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Hommages / 31.05.2023

Ils nous quittent : Floyd Newman, Linda Lewis, Elder Jack Ward, Herschel Dwellingham, Jimmy Varner…

Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment.

Floyd Newman (1931-2023)

C’est lui qui s’exclamait « Ooh, last night » sur le classique des Mar-Keys qui lance en 1961 le son Stax… Du début des années 1960 à la fin de la décennie suivante, le saxophoniste Floyd Newman est un habitué des studios de Memphis et des environs, de Stax à Fame en passant par Sun et Hi. 

Né à Memphis, il commence à travailler à la fin des années 1940 au sein de l’orchestre de B.B. King, avec qui il enregistre à Los Angeles en 1956 (Sweet little angel) avant de s’installer quelque temps à Détroit, où il accompagne notamment Jackie Brenston et Sam Cooke. De retour à Memphis, il commence à se produire dans les clubs locaux comme le Tropicana Club et le Plantation Inn, d’abord avec l’ensemble de Ben Branch, puis avec son propre groupe, auquel participent Isaac Hayes et Howard Grimes. 

Si le succès de Last night lui laisse un goût amer en raison du peu de conséquences financières, il finit par intégrer l’orchestre maison de Stax aux environs de 1964, accompagnant notamment Otis Redding, Carla Thomas, Rufus Thomas, William Bell, Johnnie Taylor et Booker T & the MG’s. En 1963, il publie même un single sous son nom pour le label, The frog stomp, auquel contribue Isaac Hayes. En parallèle à son travail chez Stax, il participe également à des séances chez Fame, notamment pour Wilson Pickett (Mustang Sally), Bettye LaVette, Clarence Carter, Laura Lee, Irma Thomas, Etta James (I’d rather go blind) et Dick Rivers et chez American (le Memphis soul stew de King Curtis). 

Dans les années 1970, il rejoint l’orchestre d’Isaac Hayes, avec qui il se produit notamment à Wattstax, et joue sur plusieurs de ses albums et productions pour HBS. À la fin de la décennie, il travaille pour Willie Mitchell dans les studios Hi et apparaît sur des disques d’Ann Peebles et d’O.V. Wright. Plus discret par la suite, il participe en 1992 au festival de Porretta et enregistre ponctuellement avec C.J. Chenier, Kirk Whalum ou les Bo-Keys. En 2018, il fait don au musée Stax de son saxophone, celui que lui avait offert son père en 1949 et qui est le seul instrument dont il ait joué tout au long de sa carrière…
Photo d’ouverture © DR

L’Orchestre de B.B. King avec Floyd Newman au centre. © DR

Linda Lewis (1950-2023)

Figure de la scène soul britannique à partir de la fin des années 1960, Linda Lewis (qui emprunte son nom de scène à Barbara Lewis) est originaire de West Ham. Elle est encore adolescente quand elle commence à chanter professionnellement, notamment dans un registre ska. 

Elle n’a que 17 ans quand elle enregistre son premier single, une reprise du You turned my bitter into sweet de Mary Love qui acquerra ultérieurement une certaine popularité sur la scène northern. Dans la foulée, elle monte le groupe White Rabbit avec Junior Marvin puis intègre The Ferris Wheel, avec qui elle tourne et enregistre. Elle relance ensuite sa carrière personnelle avec une série d’albums pour Reprise, Raft, Arista, Ariola et Epic jusqu’au début des années 1980, dont “Woman Overboard” partiellement produit par Allen Toussaint.

Plusieurs de ses singles lui permettent d’obtenir un certain succès en Angleterre, mais seule sa reprise de The shoop shoop song (It’s in his kiss) lui permet de se faire remarquer en dehors de son pays natal. Elle développe en parallèle une carrière de choriste, apparaissant sur des disques de David Bowie, Cat Stevens, Al Kooper, Rod Stewart… Elle prend un peu de recul par rapport à l’industrie musicale pendant les années 1980, mais fait son retour dans la décennie suivante, publiant une série d’albums et participant à différents projets dont les Soul Britannia All Stars.

Linda Lewis © DR / Collection Gilles Pétard

Elder Jack Ward (1934-2023)

Originaire d’ Itta Bena, dans le Mississippi, Jack Ward monte avec quelques camarades un groupe gospel, les Christian Harmonizers, qui fait ses débuts discographiques, sur Chalice, la marque gospel de Stax, en 1964. 

Enregistré dans les studios du label, ce premier disque est marqué par la présence d’un Isaac Hayes débutant à l’orgue. Le groupe publie ensuite deux singles sur Song Bird, le label gospel de Don Robey, avant que Ward ne les quitte pour créer les Gospel Four, qui enregistrent également deux 45-tours pour le label D-Vine du pasteur Juan D. Shipp, dont le classique A change is gonna come, qui est une composition de Ward et non une reprise de Sam Cooke. 

Il poursuit ensuite sa route avec ses propres Ward Singers sur J&B à Jackson et enfin sur HOB à Détroit, où il publie en 1973 l’album “Our Plead, Our Prayer”. Discret pendant les décennies suivantes, il fait son retour en 2021 grâce au label Bible & Tire avec l’album “Already Made”, à l’occasion duquel il répond aux questions de Soul Bag. Un nouveau disque, “The Storm”, sort à titre posthume en mai 2023.

Elder Jack Ward © Matt White

Herschel Dwellingham (1944-2023)

Originaire de Bogalusa, en Louisiane, le batteur Herschel Dwellingham fait ses débuts professionnels alors qu’il est encore lycéen au sein des Rhythm Aces du saxophoniste Henry Sims et n’a que 18 ans quand il parvient à faire enregistrer – dans le studio de Cossimo Matassa ! – une de ses chansons, Come on and tell her, par le chanteur Benny Freeman sur le petit label local Soundex.

Après le lycée, il poursuit ses études à Boston, à la prestigieuse Berklee School of Music. Il en profite pour monter son propre label, My Record, qui décroche un petit succès avec Young girl de Frank Lynch – repris plus tard par Eli Paperboy Reed –, et travaille en tant que batteur, auteur et arrangeur pour les différents labels de Skippy White. Avec son orchestre, il accompagne les vedettes de passage au  Sugar Shack, l’étape locale du chitlin’ circuit, parmi lesquelles Stevie Wonder, Marvin Gaye, Smokey Robinson, Gladys Knight & The Pips, les Supremes et Jackie Wilson.

Installé à New York, il accompagne sur disque Weather Report, Stephanie Mills, Pat Lundy, Fats Domino et Johnny Mathis, collabore avec Melvin Van Peebles et joue dans l’orchestre de nombreuses comédies musicales de Broadway. Il y monte à nouveau sa propre structure, Helva, qui publie quelques 45-tours et lui permet de produire des artistes, comme les Escorts, Timothy Wilson ou Barbara Jean English pour d’autres labels. Il se réinstalle à Bogalusa au début des années 2000 où, semi-retraité, il continue néanmoins à jouer occasionnellement, montant même encore un  nouveau label ainsi qu’un studio d’enregistrement…

Herschel Dwellingham © DR

Jimmy Varner (1964-2023)

Aussi à l’aise au chant qu’aux claviers, à la trompette ou au trombone, Jimmy Varner se lance dans une carrière d’accompagnateur (avec Bill Withers notamment) avant de monter à la fin des années 1980 le groupe By All Means avec la chanteuse et actrice Mikelyn Roderick et le guitariste Billy Shepherd. 

Le trio publie trois albums pour Island puis Motown  entre 1988 et 1992 et décroche plusieurs succès R&B, dont une reprise de Let’s get it on qui monte jusqu’à la troisième place des classements du genre. En parallèle, Varner commence à travailler en studio comme producteur, auteur et accompagnateur avec des artistes comme Gerald Alston, les Temptations et Will Downing. Dans les années 2010, il contribue aux disques à succès de sa fille Elle Varner, dont la mère est Mikelyn Roderick.

Pete Brown (1940-2023)

Figure de la scène poétique de Liverpool dès son adolescence, Pete Brown ne tarde pas à collaborer avec des musiciens comme John McLaughlin. C’est en écrivant avec Jack Bruce et, plus occasionnellement, Eric Clapton pour Cream qu’il se fait remarquer, avec des chansons à succès comme I feel free, White room et Sunshine of your love. Après la séparation du trio, il continue à travailler avec Jack Bruce et publie également plusieurs disques sous son nom ou avec différents groupes. Ses chansons ont été interprétées par Living Colour, Ella Fitzgerald, Jimi Hendrix, Rotary Connection, Spanky Wilson, Buddy Guy, Joe Bonamassa, Willie Mitchell, The 5th Dimension… 

Mark Vandergucht (19??-2023)

C’est sur la scène acid jazz londonienne que se fait remarquer le guitariste Mark Vandergucht à partir de la fin des années 1980 au sein du groupe Push et de Galliano. Il participe à de nombreux projets discographiques dans ce registre, apparaissant notamment sur des albums de Carleen Anderson et de Tony Momrelle. Il accompagne régulièrement en tournée européenne des artistes américains comme Marlena Shaw, Marva Whitney et Candi Staton, dont il est régulièrement le guitariste pendant treize ans. 

Don Sebesky (1937-2023)

Originaire du New Jersey, Don Sebesky fait des études de trombone à la Manhattan School of Music avant d’intégrer les orchestres de Stan Kenton et Maynard Ferguson. S’il continue à jouer par la suite, c’est essentiellement comme arrangeur qu’il se fait remarquer, travaillant notamment pour Wes Montgomery, George Benson, Esther Phillips, Dionne Warwick, Hank Crawford, Roberta Flack… Il publie également plusieurs albums sous son nom.

Tom Hall (19??-2023)

Figure de la scène blues de Saint-Louis, le guitariste et chanteur Tom Hall avait fait partie des Geyer Street Sheiks et enregistré en particulier avec Arthur Williams et Big Bad Smitty.

Lloyd Cannady Jr (1942-2023)

Originaire de Caroline du Sud, Lloyd Cannady avait fondé les Flying Clouds, un ensemble gospel responsable d’une dizaine d’albums, en particulier pour HSE et True Joy, à partir des années 1970.

Textes : Frédéric Adrian

Elder Jack WardFloyd NewmanFrédéric AdrianHerschel DwellinghamIls nous quittentJimmy VarnerLinda Lewis