australie, la chanteuse Renée Geyer fait ses débuts dans son pays natal au début des années 1970, d’abord avec le groupe de jazz rock Sun – rien à voir avec l’ensemble du même nom originaire de Dayton –, puis sous son nom dans un registre soul avec un répertoire reposant largement sur des classiques du genre. En 1977, son album “Moving Along” est produit par le vétéran de Motown Frank Wilson et enregistré à Los Angeles avec des pointures locales, dont James Jamerson, Nathan Watts et Ray Parker Jr.

Dans la foulée, elle s’installe aux États-Unis, mais le disque suivant, “Winning”, toujours produit par Wilson, ne lui permet pas de se faire remarquer du public américain, d’autant qu’elle entre en conflit avec sa maison de disques. Elle développe néanmoins une carrière de choriste de studio prolifique, enregistrant notamment avec Lenny Williams, Trouble Funk, June Pointer, Bonnie Raitt et Buddy Guy mais aussi, côté pop, avec Joe Cocker ou Sting. Elle continue par ailleurs à enregistrer ponctuellement sous son nom jusqu’aux années 2010 et se réinstalle en Australie, où elle poursuit sa carrière.

John Fagin (19??-2023)

Originaire de Détroit, John Fagin rejoint au début des années 1960 les Majestics, un groupe vocal qui enregistre déjà pour le label local Chex. Après avoir intégré Richard Street comme chanteur principal, l’ensemble signe avec Motown et publie en 1965 un premier single sur le label annexe V.I.P. pour lequel ils sont rebaptisés les Monitors pour éviter toute ambiguïté avec un groupe du même nom. Ils décrochent un petit succès en 1966 avec leur version de Greetings (This is Uncle Sam), une chanson créée quelque temps plus tôt par les Valadiers et qui fait référence à la guerre du Vietnam.

Malgré quelques autres singles et un album, “Greetings!… We’re The Monitors” , ils ne parviennent pas à retrouver le succès. Au départ de Street, qui rejoint les Temptations, le groupe tente de continuer, avec des enregistrements pour Roker et Buddah, mais finit par se séparer. Fagin fait partie des membres originaux qui participent au début des années 1990 à une reformation (sans Street) à l’initiative de Ian Levine, qui débouche sur un album paru sur Motorcity, “Grazing In The Grass”.

Lillian Walker (1944-2023)

Originaire du Queens, Lillian Walker fonde un groupe vocal avec trois camarades de lycée, dont Brenda Reid. Sous le nom des Masterettes, l’ensemble publie un single sur Le Sage, puis signe avec Jerry Leiber et Mike Stoller. Rebaptisé les Exciters, et avec l’intégration d’Herb Rooney à la place d’une chanteuse, le groupe publie Tell him, une chanson de Bert Berns, qui devient un immense tube aux États-Unis (4e du Hot 100) mais aussi en Europe, ce qui leur permet d’être sans doute les premiers artistes soul à se produire à la télévision française début 1963.

Sans retrouver le même niveau de réussite, les singles suivants deviennent également des tubes (He’s got the power, Blowing up my mind, Do-wah-diddy…), et le quatuor est une des premières parties de la première tournée américaine des Beatles en 1964. Le groupe passe ensuite sur Roulette, puis Bang, Shout et RCA, avec un succès décroissant. Lillian Walker quitte le groupe au début des années 1970 pour reprendre ses études, mais retrouve ponctuellement la scène par la suite, souvent dans le cadre de programmes consacrés aux “girl groups” historiques.

Top Topham (1947-2023)

Originaire de la banlieue de Londres, Anthony “Top” Topham monte son premier groupe, les Yardbirds, avec un camarade de classe, le guitariste Chris Dreja, alors qu’il est encore adolescent. L’ensemble ne tarde pas à se faire remarquer dans les clubs de la scène blues naissante, mais les parents de Topham, qui est encore mineur, refusent qu’il passe professionnel, et il est remplacé par Eric Clapton au moment des premiers disques.

Il reprend sa carrière à l’issue de ses études, jouant en particulier avec Duster Bennet avant de rejoindre le label Blue Horizon où il grave son propre album, “Ascension Heights”, et accompagne sur disque Bennett et Christine Perfect avant que des problèmes de santé l’amènent à renoncer à l’industrie musicale. Il fait son retour à la fin des années 1980 en association avec l’ancien batteur des Yardbirds Jim McCarty. Il apparaît sur des disques de Dave Peabody et Bob Hall et retrouve même pendant quelques mois les Yardbirds au début des années 2010. Ses enregistrements personnels ont été compilés en 2008 sous le titre “The Complete Blue Horizon Sessions”.

Craig Horton (1939-2023)

Originaire d’Arkansas, Craig Horton découvre la guitare par le biais de sa grand-mère, qui en joue à l’église. Devenu musicien professionnel, il se produit en tournée ainsi qu’à Chicago, où il intègre notamment l’orchestre de Little Walter ainsi que celui des Dells et enregistre en 1961 avec Jump Jackson et Bill Warren, avant de s’installer à Oakland où il se produit régulièrement dans les clubs locaux. Il joue au sein d’un San Francisco Blues Band auquel appartient également Sam Myers (un album éponyme en 1982 sur TJ Records) puis d’un Mississippi Delta Blues Band toujours emmené par Myers (un album en 1986 pour le même label). Paru en 2001 et produit par Rusty Zinn, “In My Spirit” lui vaut le prix du meilleur premier album de l’année par Living Blues, mais sa discographie personnelle s’arrête avec son album suivant, “Touch Of The Bluesman”. Il était apparu en 2002, avec succès, en ouverture de la regrettée Blues Estafette.

George White (19??-2022)

Membre des Dynamics, George White participe aux différents singles du groupe basé à Détroit pour différents labels locaux puis, sous la houlette de Pied Piper Productions, pour RCA. Pris en charge par Ted White, le mari d’Aretha Franklin, le groupe publie un premier album pour Cotillion à la fin des années 1960, puis quelque temps plus tard pour Black Gold Records. Si la carrière discographique du groupe s’arrête à la fin des années 1970, il continue à se produire ensuite. 

Gordy Hamon (19??-2022)

Membre fondateur des Whispers, Gordy Hamon participe à leurs différents enregistrements pour Dore, Soul Clock et Janus, apparaissant notamment sur les “Planets Of Life”, “Life And Breath” et “The Whispers’ Love Story” et contribuant à l’écriture de plusieurs titres parus en 45-tours dont Needle in a haystack et As I sit here. Blessé au larynx dans un accident de voiture en 1973, il est contraint de quitter le groupe et de renoncer à sa carrière musicale. 

Keith Beaton (1950-2023)

Basé à Philadelphie, Keith Beaton est membre d’un groupe local, Shades of Love, quand leur label décide de faire de l’ensemble la nouvelle version de Blue Magic aux côtés du chanteur Ted Mills, les autres membres du groupe original ne souhaitant pas poursuivre l’aventure après le premier single, Spell. Il participe ensuite à la carrière de Blue Magic, indépendamment des différents changements de composition du groupe, jusqu’à sa séparation officielle à la fin des années 1980, apparaissant sur l’ensemble de leurs succès et co-signant quelques titres. Il mène ensuite sa propre version de Blue Magic sur le circuit de la nostalgie avec son collègue Wendell Sawyer. 

Sonny Baker (19??-2023)

Quelques semaines après George White, c’est au tour de Sonny Baker, le dernier membre original survivant des Dynamics, de décéder. Outre sa participation aux différents disques du groupe, dont il co-signe plusieurs titres, Baker a co-écrit quelques chansons pour Carol Anderson, The Hesitations, Lawrence & Jaibi… 

Jerry Blavat (1940-2023)

Originaire de Philadelphie, Jerry Blavat est dès son adolescence – il fait partie des danseurs réguliers d’American Bandstand dès l’âge de 13 ans ! – une figure de la scène médiatique de la ville, animant au fil des années différentes émissions de télévision et de radio et participant largement à la popularisation des musiques afro-américaines. Surnommé “The Geator with the Heater”,  il se spécialise dans les “oldies” et organise régulièrement de grands concerts auxquels participent régulièrement les légendes de la soul, du R&B et du doo-wop.

Sonny Hopson (1937-2023)

Animateur très influent sur les ondes de Philadelphie à partir des années 1960, surnommé “The Mighty Burner”, Sonny Hopson joue un rôle majeur sur la scène musicale de la ville, assurant notamment le management d’artistes comme Herb Ward, The Emanons, Fantastic Johnny C, The Cooperettes, Ann Robinson, George Freeman, Charles Earland… Il publie en 1970 son propre album, “Life & Mad”, sur lequel il est accompagné par Charles Earland et dirige son label, All Brothers. Une de ses émissions de 1969 a été publiée en CD par Philly Archives sous le titre “Original 1969 Philadelphia AM Radio Broadcast”. 

Dave Jolicoeur (1968-2023)

Également connu sous les pseudonymes de Trugoy the Dove et Plug 2, Dave Jolicoeur était un des trois membres fondateurs du trio hip hop De La Soul, apparaissant sur l’ensemble des disques du groupe.

Bruce Gowers (1940-2023)

Spécialisé dans les émissions musicales, le réalisateur de télévision britannique Bruce Gowers a dirigé de nombreux clips, notamment pour Chaka Khan, Rose Royce, Peaches & Herb, Michael Jackson, Prince, Whitney Houston…

Bobby Starr (1937-2022)

Originaire de Baltimore, dans le Maryland, Robert Ferguson – qui adopte vite le pseudonyme plus spectaculaire de Bobby Starr – se produit avec différents groupes vocaux locaux avant de faire ses débuts discographiques sous le nom de Bobby Starr and The Versatiles à la fin des années 1960. Au début des années 1970, il remplace Samuel “Little Sonny” Brown en tant que chanteur principal des Intruders, apparaissant notamment sur l’album “When We Get Married” ainsi que lors de l’apparition du groupe dans l’émission Soul Train. Little Sonny revient au sein du groupe dès 1972, mais Starr participe à la reformation du groupe dans les années 1980 et participait encore il y a quelques mois à ses prestations sur le circuit de la nostalgie.

Levi Lloyd (19??-2023)

Originaire de Virginie, c’est à Oakland, en Californie, que le chanteur et guitariste mène la plus grande partie de sa carrière, souvent en parallèle avec un “day job” de travailleur social. Outre ses concerts avec son propre groupe, il a accompagné sur scène John Lee Hooker et Joe Louis Walker, avec qui il a tourné en Europe en 2000. 

Pete Whelan (1929-2023)

Originaire de New York, Pete Whelan découvre le jazz et le blues à l’adolescence et commence une collection de disques qu’il poursuivra toute sa vie. Avec Bill Givens, il fonde au début des années 1960 le label Origin Jazz Library, qui propose des rééditions de classiques du blues des années 1920 et 1930, avec des albums consacrés à Charley Patton et Crying Sam Collins, ainsi que différentes anthologies thématiques. Il quitte l’aventure au bout de quelques années pour se concentrer à une revue, 78 Quarterly, qu’il lance en 1967 et qui se consacre, comme son nom l’indique, aux disques 78-tours, avec un fort accent sur le blues et le jazz. Deux numéros paraissent initialement, suivis d’une nouvelle série deux décennies plus tard dans le même format avec des sorties régulières jusqu’en 2005. 

Phil Spalding (1957-2023)

Originaire de Londres, Phil Spalding est apparu en tant que bassiste sur de nombreux albums, jouant notamment avec Terence Trent D’Arby, Ray Charles, Randy Crawford, Beverley Knight…

Joe Collier (19??-2023)

Originaire d’Augusta, en Géorgie, le trompettiste Joe Collier est repéré en 1980 alors qu’il joue dans un club local par James Brown, qui lui propose de rejoindre son orchestre, où il passe plus de deux décennies. S’il n’apparaît que ponctuellement sur les disques studio (“Love Over-Due” en 1991), il figure sur plusieurs enregistrements live, dont celui de Montreux en 1981 et celui de Chastain Park en 1985. Il enregistre également avec différents projets parallèles : les G.A.’s du batteur Tony Cook et une J.B.’s Reunion de 1999. Après le décès de Brown, il se produit avec la version des JB’s qui tourne régulièrement en France et en Europe.

Textes : Frédéric Adrian

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