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Hommages / 27.04.2023

Ils nous quittent : Otis Redding III, Ahmad Jamal, Peggy Scott-Adams, Sweet Charles Sherrell, David Dee, Peter “Chuck” Badie, Kidd Jordan, Lawrence Ardoin…

Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment.

Otis Redding III (1963-2023)

Pas facile de faire carrière dans la musique quand son père est une légende de la soul… Né quatre ans à peine avant l’accident fatal, Otis Redding III monte son premier groupe, The Reddings, au milieu des années 1970 avec son frère Dexter et leur cousin Mark Lockett. À la fin de la décennie, le trio signe avec un label annexe de CBS, Believe In A Dream. Le premier album, “The Awakening”, sort en 1980, suivi par trois autres disques pour la même maison de disque puis par deux pour Polydor.

Plusieurs de leurs singles, dont Remote control et Calm the law, entrent dans le classement R&B de Billboard, et leur version du (Sittin’ on) The dock of the bay paternel entre même dans le Hot 100. Il écrit également The smurf, qui devient un petit succès pour Tyrone Brunson. Si l’aventure des Reddings s’arrête à la fin des années 1980, Otis III continue à travailler dans le monde de la musique, intégrant l’orchestre d’Eddie Floyd dans les années 1990 et tournant régulièrement sous son nom, bien souvent pour des concerts hommages.

Photo d’ouverture © Alain Jacquet

© CBS Photo Archive

Ahmad Jamal (1930-2023)

Figure majeure de la scène jazz de la fin des années 1950 aux années 2010, originaire de Pittsburgh en Pennsylvanie, Ahmad Jamal s’impose tout au long des années 1960 comme un des grands explorateurs du piano dans un contexte jazz – une étiquette à laquelle il préfère celle d’American Classical Music – avec une série d’albums publiés sur Argo puis Cadet, deux filiales de Chess.

Dans les années 1970, il se tourne vers un registre plus électrique et vers le Rhodes. Un peu oublié, il fait son grand retour, dans une esthétique plus proche de celle de ses débuts, dans le courant des années 1990 et s’impose comme le musicien majeur qu’il a toujours été auprès d’un large public, qui l’acclame généreusement lors de ses concerts réguliers, notamment dans le cadre des festivals du genre.

Peggy Scott-Adams (1948-2023)

Originaire de Opp dans l’Alabama, Peggy Stoutmeyer grandit à Pensacola en Floride. Elle est encore adolescente quand elle commence à tourner aux côtés de Ben E King avant que le producteur Huey Meaux ne la remarque et l’associe au chanteur Jo Jo Benson – qui a dix ans de plus qu’elle. Rebaptisé Peggy Scott & Jo Jo Benson, le duo se spécialise dans les chansons romantiques, et décroche une série de succès sur le label SSS International en 1968 et 1969  avec Lover’s holiday, Pickin’ wild mountain berries, Soulshake et I want to love you baby, qui se classent aussi bien dans le hit parade pop que côté R&B. Scott publie également quelques disques sous son nom. Malgré deux albums sur SSS International et un transfert sur Atco, le succès est éphémère et le duo se sépare dès 1971.

Jusqu’aux années 1980, Scott tente de lancer une carrière solo qui ne décolle pas vraiment, malgré un album pour Polydor gravé dans les studios de Malaco. Des retrouvailles avec Jo Jo Benson le temps d’un album en 1984 sont également un échec, et Scott se contente de chanter dans les clubs de Pensacola avant de s’installer à Compton, en Californie, où elle travaille dans l’entreprise de pompes funèbres de son mari. 

C’est une rencontre avec le producteur Jimmy Lewis, collaborateur régulier de Ray Charles notamment, qui la convainc de tenter de relancer sa carrière, d’abord avec un duo avec Ray Charles lui-même, sur l’album “Would You Believe ?” de 1990, puis avec un album, “Help Yourself” , enregistré à l’économie dans un registre de soul sudiste synthétique et publié en 1997 sur le label de Lewis, Miss Butch. Si l’album proprement dit n’est pas particulièrement remarquable, le premier single qui en est extrait devient un improbable succès, qui s’échappe vite des radios blues sudistes auxquelles il avait été adressé pour devenir un phénomène dans tout le Sud puis dans tout le pays, au point d’accéder au classement pop de Billboard et de faire l’objet d’un article dans le Washington Post.

Formellement, la chanson, intitulée Bill et signée par Lewis, est une  “cheating song” assez classique, jusqu’au “twist” du refrain : c’est en effet avec un homme que le mari de la chanteuse la trompe ! Le résultat est assez consternant, avec ses paroles teintées d’homophobie ordinaire, mais l’effet novelty fonctionne à plein, permettant à Scott-Adams (qui a ajouté le nom de son mari au sien) de devenir une vedette du circuit de la soul sudiste et d’enregistrer plusieurs albums pour Miss Butch Records sans jamais recapturer, malgré différentes tentatives, l’air du temps comme l’avait fait Bill. Peut-être lasse des provocations faciles, c’est dans un registre gospel qu’elle enregistre ensuite. Elle se produit dans le circuit soul sudiste jusqu’en 2017, avant de se retirer de l’industrie musicale. 

Sweet Charles Sherrell (1943-2023)

Originaire de Nashville, Charles Sherrell ne tarde pas à se faire remarquer dans les clubs locaux, croisant notamment Jimi Hendrix, Billy Cox et Curtis Mayfield, qui, selon la légende, lui aurait donné des cours de guitare en échange du fait de laver sa voiture ! Passé à la basse, il intègre les King Kasuals de Johnny Jones, puis, à l’été 1968, l’orchestre de James Brown, avec lequel il grave quelques titres majeurs comme Say it loudI’m black and I’m proud, Give it up or turnit a loose, Mother popcorn (You got to have a mother for me), Ain’t it funky now… Il participe également aux disques de l’entourage, et en particulier au “Live And Lowdown At The Apollo”.

Il fait partie des “dissidents” qui quittent le groupe au début des années 1970, participant à l’aventure Maceo & All The King’s Men, mais ne tarde pas à revenir au bercail, devenant en 1976 le directeur musical de Brown, une fonction qu’il occupe jusqu’au milieu des années 1990. Il apparaît ainsi sur The Payback et sur différents titres des JB’s (It’s Not The Express) It’s The J.B.’s Monaurail, où il est aux claviers, Breakin’ Bread où il est à la guitare…), de Bobby Byrd, de Hank Ballard, et des différentes chanteuses de la revue, dont Martha High, Lyn Collins et Marva Whitney.

Il publie même une poignée de singles et un album, “For Sweet People”, sous son nom. Après avoir quitté l’orchestre de Brown, il s’installe en Europe et collabore avec différents groupes locaux, tout en croisant occasionnellement  sur disque ou sur scène la route d’anciens collègues comme Maceo Parker ou Pee Wee Ellis. Il se produit également sous son propre nom et publie un album personnel, “Universal Love”.

David Dee (1938-2023)

Né à Greenwood dans le Mississippi, David Eckford s’installe à East St. Louis dans son enfance et c’est dans les clubs de la ville qu’il fait ses premières armes musicales avec le groupe local David and the Temptations. S’il intègre ponctuellement, en tant que bassiste, les groupes d’Howlin’ Wolf et d’Albert King et écrit pour Little Milton (Just one step), c’est sous l’égide d’une autre légende locale, le saxophoniste Oliver Sain qu’il fait ses débuts discographiques à la fin des années 1968, et c’est celui-ci aussi qui co-écrit, co-produit et publie sur son label Vanessa le principal titre de gloire de Dee, Going fishing, qui sort en single en 1981 et devient un tube dans tout le Sud. Cela lui permet de publier son premier album, intitulé sans grande surprise “Going Fishing”, puis de graver plusieurs autres disques dans le même registre pour Edge Records et pour Ichiban – où son album, publié en 1991 s’appelle… “Goin’ Fishin’” !

Si sa carrière discographique s’essouffle par la suite, faute de réussir à donner suite à son tube, il continue à se produire régulièrement à East St. Louis et dans les environs. avec son Hot Tracks band et avec sa revue “à l’ancienne” dans laquelle ses filles jouent un rôle majeur, tout en travaillant à comme ouvrier sur des chantiers puis au sein des services de police de sa ville. Il s’était produit en Europe en 1993, passant notamment par le jazz club de l’hôtel Méridien à Paris et par le Blues Estafette d’Utrecht. 

Peter “Chuck” Badie (1925-2023)

Né à La Nouvelle-Orléans, Peter Badie grandit entouré de musique, avec un père saxophoniste qui joue avec l’Eureka et l’Olympia Brass Band. Soldat pendant la Seconde Guerre mondiale, il profite du GI Bill pour faire des études à la Grunewald School of Music et ne tarde pas à devenir un habitué de la scène du Dew Drop Inn. Au début des années 1950, il intègre l’orchestre de Roy Brown, puis ceux de Paul Gayten et Dave Bartholomew. C’est avec eux qu’il fait ses débuts en studios, apparaissant notamment sur le Creole Gal de Paul Gayten & Annie Laurie et le Stack-A-Lee d’Archibald ainsi que sur des faces Atlantic de Big Joe Turner.

En 1954, il rejoint l’ensemble de Lionel Hampton, avec lequel il tourne et enregistre régulièrement, apparaissant notamment à l’Olympia en 1956. De retour à La Nouvelle-Orléans, il intègre l’American Jazz Quintet dirigé par Ellis Marsalis, puis participe à l’aventure All For One (AFO) Records lancée par Harold Batiste. Pionnier de l’utilisation de la basse électrique à La Nouvelle-Orléans, il participe à de nombreuses séances, apparaissant sur des tubes et des classiques d’Aaron Neville (Tell it like it is), Clarence “Frogman” Henry ((I don’t know why) But I do), Ernie K-Doe (Mother-in-law), Lee Dorsey (Ya ya), Barbara George (I know (You don’t love me no more)), Eddie Bo, Prince Lala, Willie Tee, Tami Lynn, Jesse Hill, Irma Thomas, Benny Spellman, Chris Kenner…

Il rejoint ensuite pendant dix mois, jusqu’au décès de l’intéressé, le groupe de Sam Cooke qu’il accompagne aussi bien sur scène qu’en studio, sur ses propres enregistrements (Meet me at Mary’s place, Ain’t that good news, Tennessee Waltz et A change is gonna come, dont il écrit l’introduction) et sur ses productions pour son label (les Soul Stirrers, L.C. Cooke).  De retour à La Nouvelle-Orléans au décès de Cooke, il continue à jouer et à enregistrer.

Sa santé l’éloigne quelque temps du monde de la musique dans les années 1970, mais il est de retour dès la décennie suivante, intégrant notamment un temps le groupe de Dr. John et jouant avec d’autres vétérans au sein des New Orleans Jazz Wizards. À partir de 1994, il se produit chaque samedi soir au Palm Court Jazz Café, avant de prendre une retraite méritée il y a quelques années.

Kidd Jordan (1935-2023)

Figure majeure de la scène jazz moderne de La Nouvelle-Orléans, le saxophoniste Kidd Jordan n’en a pas moins croisé la route de nombreux artistes blues et R&B. Né à Crowley en Louisiane, il est influencé dans sa jeunesse aussi bien par le blues et le zydeco qu’il entend autour de lui que par la musique de Charlie Parker et d’Ornette Coleman. Il s’installe à La Nouvelle-Orléans en 1955 et commence à accompagner sur scène et sur disques les vedettes de la scène R&B locale et de passage sur scène et en studio, apparaissant notamment sur des disques de Larry Williams, Professor Longhair, Earl King (Come on)…

Tout en continuant ponctuellement à assurer des séances (pour Johnny Adams, Walter Wolfman Washington… mais aussi des groupes pop REM), il développe son œuvre dans le registre jazz, avec un goût particulier pour la musique improvisée, et collabore en particulier avec Alain Silva, William Parker et Hamid Drake. Il mène en parallèle une carrière d’enseignant, notamment à l’université, et a parmi ses élèves Donald Harrison, Branford Marsalis et Charles Joseph, futur co-fondateur du Dirty Dozen Brass Band… 

Lawrence Ardoin (1946-2022)

Lawrence Ardoin est né le 17 novembre 1946 à Durald en Louisiane. Dans les années 1960, il joue de la batterie dans l’orchestre de son père, l’accordéoniste Alphonse “Bois Sec” Ardoin.

Au début des années 1970, son frère Gustav prend la tête de la formation, mais son décès brutal en 1975 dans un accident de voiture impose à Lawrence de passer à l’accordéon et de prendre la direction des Ardoin Brothers. C’est dans ce contexte qu’il est enregistré pour la première fois en 1976 par Nick Spitzer (anthologie “Zodico” pour le label Rounder). 

En 1983, Alan Lomax le filme avec son orchestre comprenant le remarquable violoniste Ed Poullard. Il interprète le classique Joe Pitre à deux femmes. Un an plus tard, c’est au tour de Chris Strachwitz de l’enregistrer avec cette même formation pour son label Arhoolie. Le LP “Black Ardoin and his French Band” reste aujourd’hui une référence pour les amateurs des musiques créoles rurales louisianaises. Lawrence alterne morceaux traditionnels (Cofaire, Midland two step), compositions personnelles (The lonely waltz, Bayou 2 step), zydeco (Every now and then), blues (Talk to your daughter de JB Lenoir) et Swamp pop (Matilda). Pour l’anecdote, on y trouve Sean Ardoin, jeune adolescent, au saxophone. 

En 1990, le groupe, accompagné de “Bois Sec” Ardoin, du violoniste Canray Fontenot et d’un tout jeune Chris Ardoin, se produit au Carnegie Hall de New York. L’année suivante sort le disque “Lawrence Ardoin & Lagniappe” sur le label Maison de Soul. Lawrence y joue occasionnellement de l’accordéon, mais ce sont ses fils qui sont mis en valeur. En témoigne la pochette montrant une photo de Chris tout juste âgé de 10 ans. 

De fait, désormais localisé à Lake Charles, Lawrence se consacre alors prioritairement à la promotion de la carrière de ses fils. Sous son management, Chris et Sean gravent une œuvre remarquable pour Maison de Soul et Rounder sous le nom de Chris Ardoin & Double Clutchin’. Au côté de pièces typiques du nouveau zydeco, le père veille à ce que sa progéniture garde une partie de son répertoire traditionnel avec des morceaux comme Ardoin two step (en fait le classique Amede two step) ou Dimanche après midi

Son rôle comme promoteur d’évènements est aussi remarquable : concerts, trail rides, Mardi Gras, chicken run, festivals. Selon le réalisateur Robert Mugge, c’est lui qui organise en 1993 la première bataille au Habibi Temple à Lake Charles entre Beau Jocque et Boozoo Chavis, immortalisée dans le film Kingdom of Zydeco. À cette occasion, on peut l’entendre annoncer le concert de Beau Jocque sur le disque “Give Him Cornbread, Live!” paru en 2000 (Rounder).

Sa dernière participation discographique date de 2013 avec la réalisation de Creole United, projet initié par Sean Ardoin et le Californien Andre Thierry, réunissant trois générations de musiciens. Dans ce disque intitulé “Non Jamais Fait”, Lawrence retrouve Edward Poullard et est associé à Jeffery Broussard et aux jeunes pousses Rusty Metoyer et Kaleb Leday. 

Désormais patriarche de la famille Ardoin, Lawrence a souvent été sollicité pour parler de la saga familiale et de la culture créole. Ainsi, il apparaît dans le film de Robert Mugge Zydeco Crossroads (2015) et plus récemment dans le documentaire Lawrence & Sean Ardoin the Ardoin Music Legacy réalisé par le Louisiana Office of Cultural Development (2022). Avec sa disparition, c’est une page importante de la culture créole qui s’est tournée.

Curtis Johnson (19??-2023)

Originaire de Memphis, Curtis Johnson est encore au lycée quand il monte avec quelques camarades un groupe vocal, les Duntinos. Remarqué par Rufus Thomas, le groupe l’accompagne en tournée sur le chitlin’ circuit, mais aussi en studio, pour le label Satellite, assurant les chœurs sur quelques titres pour lui et sa fille Carla.

C’est pour ce même label qu’ils font leurs débuts discographiques en 1961, rebaptisés les Chips en clin d’œil au producteur Chips Moman. Johnson est l’auteur et la voix principale du titre de face A, You make me feel so good. Quand Satellite devient Stax, les Chips deviennent les Astors, enregistrant une série de singles pour le label jusqu’en 1967 et décrochant un petit tube en 1965 avec Candy. Le groupe tourne également régulièrement avec d’autres artistes du label, apparaissant en particulier à l’été 1965 au 54 Ball-room de Los Angeles avec Booker T & The MGs, William Bell, les Mad Lads, les Mar-Keys et Rufus et Carla Thomas (des extraits sont publiés par Ace au début des années 1990 sous le titre “Stax Revue Live At The 5/4 Ballroom”).

Si le parcours des Astors s’arrête à la fin des années 1960, Curtis Johnson rejoint ensuite Brothers Unlimited, qui publie en 1970 l’album “Who’s For The Young” sur Capitol puis C.Q.C.’S. Au fil des années, il travaille également comme auteur ou producteur pour d’autres artistes dont Norman West, Bobby Hebb et Margie Hendrix.

Tyrone Steels (19??-2023)

Basé à Cincinnati, le batteur et chanteur Tyrone Steels fait ses débuts au sein des Ditalians, qui publient plusieurs singles à la fin des années 1960. Découvert par l’arrangeur et producteur Dale Warren au début des années 1970, le groupe est rebaptisé 24 Carat Black et publie un album, “Ghetto: Misfortune’s Wealth”, sur Enterprise, un label annexe de Stax. L’album passe inaperçu à sa sortie – il sera redécouvert par les rappeurs et leurs producteurs dans les années 1990, devenant sur le tard un disque culte – et, bien qu’un second disque soit enregistré, l’aventure est éphémère. Avec plusieurs anciens de 24 Carat Black, Steels forme alors le groupe Shotgun, qui publie plusieurs albums, en particulier pour ABC et MCA, entre le milieu des années 1970 et le début des années 1980, et décroche quelques petits succès dans le classement R&B, dont Don’t you wanna make love. 

Dave Kaye (19??-2023)

Figure de la scène blues de Chicago et des environs depuis le milieu des années 1980, le bassiste Dave Kaye a notamment accompagné sur disque et sur scène LV Banks, Grana Louise, James Wheeler, Zora Young, Liz Mandeville, Honeyboy Edwards et Dave Hole et intégré pendant plusieurs années Dave Weld And The Imperial Flames. Il apparaît sur plusieurs albums du groupe ainsi que sur des disques de Liz Mandeville et de L.V. Banks.

Craig “Screamer” Powell (19??-2023)

Figure de la scène de Minneapolis, le chanteur et guitariste Craig Powell se fait remarquer au sein du Stylle Band avant de rejoindre Mazarati, un groupe monté par le bassiste de The Revolution Brownmark. Bénéficiant de l’appui de Prince (pour qui il assure les chœurs sur Kiss), l’ensemble publie en 1986 un premier album sur le label Paisley Park, mais celui-ci passe inaperçu, comme le disque suivant qui sort trois ans plus tard sur Motown. Powell continue ensuite sa carrière sur la scène locale au sein de différents groupes comme Wayo Dayo, Smartmouth et le Westside Band, ainsi qu’un Mazarati reformé. Il se produit également avec son propre groupe et publie un album personnel, “War”, en 2014.

Jerry Samuels (1938-2023)

Originaire de Manhattan, Jerry Samuels doit son immortalité à son improbable single de 1966, They’re coming to take me away, ha-haaa ! paru sous le pseudonyme de Napoleon XIV – 3e du Hot 100 en 1966, quand même ! – mais il a également gravé plusieurs singles sous son nom et écrit des chansons pour Lavern Baker, Ivory Joe Hunter, Bobby Sheen, Sammy Davis Jr, Clyde McPhatter… 

Robin Gosden (19??-2023)

Pionnier de la scène blues britannique, Robin Gosden participe dès les débuts à l’aventure du magazine spécialisé Blues Unlimited avant de participer à la fin des années 1960 à la naissance du label Flyright, pour lequel il co-produit différentes anthologies – Snooky Pryor, Memphis Minnie, différents disques thématiques comme “New Orleans R & B” et  “Piedmont Blues” – et de nouveaux enregistrements de Peg leg Sam et J.B. Hutto. 

Seymour Stein (1942-2023)

Figure légendaire de l’industrie musicale, associé notamment aux carrières de Madonna et des Ramones, Seymour Stein fait ses débuts professionnels à la fin des années 1950 à la rédaction de Billboard avant de rejoindre King puis Columbia, où il produit notamment Willie Hightower, Curtis King, Dee Clark et Guitar Crusher. À la fin des années 1960, il fonde Sire Records avec  Richard Gottehrer, qui assure notamment l’édition américaine de différents disques blues publiés en Angleterre par Decca et Blue Horizon. 

Kuma Harada (1951-2023)

Originaire du Japon, le bassiste Kuma Harada s’installe à Londres au début des années 1970. Collaborateur régulier, sur disque et sur scène, de Snowy White et de l’ancien Rolling Stones Mick Taylor, il travaille également en studio avec Peter Green, Billy Ocean, Chris Farlowe, Linda Lewis…

Kwame Brathwaite (1938-2023)

Photographe et activiste, originaire de New York, Kwame Brathwaite a été, tout au long d’une carrière qui a couvert six décennies, un des acteurs et une des inspirations du mouvement « Black is Beautiful », immortalisant aussi bien la vie quotidienne de la communauté afro-américaine et ses personnalités que son art, qu’il s’agisse de la mode ou de la musique. Considéré comme le photographe “non officiel” de l’Apollo, il y immortalise les plus grandes stars. Dans les années 1970, il participe au festival de Wattstax ainsi qu’au grand concert organisé au Zaïre à côté du légendaire match Ali/Foreman. Il est également l’auteur de nombreuses pochettes de disques pour Blue Note (Lou Donaldson, Freddie Roach, Big John Patton…), mais aussi pour Milie Jackson (la couverture iconique de “It Hurts So Good”), le Fatback Band, Mandrill, Sister Sledge, le  Jimmy Castor Bunch, B.T. Express…

Ronald Coleman (19??-2023)

Originaire d’Asbury Park, dans le New Jersey, Ronald Coleman forme avec quelques amis (dont Billy Brown, futur membre des Moments et de Ray, Goodman & Brown) un groupe vocal baptisé les Uniques, qui devient les Broadways quand il signe avec MGM. Deux singles paraissent (dont You just don’t know qui deviendra plus tard un petit classique sur la scène northern) en 1966, bénéficiant d’une production luxueuse, mais le succès n’est pas à la hauteur des attentes du label et l’aventure discographique s’arrête ici. Le groupe continue à se produire localement jusqu’aux années 1970, croisant régulièrement la route de Bruce Springsteen et du saxophoniste Clarence Clemons, qui les accompagne occasionnellement, et se reforme en 2011 pour un  concert exceptionnel dédié à la scène soul de la ville. 

Jeffrey Hills (1975-2023)

Figure de la scène brass band de La Nouvelle-Orléans, parfois présenté comme le successeur de Tuba Fats, Jeffrey Hills avait joué sur scène et sur disque avec plusieurs des principaux ensembles cuivrés de la vile : Olympia Brass Band, Dirty Dozen, Rebirth, Treme, Lil’ Rascals, Forgotten Souls, New Birth…

Booker Newberry III (1956-2023)

Originaire de Youngstown dans l’Ohio, c’est à Philadelphie que Booker Newberry III se fait remarquer en tant que chanteur principal et clavier du groupe Sweet Thunder qui publie trois albums pour WMOT Records dans la seconde moitié des années 1970 et décroche un petit succès avec I leave you stronger. Au début des années 1980, il se lance dans une carrière solo et décroche un tube international avec Love town, qui, malgré un résultat modeste aux États-Unis, atteint la 6e place au classement britannique. Sans jamais retrouver un tel succès, il continue à enregistrer tout au long des années 1980, notamment pour Malaco, Montage et Omni, puis plus ponctuellement par la suite. Il continue à se produire régulièrement dans des évènements orientés autour du funk 80, participant en particulier en 2008 à La grande nuit de la funk qui se tient à Lyon.

Yves Chamberland (19??-2023)

Ancien batteur de studio, Yves Chamberland fonde en 1965 le studio Davout dans une salle de cinéma désaffectée dans le 20e arrondissement de Paris. Jusqu’à sa fermeture en 2017 (suivie d’une démolition l’année suivante), le lieu, que Chamberland avait vendu en 1988, devient un des lieux d’enregistrements les plus courus, accueillant de nombreuses séances pour le cinéma mais aussi pour la variété française, la pop, le rock et le jazz. Parmi les artistes y ayant travaillé figurent notamment Rhoda Scott, Memphis Slim, Manu Dibango, Sugar Blue…

Nombre de disques parus sur le label Isabel – Jimmy Witherspoon, Jimmy Dawkins, Phil Guy, Mojo Buford, Lucky Peterson, Melvin Taylor, Larry Davis, Byther Smith… – y sont également gravés. En 1982, Chamberland y produit l’album “Fodder On My Wings” de Nina Simone. Éphémère propriétaire des studios du château d’Hérouville, il lance également dans les années 1970 le label et cofonde avec Francis Dreyfus au début des années 1990 Dreyfus Jazz, sur lequel paraissent notamment des disques de Lucky Peterson et Marcus Miller.

Isaac Wiley (19??-2023)

Originaire de Cleveland dans l’Ohio, le batteur Isaac Wiley rejoint au milieu des années 1970 avec son frère bassiste Michael le groupe jazz funk Bell Telefunk, qui se fait remarquer dans les clubs locaux. Rebaptisé Kinsman Dazz après sa fusion avec un autre groupe de la ville, Mother Braintree. À la fin des années 1970, le groupe signe avec le label 20th Century Fox Records, pour lequel il enregistre deux albums sous la houlette de Philip Bailey. Il faut cependant attendre la signature avec Motown en 1980 et une série de disques sous le nom raccourci du Dazz Band pour que le groupe décroche le succès avec notamment des tubes comme Let’s whip it – 1er côté R&B, 5e du Hot 100  et un Grammy – ou Joystick (qui ne parle pas de jeux vidéo). Wiley quitte l’ensemble en 1985, mais continue sa carrière musicale, intégrant notamment le groupe du saxophoniste Najee puis celui de Stanley Clarke.

Textes : Frédéric Adrian sauf Lawrence Ardoin par Philippe Sauret

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