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Hommages / 21.07.2022

Ils nous quittent : Michael Henderson, Reginald “Sonny” Burke, Walter King, Adam Wade

Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment.

Michael Henderson (1951-2022)

Né le 7 juillet 1951 à Yazoo City dans le Mississippi, Michael Henderson grandit à Détroit. Jeune prodige à la basse, il est encore adolescent quand il commence à accompagner des vedettes Motown comme les Fantastic Four ou les Detroit Emeralds, avant de rejoindre l’orchestre régulier de Stevie Wonder (il apparaît sur son “Live At The Talk Of The Town”).

Embauché en 1970 par Miles Davis, il contribue jusqu’en 1977 aux albums du trompettiste (“Jack Johnson”, “Live-Evil”, “One The Corner“, “Big Fun”, “Dark Magus”…) et l’accompagne en tournée sur les scènes du monde entier. Il participe en parallèle aux séances de différents artistes, aussi bien côté jazz que R&B (Gary Bartz, Marvin Gaye, Johnnie Taylor, Bobby Womack…). 

Il fait ses débuts de chanteur en 1975 sur un album de Norman Connors, et la chanson Valentine love, qu’il a écrite et qu’il interprète en duo avec Jean Carn devient un petit tube R&B, qui le convainc de se lancer dans une carrière personnelle dans ce registre, avec une série d’albums et de singles – souvent des ballades romantiques – qui connaissent un certain succès, parmi lesquels Take me I’m yours et Wide receiver. Malgré un succès constant – auquel sa plastique n’est pas étrangère, comme le démontre l’invraisemblable pochette de l’album “Slingshot” –, il met un terme à cette partie de sa carrière dès le milieu des années 1980 et se contente ensuite d’un profil plus discret.

S’il lui arrive occasionnellement de se produire sur le circuit de la nostalgie jusqu’en 2020 – bien souvent avec d’anciens collègues comme Jean Carn, Normal Connors ou Ray Parker Jr –, c’est essentiellement dans un registre jazz qu’il s’exprime ensuite, rendant hommage sur scène à son ancien patron Miles Davis et participant ponctuellement à des projets qui lui sont dédiés, comme l’album “Miles From India” en 2008.

Photo © DR / Collection Gilles Pétard

Reginald “Sonny” Burke (1945-2022)

C’est en tant qu’organiste au sein de Clarence Wheeler & The Enforcers que se fait remarquer Reginald Burke au début des années 1970. Après avoir participé aux deux albums Atlantic de l’ensemble, il rejoint l’orchestre de Jerry Butler, qui accompagne le Ice Man sur disque et sur scène et enregistre même son propre album pour Mercury, sous le nom du Ice Man’s Band.

En mai 1974, il intègre l’ensemble de Smokey Robinson, où il passe plus de trois décennies, devenant le directeur musical du chanteur et un de ses plus proches collaborateurs, contribuant également à ses disques – il est ainsi l’arrangeur de Cruisin’ et Being with you. Parallèlement à son travail avec Robinson, il est tout au long des années 1970 et 1980 un musicien de studio très actif, aussi à l’aise dans la soul que dans le gospel ou le jazz : il enregistre notamment avec Johnny Mathis, Inez Andrews, Clarence Carter, Lamont Dozier, Stanley Turrentine, Bobby Womack, Freddie King, Candi Staton, Leon Ware, Marvin Gaye (l’album “I Want You”), les Supremes, les Mighty Clouds of Joy, Minnie Ripperton, Johnnie Taylor, Dizzy Gillespie, B.B. King, Aretha Franklin, Natalie Cole, Terry Callier, les Temptations, Lionel Richie et même Patrick Juvet !

Il travaille également comme auteur-compositeur et arrangeur, co-écrivant en particulier Serpentine fire pour Earth Wind & Fire. Il a gravé en 1975 un album personnel pour Motown, “Free Delivery”, resté inédit jusqu’ici. 

Walter King (1951-2022)

Neveu de B.B. King – son deuxième prénom est Riley –, le saxophoniste Walter King intègre l’orchestre de son oncle en 1977, et en devient ultérieurement le directeur musical. Il apparaît sur plusieurs de ses albums live (“Live At San Quentin”, “Live At The Royal Albert Hall 2011”…) ainsi que sur des disques studios (“Love Me Tender”, “Blues Summit“, “Makin’ Love Is Good For You“, “Blues On The Bayou” dont il avait réalisé les arrangements de cuivres…). Il s’est évidemment produit à de nombreuses reprises en France avec King. Il enregistre également dans les années 1970 avec G.C. Cameron, Z.Z. Hill, Denise LaSalle, Lou Anne Barton. Il contribue en 2019 à l’album “The Soul Of The King”, crédité au B.B. King Blues Band. 

Adam Wade (1935-2022)

Originaire de Pittsburgh, Adam Wade signe avec le label Coed et connaît le succès dès le début des années 1960 dans un registre proche de celui de Johnny Mathis. Même s’il s’inscrit essentiellement dans la grande variété, plusieurs de ses titres se classent dans le hit-parade R&B : Take good care of her, The writing on the wall et As if I didn’t know. Si le succès musical est de courte durée, la carrière de Wade se produit à Broadway et à l’écran : il est le premier Afro-Américain à animer une émission de jeu à la télévision américaine et apparaît dans différents films et séries : Shaft, Come Back Charleston Blue, Across 110th Street, Gordon’s War, Claudine, Good Times, The Jeffersons… 

Textes : Frédéric Adrian