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Hommages / 09.08.2020

Ils nous quittent : Joseph Jefferson, Charles Evers, Alan Parker, Jim Delehant…

Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment. 

Joseph Jefferson (19??-2020)
Après ses débuts en tant que batteur sur la scène R&B, accompagnant notamment sur la route les Sweet Inspirations, c’est avec son propre groupe, The Nat Turner Rebellion, que Joseph Jefferson se fait remarquer, grâce à une série de singles parus entre 1970 et 1972, bien souvent chantés par son frère, le futur Delfonics Major Harris. Mais s’il lui arrive encore d’accompagner quelques artistes – Billy Paul, Patti LaBelle, les Jones Girls… – dans les studios de Philadelphie, c’est en tant qu’auteur et compositeur, sous la houlette de son mentor Thom Bell et bien souvent en partenariat avec Bruce Hawes et Charles Simmons qu’il marque de son empreinte la soul de la ville, avec des classiques comme Mighty love et One of a kind (Love affair) pour les Spinners ou Brandy pour les O’Jays, ainsi que Then came you, un succès partagé par Dionne Warwick et les Spinners.

Tout au long des années 1970 et 1980, ses chansons sont interprétées, entre autres, par Johnny Mathis, Dionne Warwick, les Stylistics, les Three Degrees, Bunny Sigler, les Whispers, Marlena Shaw, Jerry Butler, les Temptations, Dee Dee Bridgewater, Teddy Pendergrass, Phyllis Hyman et Otis Clay, puis samplées par des artistes comme Jay-Z, 2Pac et GZA. Il produit également quelques faces pour Major Harris, Anglo Saxon Brown et des artistes du catalogue de Philadelphia International Records. 
Photo : avec Joseph Jefferson au centre. © DR

Charles Evers (1922-2020)
Figure de la lutte pour les droits civiques dans le Mississippi – il succède en particulier à son frère assassiné Medgar à la direction du  NAACP local – et personnage controversé tant pour ses prises de positions politiques – il avait notamment soutenu Donald Trump à l’élection de 2016 – que pour ses “businesses” qui ne se préoccupaient pas toujours de la légalité, Charles Evers avait été, au milieu des années 1950 le premier disc-jockey afro-américain du Mississippi quand il avait rejoint la radio WHOC.

Installé à Chicago pour fuir la ségrégation, il y dirige plusieurs clubs comme le Club Mississippi et le Subway Lounge ainsi que le Palm Gardens situé à Argo, où se produisent Muddy Waters, Elmore James et B.B. King. Il revient dans son état natal après l’assassinat de son frère et s’implique politiquement, devenant le premier maire afro-américain d’une ville mixte du Mississippi quand il est élu à Fayette. C’est dans cette fonction qu’il cofonde avec B.B. King en 1973 le Medgar Evers Homecoming, qui se tient chaque année à Fayette puis à Jackson et qui accueille les stars du blues et de la soul – B.B. King lui-même s’y est produit gratuitement jusqu’à son décès. En dehors de sa carrière politique, il possède différents clubs dans la région (le Fountain Lounge à Fayette, le E&E Lounge à Jackson…) et dirige la radio publique de Jackson spécialisée dans le blues et le gospel WMPR.

Alan Parker (1944-2020)
Réalisateur régulièrement récompensé – Midnight Express et Mississippi Burning notamment, ainsi que de nombreux films musicaux, dont Fame, The Wall et Evita –, Alan Parker avait notamment signé en 1991 The Commitments, adapté du roman de Roddy Doyle, sans doute l’un des films qui évoquent le mieux la passion et la puissance de la musique soul. 

Jim Delehant (1940-2020)
Après des débuts dans le journalisme – notamment à Hit Parader, où il interview entre autres Otis Redding, B.B. King et Nina Simone –, Jim Delehant rejoint en 1968 Atlantic et Atco, dont il devient jusqu’en 1981 le vice-président ainsi que le directeur artistique, associé aux disques de Roberta Flack, Aretha Franklin, Sister Sledge et bien d’autres. À son départ du label, il rejoint jusqu’à sa retraite en 1989 Mirage Records, où il travaille notamment avec les Spinners et Gary Moore. 

Wayne Fontana (1945-2020)
Surtout connu pour le tube Game of love, enregistré avec les Mindbenders, le chanteur britannique avait inclus dans son répertoire de nombreux titres soul empruntés à Garnett Mimms, Major Lance ou aux Chairmen of the Board. Son propre Something keeps calling me back avait acquis une certaine popularité sur le circuit northern.

James Cloyd Jr. (19??-2020)
Originaire de Détroit, le bassiste James Cloyd Jr. était un habitué des clubs de Chicago et avait tourné, entre autres, avec Albert King, Koko Taylor et Jimmy Johnson, avec qui il était venu en France fin 1990 et avait enregistré l’album “Livin’ The Life”, paru sur Black & Blue. 

Textes : Frédéric Adrian

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