Jean Knight (1943-2023)
27.11.2023
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Francis Rocco Prestia (1951-2020)
Né à Sonora, en Californie, Francis Rocco Prestia est encore adolescent lorsqu’il rejoint, à la fin des années 1960, le groupe monté par son ami, le saxophoniste Emilio Castillo, initialement baptisé the Motowns. Initialement guitariste, il passe à la basse, alors que le groupe se rebaptise Tower of Power, et forme avec le batteur David Garibaldi une paire rythmique propulsive qui permet à l’ensemble, à partir de son premier album éponyme paru en 1970, de s’inscrire dans l’élite de la scène funk fort compétitive de la Bay Area. Malgré une pause de quelques années, c’est au sein de Tower of Power que Prestia passera la quasi-totalité de sa carrière : ses quelques participations extérieures s’inscrivent généralement dans le cas de projets annexes de membres du groupe, et son seul album personnel, paru en 1998, accueille plusieurs de ses collègues…
S’il n’a, faute de carrière personnelle, jamais acquis la réputation d’autres praticiens de l’instrument comme Larry Graham ou Bootsy Collins, son approche de la basse, reposant sur un jeu très rapide, et son entente quasi télépathique avec Garibaldi à la batterie ont été une influence majeure sur de nombreux musiciens. Des problèmes de santé récurrent l’avaient éloigné régulièrement de la scène depuis deux décennies, et il avait pris la décision de s’en retirer définitivement il y a deux ans, même s’il continuait à enregistrer avec le groupe jusqu’au dernier album, paru il y a quelques mois.
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David Sanders (1943-2020)
Membre fondateur des Masqueraders, qu’il avait rejoint alors que le groupe s’appelait encore les New Drifters, David “Cowboy” Sanders – qui devait son surnom à son goût pour le look western, peut-être une conséquence de ses origines texanes – avait suivi tout le parcours de l’ensemble, de ses débuts sur le micro label texan MK jusqu’à sa retraite il y a quelques années. Il apparait notamment sur les tubes I ain’t got to love nobody else et I’m just an average guy, tous deux gravés dans les studios American de Chips Moman à Memphis, mais aussi sur les nombreux singles (et plus rares albums) enregistrés jusqu’au début des années 1980 et parus sur différents labels : Soultown à Houston, La Beat à Détroit, Wand et Bell à New York, AGP (le label de Chips Moman), HBS (celui d’Isaac Hayes) et Hi à Memphis…
Avec ses collègues, il assure également régulièrement les chœurs pour d’autres artistes comme Arthur Conley, Wilson Pickett, Isaac Hayes, J. Blackfoot, Shirley Brown, Lynn White ou James Carr. Il contribue également à l’écriture de quelques titres pour le groupe, mais aussi pour Bobby Womack et The Nat Turner Rebellion. S’il ne semble pas avoir enregistré sous son nom, il chante au cours des années 1980, alors que les Masqueraders sont en “pause”, avec son propre groupe, Bexar Street, mais retrouve dès la décennie suivante ses camarades pour un come-back qui passe notamment par des prestations régulières au Blues City Café de Beale Street. Particulièrement maltraités par les rééditions, les Masqueraders n’ont aujourd’hui qu’un seul disque disponible facilement, la réédition par Ace de leur album “Everybody Wanna Live On”, mais l’anthologie “Unmasked: The Best Of The Masqueraders 1965-1972”, parue en 2004 sur Grapevine, mérite d’être recherchée.
Charles Patrick (1938-2020)
Originaire de Newark dans le New Jersey, Charles Patrick fait ses débuts dans le New Hope Baptist Choir, dirigé par Cissy Houston, avant de monter, avec quelques camarades de chorale, un groupe vocal séculier, baptisé les Monotones. Remarqué à la télévision en 1956 quand il remporte l’Amateur Hours de Ted Mack – le même concours qu’avait remportée quelques années plus tôt Gladys Knight –, le sextet, au sein duquel Charles Patrick assure les fonctions de principal soliste, fait ses débuts discographiques à la fin de l’année suivante avec Book of love, une composition de Patrick avec deux autres membres du groupe, qui paraît sur le petit label new-yorkais Mascot. Le succès est immédiat, et le disque, qui atteint la 3e place du classement R&B et la 5e du Hot 100, est vite republié sur Argo, une filiale de Chess.
Aucun des singles suivant, parus sur Argo puis chez Hull dans un registre souvent proche de la “novelty”, ne parvient à retrouver le succès, et le groupe se sépare une première fois au tout début des années 1960, avant de se reformer régulièrement à partir de la décennie suivante pour écumer le circuit de la nostalgie. S’il est des premières réunions, des problèmes de santé interdisent à Charles Patrick de chanter régulièrement, et il n’apparaît plus avec le groupe dès les années 1980. Plus de soixante ans après sa sortie, néanmoins, Book of love, le seul succès du groupe, reste un standard incontesté du doo-wop, régulièrement repris et compilé, et un marqueur du son des années 1950 fréquemment utilisé par le cinéma, d’American Graffiti à Stand by Me, et donne même son titre à un film de 1990.
Danny Webster (19??-2020)
Membre fondateur du groupe Slave, une des figures majeures de la scène funk bouillonnante de Dayton dans l’Ohio dans les années 1970 et 1980, le chanteur et guitariste Danny Webster en est la voix principale sur les premiers albums de l’ensemble, parus sur Cotillion à partir de 1977 (le tube Slide) avant de passer le relais aux nouvellement arrivés Steve Arrington and Starleanna Young, alors que le son du groupe évolue sous l’influence d’Arrington. Resté actif au sein de Slave pendant cette période – outre la guitare, il contribue à l’écriture du répertoire –, il reprend son poste de chanteur principal au départ d’Arrington et participe à tous les albums du groupe jusqu’au début des années 1990, même lorsque le succès commercial s’éclipse. Il se produisait encore récemment sur le circuit de la nostalgie avec une version du groupe.
Pamela Hutchinson (1958-2020)
Dernière des filles du pasteur Joe Hutchinson, Pamela Hutchinson est trop jeune pour participer avec ses sœurs Wanda, Sheila et Jeanette aux Hutchinson Sunbeams, le groupe gospel familial qui devient à la fin des années 1960 les Emotions et enregistre pour Stax puis Columbia. Elle rejoint cependant le trio ponctuellement en 1977, lorsque sa sœur Jeanette s’absente quelques mois pour cause de maternité, et participe à l’album “Rejoice” paru cette année-là. Si elle continue occasionnellement à collaborer avec ses sœurs – elle co-écrit un titre sur l’album “Sunbeam” et chante occasionnellement avec Wanda, en particulier sur le disque “Electric Universe” de Earth, Wind and Fire –, il faut attendre le début des années 2000 et la retraite de Jeannette pour qu’elle rejoigne à nouveau l’ensemble à temps plein. À ce moment-là, l’essentiel de la carrière du groupe se situe sur le circuit de la nostalgie, mais le trio s’offre quelques apparitions de prestige sur disque, aux côtés notamment d’Earth, Wind and Fire, Snoop Dogg et, plus récemment, Terrace Martin.
Georgia Dobbins (19??-2020)
Membre fondatrice, avec ses camarades de lycée Gladys Horton, Georgeanna Tillman, Katherine Anderson et Juanita Cowart, des Marvelettes, Georgia Dobbins est aussi l’autrice, avec son ami William Garrett (futur auteur de chansons de son côté pour différents artistes de la scène soul de Détroit), de la première chanson originale du groupe, Please Mr. Postman, qui permet au groupe de décrocher son contrat avec Motown. Mise en forme avec l’aide de Freddie Gorman, Brian Holland et Robert Bateman, le titre est le premier single des Marvelettes, paru en 1961, et monte jusqu’au sommet du classement pop de Billboard, une première pour le label. Devenu un standard, il est largement repris, notamment par les Beatles (dès 1962) et les Carpenters, qui le ramènent à la première position des hit-parades dans les années 1970. Dobbins ne profite cependant pas cette popularité : son père refusant qu’elle se produise dans des clubs, elle a quitté le groupe, remplacée par Wanda Young, avant que celui-ci n’entre en studio et poursuit ensuite une carrière en dehors du monde de la musique.
Barry St. John (1943-2020)
Choriste de luxe de la scène britannique, pour Pink Floyd, Elton John ou Johnny Hallyday – mais aussi Alexis Korner, Long John Baldry, Duster Bennett et James Hunter –, la chanteuse écossaise avait gravé pendant les années 1960 une série de 45-tours, parfois influencés par la soul avec notamment des reprises de Cry to me et Cry like a baby ou un Gotta brand new man sous influence James Brown. Largement ignorées à l’époque, ces faces ont acquis une certaine popularité sur la scène northern soul.
Rudy Clark (1935-2020)
Auteur-compositeur prolifique, Rudy Clark est notamment l’auteur des classiques If you gotta make a fool of somebody (crée par le chanteur James Ray, dont il a largement contribué à lancer la brève carrière), The shoop shoop song (It’s in his kiss) (Merry Clayton, puis Betty Everett, Linda Lewis et bien d’autres, dont Aretha Franklin), Good lovin’ (les Olympics, puis les Young Rascals) et Everybody plays the fool (The Main Ingredient puis Aaron Neville). Ses chansons ont été enregistrées, entre autres, par Jackie Shane, Sarah Vaughan, King Curtis, Brook Benton, les Drifters, Ben E. King, Chuck Jackson, Carol Fran, Mary Wells, Maxine Brown, Hank Ballard, les Dells, Louis Jordan, Vernon Garrett, Eddie Floyd, Wilson Pickett, les Sweet Inspirations, les Chamber Brothers, LaBelle, Bonnie Raitt, les JB’s…
Bruce Williamson (1970-2020)
Originaire de Californie, Bruce Williamson se fait remarquer à Las Vegas au sein de groupes de reprises avant de rejoindre les Temptations en 2005. Il y reste jusqu’en 2016, participant à de nombreux concerts et à deux albums, “Back to Front” et “Still Here”.
Mac Davis (1942-2020)
S’il a mené, du début des années 1970 au milieu des années 1980, une carrière d’interprète à succès dans le milieu country, Mac Davis a également été, dès les années 1960, un auteur-compositeur prolifique. Popularisée par Elvis Presley – pour lequel il a écrit plusieurs autres titres, dont Memories et A little less conversation –, In the ghetto est devenu un classique multi-repris, notamment par Candi Staton, qui en donne ce qui est sans doute la version de référence côté soul, mais aussi, entre autres, par Solomon Burke (produit par Davis lui-même), Joe Simon et Bobby Bland. Ses chansons ont par ailleurs été enregistrées par les Tams, Lou Rawls, Delaney & Bonnie, Johnnie Taylor, OC Smith, Brook Benton Donny Hathaway, Clarence Carter, les Originals, Millie Jackson, Louis Jordan, Eddie Kendricks, Keb Mo et bien d’autres.
Al Kasha (1937-2020)
Habitué du Brill Building, l’auteur-compositeur, lauréat de deux Oscars, avait notamment écrit pour Jackie Wilson, Aretha Franklin, Erma Franklin, Carolyn Franklin, les Shirelles et les Four Tops…
Textes : Frédéric Adrian