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Hommages / 14.02.2021

Ils nous quittent : Nolan Porter, Jim Weatherly, Jessie Lewis, Gil Saunders, Douglas Miller…

Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment. 

Nolan Porter (1949-2020)
Faute sans doute d’une identité constante – ses disques des années 1970 sont parus, selon les cas, sous le nom de Nolan, N. F. Porter, Nolan Porter ou Frederick II ! –, la réputation de Nolan Porter n’a jamais réussis à s’imposer au-delà d’un cercle restreint d’amateurs, même si Keep on keeping on et If I could only be sure sont considérés comme des classiques sur la scène northern. 

Originaire de Los Angeles, c’est sur le label Lizard de Gabriel Mekler – alors producteur de Steppenwolf et Janis Joplin – qu’il publie en 1970 son premier album, “Nolan”, dans un registre entre soul et rock. Marié à la sœur de Frank Zappa, il y est accompagné par plusieurs des collaborateurs habituels de celui-ci (le batteur Jimmy Carl Black, le bassiste Roy Estrada) ainsi que par plusieurs membres de Little Feat dont le guitariste Lowell George, tandis que les chœurs sont assurés par les Blackberries. Malgré l’enthousiasme de la critique, le disque, produit par Meckler, passe inaperçu, comme la série de singles qui suit. À la faillite de Lizard, ABC rachète les bandes de Porter, y compris des titres inédits, et publie un deuxième album constitué d’outtakes du premier, “No Apologies”, et quelques singles. Faute de réussite, c’est ici que s’arrête la première carrière discographique de Nolan Porter, qui continue à se produire à Los Angeles comme chanteur mais aussi comme comique.

Si sa musique reste populaire sur la scène northern et au-delà – les tristes sires de Joy Division s’inspirent du riff de Keep on keeping on en 1978 pour leur titre Interzone et Paul Weller reprend son If I could only be sure en 2004 –, il faut attendre les années 2010 pour le voir ressurgir sur scène à l’occasion de concerts et festivals en Europe, mais aussi d’un documentaire réalisé par la BBC en 2015. Il retrouve également le studio aux côtés du groupe Stone Foundation, qui l’invite à participer à plusieurs de ses albums à partir de 2010 et avec qui il tourne. Outre sa participation à différents festivals, il publie un single en 2017, Go-go-go, pour un label britannique northern. Seuls quelques rares titres de sa discographie ont été réédités en CD. 
Photo : DR

Jim Weatherly (1943-2021)
S’il a mené également une carrière d’interprète dans un registre country des années 1970 aux années 2000, c’est en temps qu’auteur-compositeur que Jim Weatherly a laissé sa marque. C’est Gladys Knight & the Pips qui ont le plus largement puisé dans son répertoire : le groupe enregistre une douzaine de ses compositions, parmi lesquels les classiques Midnight train to Georgia, Neither one of us (Wants to be the first to say goodbye), Where peaceful waters flow et Best thing that ever happened to me, et consacre à ses chansons la moitié de son album “Imagination” de 1973. Parmi les autres artistes à avoir puisé dans son “songbook” figurent Cissy Houston, Sister Sledge, les Persuaders, Joe Simon, Tavares, Dorothy Moore, Ruby Winters, James Cleveland, Ruth Brown, Johnny Adams, Lee Shot Williams, Angie Stone, Aretha Franklin, Dionne Warwick, ainsi que de nombreux interprètes country et pop. 

Jessie Lewis (1941-2021)
Originaire de Saint-Louis, dans le Missouri, c’est au sein de l’orchestre du guitariste Benny Sharp, les merveilleusement baptisés Zorros of Rhythm, que Jessie Smith fait ses débuts, partageant le chant avec Stacy Johnson, Vernon Guy et Horise O’Toole. Avec le groupe de Sharp, elle publie en 1961 son premier single sur le label de Chicago Mel-O sous le nom de Little Miss Jessie, mais quitte l’ensemble de Sharp l’année suivante pour rejoindre, avec Vernon Guy et Stacy Johnson, la revue de Ike & Tina Turner. Avec Robbie Montgomery et Venetta Fields, elle intègre les Ikettes, qui accompagne la revue sur scène et sur disque et grave une série de singles pour Atco, Teena, puis Modern, dont les succès Peaches ‘n’ cream et I’m so thankful.

Fin 1965, le trio, mécontent de la façon dont il est traité par Ike Turner, quitte la revue et signe avec le label de Los Angeles Mirwood. Privé de son nom par leur ancien patron, le groupe se rebaptise les Mirettes, et enchaîne jusqu’au début des années 1970 les singles pour différents labels – Minit, Revue, UNI… – sans grand succès, ce qui ne les empêche pas de participer en 1969 à la musique du film The Lost Man composée par Quincy Jones. Après la séparation des Mirettes, elle publie un single en duo avec Mickey Stevenson pour GSF, mais se consacre essentiellement à un rôle de choriste, pour lequel elle retrouve souvent sa collège Robbie Montgomery. Membre du groupe de Dr John, elle participe à plusieurs de ses albums (“Dr. John’s Gumbo”, “Triumvirate” avec Michael Bloomfield et John Hammond, “In The Right Place”, “Desitively Bonnaroo”) et l’accompagne sur scène au début des années 1970.

Jusqu’au début des années 1980, elle enchaîne les séances en studio et apparaît notamment sur des albums de Kim Weston, William Bell, Al Kooper, Brian Ferry, Leon Ware, Gloria Jones, Clarence Carter, Lamont Dozier, Elton John, Weather Report, les Doobie Brothers, George Duke, Allen Toussaint… Elle retrouve même Tina Turner en 1974 pour l’album “Tina Turns The Country On!”. Elle s’éloigne ensuite du monde de la musique. 

Gil Saunders (19??-2021)
Originaire de Philadelphie, Gil Saunders est repéré au début des années 1980, qui l’embauche en 1982 pour rejoindre ses Blue Notes en remplacement de David Ebo, qui avait lui-même succédé à Teddy Pendergrass au poste de chanteur principal. Il est en 1984 la voix principale du dernier vrai album studio du groupe, “Talk It Up (Tell Everybody)”, dont trois extraits se classent dans les rangs inférieurs des charts R&B. Après de nombreuses tournées sur le circuit de la nostalgie, il quitte l’ensemble de Melvin au début des années 1990 et se lance dans une carrière solo qui reste discrète, malgré la sortie de plusieurs singles dans les années 2000. 

Douglas Miller (1949-2021)
Originaire de Johnstown en Pennsylvanie, mais installé à Akron dans Ohio, Miller est étudiant quand il est découvert par la très influente cheffe de chœur Mattie Moss Clark, qui l’intègre, comme chanteur et organiste, dans différents ensembles de la Church of God in Christ. Il fait ses débuts discographiques à la fin des années 1970 sur plusieurs albums du saxophoniste gospel Vernard Johnson et apparaît en soliste sur un album du chœur de la COGIC sous la direction de Moss Clark. Il lance sa carrière solo, toujours sous la responsabilité de celle-ci, avec une série d’albums au début des années 1980 pour le label GosPearl. C’est “I Still Love the Name Jesus”, paru en 1984 sur Atlanta International Records, qui lui permet d’atteindre une notoriété nationale, renforcée par une série d’albums pour différents labels jusqu’au milieu des années 1990. Paru en 1985, “Unspeakable Joy” lui vaut une nomination aux Grammys. Plus discret à partir du milieu des années 1990, il apparaît ponctuellement sur les disques d’autres artistes comme le révérend Timothy Wright et Leonard Williams. 

Elliot Mazer (1941-2021)
Essentiellement connu pour sa collaboration avec Neil Young, l’ingénieur du son et producteur Elliot Mazer avait également travaillé avec James Cotton, Rufus Thomas, Michael Bloomfield et Lightnin’ Hopkins.

Ed Pearl (19??-2021)
Cofondateur du légendaire club folk de Los Angeles The Ash Grove, Ed Pearl y a accueilli jusqu’à la fermeture en 1973 des artistes majeurs tels que  Mississippi John Hurt, Son House, Earl Hooker, Muddy Waters, Bukka White, Johnny Otis, Sonny Terry, Brownie McGhee, Lightnin’ Hopkins, Barbara Dane, les Rising Sons (avec Taj Mahal et Ry Cooder), Mance Lipscomb, Howlin’ Wolf, Johnny Shines, Willie Dixon, Lonnie Mack… Lightnin’ Hopkins, Brownie McGhee, Sonny Terry, Barbara Dane et Robben Ford, entre autres, y ont enregistré des disques en public. 

Textes : Frédéric Adrian

Douglas MillerFrédéric AdrianGil SaundersJessie LewisJim WeatherlyNolan Porter