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Hommages / 23.03.2023

Ils nous quittent : Fuzzy Haskins, Jim Gordon, Greg Perry, Billie Barnum, Victor Brox, Wayne Shorter…

Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment.

Fuzzy Haskins (1941-2023)

Membre fondateur de l’univers p-funk, Clarence Eugene “Fuzzy” Haskins a été, des années 1960 aux années 1970, un élément fondamental de la musique des différents ensembles pilotés par George Clinton. Originaire de Elkins, en Virginie Occidentale, Haskins s’est installé à Plainfield dans le New Jersey quand il intègre le groupe vocal monté par un barbier local, George Clinton. Baptisé The Parliaments, du nom d’une marque de cigarettes, l’ensemble, qui comprend également Ray Davis, Calvin Simon et Grady Thomas, se produit tout d’abord dans un registre doo-wop, avant d’évoluer vers le R&B puis la soul, et enregistre une poignée de singles, souvent pour des labels locaux, dès la fin des années 1950.

La signature avec Revilot, une maison de disque basée à Détroit, permet au groupe de développer sa carrière, et il décroche un premier tube en 1967 avec (I wanna) Testify. Quand des problèmes légaux interdisent à l’ensemble de s’appeler The Parliaments, il se rebaptise Funkadelic, avant d’engager une carrière parallèle sous le nom de Parliament. Jusqu’en 1977 et au “Live – P.Funk Earth Tour” de Parliament, Haskins contribue aux deux projets de Clinton en tant que chanteur, mais aussi, occasionnellement, à l’écriture, contribuant notamment aux classiques All your goodies are gone et Up for the down stroke. Avec d’autres membres de la galaxie Clinton – dont Bernie Worrell – mais sans que le patron soit aux commandes, il publie deux albums sous son nom, “A Whole Nother Thang” et “Radio Active”. Mécontent de la façon dont Clinton gère les finances des groupes, alors au sommet de leur succès, il décide, avec Calvin Simon et Grady Thomas de quitter le groupe et de monter une version dissidente de Funkadelic, qui publie en 1980 l’album “Connections & Disconnections” et apparaît même dans l’émission Soul Train. L’aventure est éphémère, une procédure judiciaire concernant la propriété du nom étant remportée par le clan Clinton.

Dans les années 1990, Haskins retrouve plusieurs de ses collègues des Parliaments originaux au sein d’Original P, qui se produit dans le circuit de la nostalgie. Devenu pasteur, il consacre une bonne partie de son activité à l’Église et, au contraire de nombre de ses anciens collègues, il ne retrouvera jamais le chemin des différents projets de George Clinton. Une anthologie de ses enregistrements solo est parue sur Westbound en 2017 sous le titre de “I Got My Thang Together – The Westbound Years”.

Jim Gordon (1945-2023)

Originaire de Los Angeles, Jim Gordon fait ses débuts professionnels en tant que batteur des Everly Brothers alors qu’il n’a que 17 ans. Remarqué par Hal Blaine, il devient un habitué des studios de la ville, jouant sur de nombreux disques marquants de l’époque, du “Pet Sounds” des Beach Boys au “River Deep – Mountain High” d’Ike & Tina Turner. À la fin des années 1960, il intègre le groupe de Delaney & Bonnie et sympathise avec Eric Clapton qui en est le guitariste. Il participe au premier album solo de celui-ci ainsi qu’à “All Things Must Pass” de George Harrison et à la tournée de Joe Cocker qui donne lieu à l’album “Mad Dogs & Englishmen”, avant d’intégrer le supergroupe Derek & The Dominos formé autour de Clapton – il co-signe d’ailleurs avec celui-ci le tube Layla. L’aventure est de courte durée, et Gordon rejoint ensuite le groupe Traffic, tout en reprenant son rôle de batteur de studio.

Musicien tout terrain, il apparaît aussi bien aux côtés de John Lennon, Frank Zappa ou Barbra Streisand que de B.B. King, John Lee Hooker, Buddy Guy & Junior Wells, Freddie King, T-Bone Walker, Groove Holmes, Thelma Houston, Marlena Shaw, Lamont Dozier, Ben E. King et Minnie Ripperton… Passé à peu près inaperçu à sa sortie, son jeu sur la reprise d’Apache par l’Incredible Bongo Band devient plus tard un des titres les plus samplés du hip-hop. Atteint de problèmes de santé mentale non traités et aggravés par son alcoolisme, son comportement se dégrade jusqu’au drame : en 1983 il tue sa mère à coups de marteau. Condamné à 16 ans de prison pour meurtre, il y restera, dans un établissement médicalisé, jusqu’à la fin de ses jours, étant considéré comme trop dangereux pour être libéré.

Greg Perry (19??-2023)

Né à Alton, dans l’Illinois, dans une famille très musicale – ses frères Dennis, Zachary, Leonard et Jeff ont tous mené une carrière dans le secteur –, Greg Perry est encouragé dans ses ambitions musicales à l’adolescence par son oncle, Robert Bateman, qui travaille en tant qu’auteur et producteur pour Motown. Découvert par le producteur Billy Davis, il commence à travailler pour Chess, à la fois en tant qu’artiste – un single en 1967, Love control – et en tant qu’auteur et producteur, en particulier, en lien avec Sidney Barnes, pour le groupe Rotary Connection. Courtisé par Motown, il décide de signer en 1969 avec le trio Holland-Dozier-Holland, qui vient de quitter le label de Berry Gordy, et devient un des cadres de leurs nouveaux labels, Invictus et Hot Wax.

Pendant cinq années, Perry est l’un des auteurs et producteurs internes des deux labels, travaillant avec leurs principaux artistes : Laura Lee, Freda Payne, 100 Proof Aged In Soul, Honey Cone, The 8th Day, Chairmen of the Board… Il est associé à plusieurs des principaux succès du label, de Bring the boys home (par Freda Payne) à Pay to the piper (par les Chairmen of the board) en passant par Somebody’s been sleeping (par 100 Proof Aged in Soul) et Want ads (par Honey Cone). Perry profite de la faillite de Hot Wax pour relancer sa carrière d’interprète avec un album et quelques singles pour Casablanca en 1974-1975, qui lui permettent de décrocher quelques succès mineurs – dont Come on down (Get your head out of the clouds) –, puis avec un second album pour RCA en 1977 (“Smokin’”) qui passe inaperçu. Il produit également pour RCA un album de sa femme, l’ancienne chanteuse de Honey Cone Edna Wright, “Oops! Here I Go Again”.

En dehors d’un dernier single en 1982, It takes heart, qui fait une courte apparition au milieu du classement R&B, il se consacre ensuite à l’écriture et à la production, travaillant en particulier pour Mary Wells, Bonnie Pointer et les Three Degrees dans les années 1980. S’il se montre plus discret par la suite, sa musique continue à vivre sa propre vie, et ses productions, pour lui et pour d’autres, croisent régulièrement les samplers de Nas, De La Soul, Common et bien d’autres.

Billie Barnum (19??-2023)

Elevée en Californie, Billie Barnum – qui est la sœur du producteur, arrangeur et auteur-compositeur H.B. Barnum – se lance rapidement dans une carrière de chanteuse, rejoignant en 1965 les Appolas, qui enregistrent une série de singles pour Loma puis Warner Bros dont le faible succès commercial ne reflète pas la qualité – une anthologie Kent, “Absolutely Right! The Complete Tiger, Loma And Warner Bros Recordings”, leur rend justice. À la séparation du groupe, elle retrouve le chemin des studios en tant que choriste pour Neil Diamond, Stan Kenton ou David Axelrod.

En 1973, elle rejoint ses collègues Clydie King et Vanetta Fields au sein des Blackberries, qui publient quelques singles sous leur nom et accompagnent sur disque et sur scène le groupe rock britannique Humble Pie ainsi que, en concert, Pink Floyd. Elle poursuit ensuite jusqu’au début des années 2000 une carrière de choriste de luxe, accompagnant sur disque aussi bien Weather Report et U2 que Frank Sinatra et Glen Campbell et chantant sur des enregistrements de Cannonball Adderley, Funk Inc, Johnny Bristol, Willie Hutch, Marlena Shaw, Lionel Richie, Teddy Pendergrass, Donna Summer, Taj Mahal… Elle ne semble pas avoir enregistré sous son propre nom.

Victor Brox (1941-2023)

Si sa notoriété n’a jamais été comparable à celle de certains de ses collègues de la même génération, Victor Brox a été dès les années 1960 une figure influente de la scène musicale britannique, croisant sur scène ou sur disque la route aussi bien de Lonnie Johnson que de Frank Zappa, en passant par Jimi Hendrix ou Dr. John. Originaire de Ashton-under-Lyne, dans le Lancashire, il monte son propre groupe à l’adolescence, mais finit par rejoindre Londres et la scène blues locale, en particulier le groupe d’Alexis Korner puis Aynsley Dunbar Retaliation, emmené par l’ancien batteur de John Mayall.

Chanteur tout terrain et multi-instrumentiste (trompette, piano…), il travaille avec Graham Bond et Screaming Lord Sutch, fait partie de la troupe de la comédie musicale Jesus Christ Superstar, accompagne James Booker et Champion Jack Dupreee, participe (aux côtés de Mick Jagger et d’Eric Clapton) aux séances de “The Sun, Moon & Herbs” de Dr. John, enregistre un album avec sa femme Annette, écrit une chanson pour Black Sabbath et intègre le groupe Mainsqueeze (avec le guitariste Eric Bell de Thin Lizzy)… Installé en France, il y continue ses activités musicales dans une certaine discrétion, tant localement qu’en retournant régulièrement en Angleterre, où il grave notamment un album live, “Live at The Old Hall Hotel, Hope. UK”. La chanteuse Kyla Brox est sa fille. 

Wayne Shorter (1933-2023)

Saxophoniste et compositeur, Wayne Shorter a laissé une marque majeure sur l’histoire des musiques afro-américaines, à la fois en tant qu’instrumentiste – dans les Jazz Messengers d’Art Blakey et le deuxième quartet de Miles, au sein du groupe Weather Report, dont il est cofondateur, et dans ses projets personnels –, qu’en tant qu’auteur, avec nombre de morceaux qui sont devenus des classiques, de Footprints à Infant eyes en passant par Juju, Speak no evil ou Black Nile.

Errol Dixon (1937-2023)

Né en Jamaïque, élevé à New York, le pianiste et chanteur Errol Dixon s’installe en Grande-Bretagne au début des années 1960 pour faire des études de musique, mais ne tarde pas à se lancer dans une carrière personnelle. S’il fait ses débuts dans un registre ska à destination de la communauté jamaïcaine locale, avec une série de singles pour Blue Beat, Island et Carnival, il ne tarde pas à se tourner vers le R&B et le blues. Après avoir chanté avec le Ram Jam Band, au sein duquel il est remplacé par Geno Washington, il commence à travailler avec Mike Vernon, qui produit plusieurs singles et un album pour Decca (“Blues In The Pot – The Big City Blues Of Errol Dixon” avec Stan Webb). Il poursuit ensuite sa carrière en Angleterre puis en Suisse, se produisant régulièrement dans un registre entre blues et boogie et publiant plusieurs albums jusqu’à la fin des années 1990. 

Paul Beasley (19??-2023)

Figure légendaire de la scène gospel, réputé en particulier pour son falsetto, Paul Beasley s’est illustré au sein de trois des plus grands quartets : les Gospel Keynotes de Willie Neal Johnson dans les années 1960 et 1970, les Mighty Clouds of Joy dans les années 1980 puis les Blind Boys of Alabama, qu’il intègre dans les courants des années 2010, après avoir retrouvé ponctuellement les Gospel Keynotes dans les décennies précédentes. Il publie également plusieurs albums sous son nom entre le début des années 1980 et celui des années 2000. 

Quincy Billops Jr. (1943-2023)

Originaire de Memphis, Quincy Billops Jr. (dont le nom est parfois orthographié Billups) a été actif pendant une bonne décennie, du milieu des années 1960 à celui des années 1970, sur la scène soul de la ville sans jamais en être un acteur de premier plan. Il fait ses débuts discographiques sur Stax en 1965 avec les Premiers avant de rejoindre les Mad Lads quand les membres originaux John Gary Williams et William Brown sont convoqués par l’armée. Il participe à quelques singles, mais quitte le groupe au retour de Williams et Brown. Il rejoint ensuite Ollie & the Nightingales, apparaissant en particulier sur l’album Stax du groupe, mais aussi sur les singles gravés par l’ensemble après le remplacement de leur leader par Sir Mack Rice. À la séparation du groupe, il rejoint temporairement les Ovations, avant de se retirer de l’industrie musicale. Il a également participé en tant que choriste à quelques séances pour d’autres artistes Stax, en particulier, aux côtés de David Porter, pour Knock on wood d’Eddie Floyd.

Zach Prather (1952-2023)

Originaire de Chicago, Zach Prather fait ses débuts sur les scènes locales, croisant notamment la route de Curtis Mayfield, avant de s’installer en Californie où il fait la connaissance de Cash McCall, qui l’emploie, en tant que chanteur, guitariste et batteur, sur différents projets auxquels il est associé, aux côtés notamment de Sidney Barnes, Bennie Conn, Margie Evans et même Willie Dixon, qui devient son mentor, ainsi qu’au sein de groupes plus ou moins durables comme Cook County et les Street Players. Dans le courant des années 1980, il devient le batteur de Screamin’ Jay Hawkins puis celui de Luther Allison. Au début des années 1990, il s’installe en Europe, à Paris puis en Suisse, et se lance dans une carrière solo qui le voit publier plusieurs albums et se produire régulièrement avec son groupe jusqu’au début de 2023. 

Bobby Harris (19??-2023)

Basé à New York, Bobby Harris fait ses débuts discographiques avec son frère Jim en 1960 sous le nom de Jim And Bob Harrison pour le petit label Clock. Sous ce nom ou sous celui des Harrison Brothers, les frangins publient une série de singles pour différents labels jusqu’en 1968. il se lance en parallèle dans une carrière solo à partir de 1962, d’abord sous le pseudonyme de Bee Jay puis sous celui de Bobby Harris, enregistrant pour différents labels indépendants new-yorkais, mais aussi ponctuellement pour Atlantic (We can’t believe you’re gone, un hommage à Sam Cooke, sa principale inspiration) et Columbia. Après un single en tant que chanteur principal des Fabulous Fiestas au début des années 1970, il disparaît de l’industrie musicale pour deux décennies, avant de faire un retour au début des années 1990 avec deux albums gospel sous le nom de Robert Harrison. Une anthologie de ses enregistrements a été publiée en 1992 en LP  sous le titre “The History Of Bobby Harris”. 

Carlos Garnett (1938-2023)

Originaire du Panama, le saxophoniste Carlos Garnett se fait remarquer sur les scènes jazz et R&B de New York à partir du début des années 1960, enregistrant au fil des années avec les Jazz Messengers d’Art Blakey, Pharoah Sanders et Miles Davis, mais aussi avec D.J. Rogers, Billy Preston, Ronnie McNeir et Norman Connors. Il publie plusieurs albums sous son nom dans les années 1970 (avec Dee Dee Bridgewater en particulier) puis dans les années 1990.  

Jerry Dodgion (1932-2023)

Originaire de Californie, le saxophoniste Jerry Dodgion se fait remarquer à la fin des années 1950 dans l’orchestre de Benny Goodman. Il mène pour l’essentiel une carrière d’accompagnateur, jouant notamment avec le  Thad Jones/Mel Lewis Orchestra, Duke Pearson et Oliver Nelson, mais aussi avec Patti Austin, B.B. King, T-Bone Walker et Esther Phillips.

James Holland (19??-2023)

Figure mineure, mais constante de la scène R&B et soul de Détroit de la fin des années 1950 aux années 1980, James Holland a passé la plus grande partie de sa carrière au sein des Holidays, qui ont publié une série de singles – parfois sous le nom des Four Holidays, des New Holidays, des  Fabulous Holidays ou tout simplement de Holiday – pour différents petits labels de Chicago ou de Détroit jusqu’au début des années 1980., même s’il a publié quelques disques sous son nom. Plusieurs chansons du groupe, comme Making up time et I lost you, sont devenus des classiques de la scène northern. Habitué des studios de Détroit, il assure les chœurs sur de nombreux disques, dont la version originale de Mustang Sally par Mack Rice. 

Tyrone Porter (19??-2023)

Originaire du Mississippi, Tyrone Porter fonde avec son frère Paul les Christianaires et participe à l’ensemble des albums du groupe, du milieu des années 1980 à celui des années 2000. Il joue ensuite le rôle de Président du département des quartets au sein du Gospel Music Workshop of America.

Michael E. Mathis (19??-2023)

Collaborateur régulier de Shirley Caesar, Michael Mathis contribue, comme chanteur, clavier, directeur musical, producteur et auteur-compositeur, à plusieurs de ses albums à partir des années 1980. Il travaille également avec Dorothy Norwood et Michelle Williams (des Destiny’s Child). 

Clyde Brown (1945-2022)

Originaire de Cincinnati, Clyde Brown fait ses débuts au sein des Charles Fold Gospel Messengers puis des Cleveland Singers de James Cleveland. Il se lance ensuite dans une carrière solo, qui passe par une série de singles pour Atlantic au début des années 1970, avant de rejoindre les Drifters, alors emmenés par Johnny Moore, au milieu de la décennie. Il quitte le groupe au milieu des années 1980, mais continue à se produire sur la scène soul et funk de Cincinnati. 

Michael Rhodes (1953-2023)

Originaire de Louisiane, c’est en tant que musicien de studio à Nashville que le bassiste Michael Rhodes a fait sa carrière. Outre de nombreux enregistrements country, il a accompagné sur disque Irma Thomas, J.J. Cale, Etta James, Delbert McClinton, Warren Haynes, Don  Nix, Solomon Burke, India.Arie, Buddy Guy, Joss Stone, Lionel Richie, Joe Bonamassa, Beth Hart, Jennifer Holliday, Dan Penn… Il joue également sur scène dans l’orchestre de Bonamassa, et apparaît sur plusieurs de ses albums en public. 

Edward Pickens (19??-2023)

Membre de l’orchestre studio de Motown à partir de 1968, le bassiste Edward Pickens intègre également le groupe de scène des Miracles, participant notamment au dernier concert de Smokey Robinson avec le groupe, immortalisé sur disque (“1957 1972”). Après le départ du label pour la Californie, il continue à travailler avec les musiciens de la scène jazz de Détroit, notamment au sein du collectif Tribe, enregistrant en particulier avec Marcus Belgrave, Sam Sanders et Harold McKinney.

Textes : Frédéric Adrian

Billie BarnumCarlos GarnettErrol DixonFrédéric AdrianFuzzy HaskinsGreg PerryIls nous quittentJames HollandJerry DodgionJim GordonPaul BeasleyQuincy Billops JrVictor BroxWayne ShorterZach Prather