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Hommages / 01.05.2022

Ils nous quittent : Eric Mercury, Barbara Morrison, Lola Gulley, Joe Messina, Pervis Spann, John Barnes, Art Rupe, James Johnson…

Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment.

Eric Mercury (1944-2022)

Originaire de Toronto, au Canada, Eric Mercury fait ses débuts sur scène au sein d’un ensemble formé de membres de sa famille, avant de prendre son autonomie et d’intégrer différents groupes locaux dont les Pharaohs et Eric Mercury and the Soul Searchers, avec qui il publie un premier single, Lonely girl, à la fin des années 1960. Dans la foulée, il décide de tenter une carrière américaine et part s’installer à New York, où il publie en 1969 son premier album, “Electric Black Man”, pour le label AVCO Embassy, qui peine à trouver son public malgré plusieurs singles de grande qualité et une pochette spectaculaire.

C’est sur Entreprise, la sous-marque de Stax dédiée aux projets un peu éloigné de la Memphis soul à laquelle le label est associée, qu’Eric Mercury publie ses deux disques suivants, “Funky Sounds Nurtured In The Fertile Soil Of Memphis That Smell Of Rock”, qui est produit par Steve Cropper, et “Love Is Taking Over”, produit par Al Bell, en 1971 et 1973, sans plus de succès, même s’il fait une apparition dans Soul Train et si I can smell that funky music est un petit tube au Canada. Son affiliation avec Stax lui permet de faire une brève apparition à Wattstax au sein d’un all stars hétéroclite aux côtés notamment de William Bell, Louise McCord, Freddy Robinson, Little Sonny, Eddie Floyd, the Temprees et Frederick Knight.

Malgré, à nouveau, un succès très limité, c’est chez Mercury qu’il rebondit pour un album éponyme qui sort en 1975. Peut-être par lassitude quant à ce manque de réussite, Eric Mercury, qui a déjà écrit quelques chansons pour d’autres depuis le début des années 1970, met de côté sa carrière d’interprète, en dehors d’un single ponctuel pour Columbia, et se consacre ensuite particulièrement à l’écriture. Ses chansons sont enregistrées par Friends of Distinction, Yvonne Elliman, Larry Carlton, Dusty Springfield, Dionne Warwick, Thelma Houston, Philippe Wynne, mais aussi, et surtout, Roberta Flack, seule et en duo avec Donny Hathaway puis Peabo Bryson. C’est sans doute le succès de ces deux duos dans le classement R&B qui permettent à Mercury de relancer sa carrière personnelle, avec un album, “Gimme A Call Sometime”, qui paraît sur Capitol.

C’est cependant avec un duo avec Roberta Flack, Our love will stop the world, qu’il fait sa première apparition, modeste, dans les charts R&B. Il développe en parallèle une carrière d’acteur qui le voit jouer sur scène dans une version de la comédie musicale Jesus Christ Superstar, mais aussi au cinéma dans American Hot Wax et The Fish That Saved Pittsburgh, tandis qu’une de ses compositions apparait dans la BO du mythique The Warriors. Au début des années 1980, il collabore avec Thelonious Monk Jr. – le fils du génie –, dont il produit un album et avec qui il s’associe sous le nom de Merc And Monk, publiant un album en duo et plusieurs singles qui connaissent un certain succès dans les classements R&B et Dance.

Plus discret à partir des années 1990, Eric Mercury se réinstalle à Toronto à la fin de la décennie et continue à travailler dans le milieu musical, prêtant notamment sa voix à une campagne publicitaire Be Like Mike avec Michael Jordan. Son œuvre innovante – la rumeur veut que Miles Davis ait fait écouter “Electric Black Man” à ses musiciens et que Jimi Hendrix, qui enregistrait en même temps au Record Plant ait jeté plus qu’une oreille sur les séances – n’a été que fort mal rééditée, plusieurs de ses albums n’ayant jamais été proposés en CD, et reste étonnamment négligée des samplers, à l’exception de A Tribe Called Quest.

Barbara Morrison (1949-2022)

Originaire du Michigan, Barbara Morrison fait des débuts précoces de chanteuse sur les scènes de Détroit, mais c’est à Los Angeles qu’elle s’installe au début des années 1970. Elle ne tarde pas à s’y faire remarquer et intègre l’ensemble d’Eddie « Cleanhead » Vinson, puis celui de Johnny Otis avec qui elle fait ses débuts discographiques en 1977 sur l’album “Back To Jazz” et avec qui elle enregistrera à plusieurs reprises (“Johnny Otis! Johnny Otis!: The 1984 Johnny Otis Show” et “Spirit Of The Black Territory Bands” en particulier), tout en tournant avec lui dans le monde entier.

Chanteuse d’orchestre par excellence, à la façon d’un Joe Williams ou d’un Ernie Andrews, aussi à l’aise dans le jazz, le blues et le R&B, elle tourne et enregistre avec différents ensembles, du luxueux Philip Morris Superband à celui de Doc Severinsen, en passant par celui de Leslie Drayton et le Clayton-Hamilton Jazz Orchestra. Elle prête sa voix aux disques de différents instrumentistes, de Kenny Burrell à David T. Walker en passant par Jimmy Smith, et publie également une série de disques pour différents petits labels sous son nom à partir des années 1990, parmi lesquels “Ooh-Shoobie-Doo!”, paru en 2000 et crédité à Barbara Morrison with Johnny Otis and his Band et plusieurs disques en compagnie du saxophoniste Houston Person.

Si elle visite régulièrement les festivals internationaux – elle était notamment apparue au regretté festival de Chédigny en 2010 –, elle avait ses habitudes jusqu’à récemment dans les clubs de Los Angeles, où une salle de spectacle porte son nom depuis plusieurs années. Elle avait publié en 2020 un dernier album, “Warm And Cozy”.

Lola Gulley ( 19??-2022)

Née en Californie, élevée à Mobile dans l’Alabama, c’est sur la scène locale que la chanteuse et pianiste Lola Gulley fait ses débuts, en particulier au sein du groupe funk paternel avant de rejoindre le groupe de scène de Johnnie Taylor. Lauréate en 1996 d’un télé-crochet organisé par la chaîne BET, elle décroche un contrat avec Motown, mais seul un titre, It feels right, est publié sur une anthologie.

Installée à Atlanta, elle se produit régulièrement à la fameuse Northside Tavern, où elle anime les jams du lundi soir. À partir du milieu des années 2000, elle se produit régulièrement en Europe et notamment en France, parfois en lien avec une autre figure de la scène blues d’Atlanta Danny “Mudcat” Dudeck. Un premier album autoproduit, “I Didn’t Choose The Blues… The Blues Chose Me”, paraît en 2004, crédité simplement à Lola, suivi trois ans plus tard par “Give Her What She Wants”, qui sort sur le label de William Bell, Wilbe. Malgré leur grande qualité, ces albums passent à peu près inaperçus – sauf de Soul Bag, qui lui consacre un portrait dans son numéro de l’été 2008.

Lola ne publiera plus qu’un album, “Cleaning House”, quelques années plus tard… Elle continuait à jouer très régulièrement à la Northside Tavern et avait tourné une dernière fois en Europe – mais pas en France – en 2018.

Joe Messina (1928-2022)

Originaire de Détroit, Joseph Messina commence la guitare à l’adolescence et ne tarde pas à se faire remarquer, au point de renoncer à ses études de musique à la Cass Technical High School pour se lancer dans une carrière professionnelle. Dès le début des années 1950, il se produit régulièrement sur la scène locale et jusqu’au Canada voisin avec son propre ensemble et intègre l’orchestre maison de la chaîne de télévision ABC, au sein duquel il accompagne les jazzmen de passage, de Charlie Parker à Dizzy Gillespie, et participe au Soupy Sales Show.

Sur les conseils de Mickey Stevenson qui l’a entendu jouer dans un club de Détroit, il est embauché à la fin des années 1950 par Berry Gordy pour rejoindre le groupe studio de Motown, dont il devient vite un membre indispensable, au point d’être salarié du label afin de travailler exclusivement pour lui. Jusqu’au déménagement de Motown à Los Angeles, Messina est sur la plupart des disques enregistrés au studio du 2648 West Grand Boulevard, associé à la guitare à Robert White et Eddie Willis. Entendu dès 1959 avec Marv Johnson sur Come to me – le premier single à paraître sur l’étiquette Tamla –, il enregistre ensuite avec toutes les stars du label, des Supremes aux Temptations, en passant par Marvin Gaye, les Four Tops, Stevie Wonder, Smokey Robinson & the Miracles, Junior Walker, Gladys Knight & the Pips.

Parmi les classiques auquel il contribue figurent Dancing in the street de Martha & the Vandellas, I can’t help myself (Sugar pie honey bunch) des Four Tops, For once in my life de Stevie Wonder ou Your precious love de Marvin Gaye & Tammi Terrell. Sur ce dernier titre, il double à la guitare la partie de basse de James Jamerson, une pratique qui lui était habituelle. Son omniprésence en studio ne l’empêche pas de continuer à se produire dans les clubs de Détroit. Il reste aussi actif au début des années 1970, participant aussi bien à “What’s Going On” qu’aux productions de Norman Whitfield pour les Temptations ou Undisputed Truth.

Le départ de Motown de Détroit met à peu de chose près un terme à sa carrière musicale. Après avoir collaboré avec le chanteur Spyder Turner sur quelques projets, il se concentre sur sa carrière extramusicale, qui comprend notamment la gestion d’une bijouterie et d’un lave-auto qui lui appartiennent. Il lui arrive cependant de se produire localement, dans un registre jazz, et il publie en 1993 un album personnel, “Messina Madness”. Il faut attendre les années 2000 et le succès du film Standing in the Shadows of Motown, centré sur l’histoire de ceux que le film baptise les Funk Brothers, pour qu’il réapparaisse réellement sous les projecteurs, partant même en tournée, pour la première fois de sa carrière, avec ses anciens collègues. Avec le décès de Joe Messina, le percussionniste Jack Ashford est désormais le seul membre majeur de l’orchestre Motown encore en vie.

Pervis Spann (1932-2022)

Originaire d’Itta Bena dans le Mississippi – la ville natale de B.B. King –, Pervis Spann s’installe à Chicago après avoir participé à la guerre de Corée et se lance dans une carrière d’animateur radio et d’organisateur de concerts dès la fin des années 1950. Après avoir fait ses débuts sur WOPA, c’est quand il est recruté par les frères Chess pour leur station WVON, destinée à la population afro-américaine, qu’il se fait remarquer. Il y assure en soirée une émission particulièrement populaire consacrée au blues, qui contribue à la diffusion de la production musicale de la ville.

Dans une forme de confusions des genres habituelle à l’époque, il s’occupe également du management d’artistes (dont brièvement B.B. King), de l’organisation et de la production de concerts, en particulier au Regal (c’est lui qui introduit B.B. King dans son fameux album live enregistré sur place et qui couronne formellement Aretha Franklin “Queen of Soul” sur la scène du Regal en 1964), et est propriétaire de différentes boîtes de nuit du Southside, dont le légendaire Burning Spear.

Après la vente de WVON par les frères Chess, il relance la station dès la fin des années 1970 dans un format intégralement consacré au blues et lance une autre station WXSS. Surnommé The Blues Man par ses auditeurs, il anime également une émission de télévision consacrée au genre à la télévision locale, Blues and More. Outre son implication sur la scène musicale de Chicago, il participe au combat pour les droits civiques et tente une carrière politique, sans grande réussite, dans les années 1990. 

John Barnes (19??-2022)

Originaire de Los Angeles, c’est dans les studios de la ville que John Barnes mènera pendant cinq décennies une carrière d’accompagnateur de luxe aux claviers, mais aussi d’auteur-compositeur et de producteur. Il y fait ses premiers pas au début des années 1970, accompagnant notamment Bill Withers et devenant le directeur musical des Miracles, dont le chanteur est alors Billy Griffin. C’est cependant son mentor Joe Sample qui lui permet de se révéler quand il propose à Leon Ware de l’embaucher pour les séances qui deviendront l’album “I Want You” de Marvin Gaye.

À partir de ce moment, Barnes est considéré comme une des pointures locales, et il est sollicité aussi bien par Motown qu’en dehors pour de multiples séances. Il apparaît alors avec Lamont Dozier, les Supremes, les Temptations, les Impressions, Tavares, Minnie Ripperton, les Mighty Clouds of Joy, Smokey Robinson, Thelma Houston, Dusty Springfield, Shalamar, Edwin Starr, Gloria Gaynor (il joue les premières notes de piano en introduction de I will survive), Betty Wright, Lionel Richie… Il est à partir des années 1980 et jusqu’au décès de celui-ci un collaborateur régulier de Michael Jackson, qu’il accompagne sur “Bad”. Il travaille également à d’autres projets du clan Jackson, avec Janet et les Jacksons notamment et contribue aux arrangements de We are the world.

Il poursuit son travail de studio dans les années 1990 et 2000, en particulier avec Alexander O’Neal, Celine Dion, Leonard Cohen, avant de se montrer plus discret. En parallèle à sa carrière d’accompagnateur, il prend régulièrement à partir des années 1980 le rôle de producteur, collaborant avec Billy Griffin, Janet Jakson, Five Stars, les Emotions, Leon Ware et Brenda Russell. Il se consacre essentiellement à partir des années 2000 au gospel. 

Art Rupe (1917-2022)

Dernier survivant des “record men” des années 1950, Art Rupe a mené une carrière relativement brève, mais importante dans l’industrie musicale. Originaire de Pittsburgh, en Pennsylvanie, Rupe décide de se lancer dans le milieu de la musique après la Seconde Guerre mondiale. Après une première tentative infructueuse, il choisit de se positionner sur le marché de la musique afro-américaine, achetant pour 200 dollars de disques pour les étudier !

Avec des partenaires, il fonde Juke Box Music en 1944 et enregistre quelques artistes souvent issus des clubs de Los Angeles, parmi lesquels Roy Milton, Alberta Hunter et les Sepia Tones, puis, après rupture avec ses partenaires initiaux, lance Specialty Records. Avec l’appui de producteurs comme Bumps Blackwell, Johnny Vincent et J.W. Alexander, le label ne tarde pas à connaître le succès grâce à des artistes comme Roy Milton, Percy Mayfield ou Jimmy Liggins et, du côté gospel, les Soul Stirrers, les Swan Silvertones, les Pilgrim Travelers, Alex Bradford, Dorothy Love Coates et Sister Wynona Carr.

Ses contacts à La Nouvelle-Orléans lui permettent de découvrir Lloyd Price, Guitar Slim, Larry Williams, mais aussi Little Richard, dont le Tutti frutti est évidemment un des disques majeurs des débuts du rock ‘n’ roll. À la fin des années 1950, il s’éloigne progressivement de l’industrie musicale, ayant réalisé des investissements très réussis dans le pétrole et gaz, et se contente ensuite de gérer le catalogue éditorial de Specialty et de superviser la réédition régulière des enregistrements du label. 

James Johnson (1940-2022)

Originaire de la petite ville de Erwinville, à quelques miles de Baton Rouge, le jeune James Johnson a une révélation le jour où un certain Albert Collins vient jouer dans son école. À peine sorti de l’adolescence, il ne tarde pas à s’imposer sur la scène blues de Baton Rouge, rejoignant en particulier le groupe de Big Poppa John Tilley, qui avait été le premier mentor de Buddy Guy quelques années plus tôt. Quand celui-ci décide d’abandonner la musique pour la religion, il recommande Johnson à Slim Harpo, qui est déjà une vedette établie localement, grâce à des succès comme I’m a king bee et I got love if you want it.

C’est en tant que bassiste que Johnson intègre en 1959 l’ensemble dont le guitariste est Rudoplh “Rudi” (ou “Rudy”) Richard. Il ne tarde néanmoins pas à passer à la guitare, et c’est cet instrument dont il joue l’année suivante sur Rainin’ in my heart, premier tube national de Slim Harpo. Mais c’est son légendaire solo – le fameux “chicken scratch” – sur le succès suivant de Slim Harpo, Scratch my back, qui sort en 1966, qui établit la réputation de James Johnson. Celui-ci quitte cependant le groupe de Slim Harpo quelques mois plus tard, à la fin de 1966, las de la route et mécontent de la façon dont il est payé. Il abandonne même totalement sa carrière musicale à la fin des années 1960.

C’est une autre figure de la scène de Baton Rouge, le chanteur et harmoniciste Raful Neal, qui le convainc de recommencer à jouer dans les années 1980, d’abord comme bassiste puis comme guitariste, et Johnson fait partie de son groupe jusqu’au décès de celui-ci, en 2004, passant même par le Méridien dans les années 1990, et apparaissant sur l’album “Old Friends” de Neal. Au début des années 2000, il participe avec Raful Neal à l’album de Kenny Neal “A Tribute To Slim Harpo & Raful Neal”, où il retrouve Rudi Richard. Il prend ensuite à nouveau un peu de distance avec le monde de la musique, se contenant essentiellement de prestations locales et de quelques apparitions évènementielles, notamment au Ponderosa Stomp, jusqu’à ce que des problèmes de santé lui interdisent de continuer à jouer. Il publie en 2014 son unique album personnel, “Stingin’ & Buzzin”, gravé avec des musiciens locaux.

Jerry Livingstone (19??-2022)

Figure de la scène musicale de Buffalo, c’est en tant que membre du Stone City Band de Rick James que le bassiste Jerry Livingstone se fait remarquer. Il joue sur plusieurs albums de celui-ci, ainsi que sur certains de ses projets annexes avec Process and the Doo Rags, Val Young et les Mary Jane Girls. Il enregistre également avec Miki Howard, Stephanie Mills, Stacy Lattisaw, Thelma Houston… 

LaShun Pace (1961-2022)

Originaire d’Atlanta, LaShun Pace ne tarde pas à se faire remarquer sur la scène gospel locale, seule et en association avec ses sœurs  Duranice, Phyllis, June, Melonda, Dejuaii, Leslie, Latrice et Lydia. Après un album isolé pour le producteur local Gene Martin, c’est à partir de la fin des années 1980 que les Anointed Pace Sisters commencent à enregistrer régulièrement, connaissant le succès dans les classements gospel avec l’album “U-Know”, paru sur Savoy en 1992. En parallèle, LaShun Pace lance sa carrière personnelle avec l’album “He Lives” au début des années 1990, qui sort également chez Savoy.

Tout en continuant à apparaître régulièrement sur les disques du groupe familial, elle publie une série d’albums sous son nom jusqu’aux années 2000, décrochant même un tube R&B en 2004 avec For my good, et prête sa voix à des disques de Rance Allen, Edwin Hawkins, Clay Evans, Dorothy Norwood… Elle publie également une autobiographie, For My Good But For His Glory, en 2003. Elle avait publié un dernier single, God sent me Tyrone, en 2017.

Pierre Papadiamandis (1937-2022)

Collaborateur habituel d’Eddy Mitchell dès les années 1970, Pierre Papadiamandis a également composé la musique de deux titres gravés par Ray Charles : Precious thing (en duo avec Dee Dee Bridgewater) et Say no more

Bobby Weinstein (1939-2022)

Originaire de New York, C’est avec un groupe doo wop, les Legends, qui publie une poignée de singles à la fin des années 1950, que Bobby Weinstein fait ses débuts dans l’industrie musicale. S’il tentera ensuite à plusieurs reprises de se faire remarquer comme chanteur (notamment sous le nom de Bobby Wilding), c’est comme auteur-compositeur, bien souvent en partenariat avec Teddy Randazzo, qu’il fait essentiellement carrière, co-signant en particulier les classiques I‘m on the outside (Looking in), Goin’ out of my head et Hurt so bad pour Little Anthony and the Imperials et It’s gonna take a miracle pour les  Royalettes.

Dee Dee Sharp, Georgie Fame, Esther Phillips, Derek Martin, Nancy Wilson, Ramsay Lewis, Darell Banks, Smokey Robinson & The Miracles, Gladys Knight & The Pips, Patti Austin, les Delfonics, les Box Tops, les Shirelles, Dionne Warwick, les Stylistics, Gloria Gaynor, Deniece Williams, Luther Vandross et bien d’autres ont enregistré ses chansons. Il occupe ensuite différents postes de cadre dans des organismes représentatifs de l’industrie.

Fred Johnson (19??-2022)

Originaire de Pittsburgh, Fred Johnson est encore au lycée quand il monte avec quelques camarades un groupe vocal baptisé, en hommage à une coiffure à la mode, les Marcels. Remarqués par Colpix, le groupe entre en studio en février 1961 pur enregistrer une série de titres, dont la reprise d’une ballade de Rodgers & Hart, Blue moon. Si le chant principal est assuré par Cornelius Harp, c’est l’intro chantée par la voix de basse de Fred Johnson – Bomp ba ba bomp, ba bomp ba bomp bomp, baba bomp baba bomp, da dang da dang dang, da ding and dong ding – qui fait remarquer le disque, qui monte jusqu’au sommet des classements R&B et pop de Billboard et devient un classique immédiat.

Le succès les conduit à tourner dans tout le pays – ce qui les oblige à se séparer des deux membres blancs du groupe, l’idée d’un ensemble mixte étant intolérable dans le Sud – et à apparaître aux côtés de Dion et Chubby Checker dans le film Twist Around the Clock. Si le single suivant, Heartaches, connaît également un beau succès, la réussite commerciale s’arrête bien vite, même si le groupe enregistre jusqu’au milieu des années 1960. Le revival doo-wop des années 1970 les relance sur le circuit de la nostalgie, où le groupe se produit régulièrement au moins jusqu’aux années 2000. Dans le courant des années 1990, Johnson quitte temporairement l’ensemble pour monter sa version du groupe, mais il retrouve ses collègues à la fin de la décennie et continue ensuite à se produire avec eux.  

Charles McCormick (19??-2002)

Originaire de Kansas City, le bassiste et chanteur Charles McCormick participe à la fondation, au début des années 1960, des Sinceres, avec qui il se produit dans tout le pays, mais aussi en Europe. C’est d’ailleurs à l’occasion d’une tournée anglaise que le groupe, rebaptisé Bloodstone, décroche son premier contrat discographique avec Decca pour un premier album éponyme qui sort en 1972. Si ce disque n’est pas distribué aux États-Unis, c’est le cas de son successeur, “Natural High”, produit par Mike Vernon. La chanson titre, écrite et chantée par McCormick, devient un tube – 10e dans le Hot 100, 4e côté R&B – et un petit classique, qui apparaît même dans la bande originale du film Jackie Brown de Tarantino.

S’il ne retrouve plus ce niveau de succès par la suite, le groupe publie une série d’albums jusqu’à la fin de la décennie et classe quelques titres dans les charts R&B. Si McCormick quitte brièvement l’ensemble au début des années 1980, le temps de publier quelques singles sous son nom, il le retrouve par la suite et tournait encore il y a quelques mois avec la dernière version en date sur le circuit de la nostalgie. Il avait publié en 2012 un album personnel, “Many Moods of Charlie Mack”.

Orlando Julius (1943-2022)

Figure majeure de la scène musicale nigériane, le saxophoniste et chanteur Orlando Julius incorpore dès les années 1960 des influences soul et funk dans sa musique, enregistrant notamment un hymne à James Brown, Ride on James Brown. Installé aux États-Unis au début des années 1970, il intègre le groupe de Hugh Masekela et tourne largement sur le circuit soul et funk, avant de retourner au Nigéria dans les années 1980. À partir des années 2000, ses disques sont redécouverts et réédités, lui offrant une nouvelle carrière en Europe et aux États-Unis.

Donald Smith (1943-2022)

Originaire de Richmond, en Virginie, le chanteur, pianiste et flûtiste Donald Smith naît dans une famille musicale : son père, Lonnie Liston Smith Sr., fait partie du groupe gospel the Harmonizing Four et son frère, Lonnie Liston Smith, se fait remarquer dès la fin des années 1960 aux claviers aux côtés de Roland Kirk et Pharoah Sanders. Après des études de musique à la University of Illinois at Urbana-Champaign, où il croise notamment la route de George Duke et Dee Dee Bridgewater, il s’installe à New York et commence à se produire en club. C’est néanmoins quand il rejoint le groupe de son frère, les Cosmic Echoes, au milieu des années 1970, que sa carrière décolle réellement.

Jusqu’aux années 1990, sa voix et sa flûte sont des éléments majeurs du son de Lonnie Liston Smith, apparaissant sur des albums majeurs comme “Expansions”, “Visions of a New World” et “Reflections of a Golden Dream”. À la flûte ou aux claviers, il enregistre également aux côtés d’Oliver Lake, Archie Bell, Lester Bowie, Fontella Bass… Il publie également en 1976 son unique album personnel, en trio avec Cecil McBee et Jack DeJohnette, “Luv”. Après avoir quitté le groupe de son frère, il se produit régulièrement en club à Harlem et enregistre ponctuellement, en particulier avec le tromboniste Dick Griffin et sur un projet monté par le musicien et promoteur autrichien Paul Zauner, “Great Voices Of Harlem”, où il partage le chant avec Gregory Porter.

Bobby Starr (1937-2022)

Originaire de Baltimore, Robert Ferguson se produit avec différents groupes locaux avant de se trouver un pseudonyme plus glamour et de faire ses débuts discographiques avec Bobby Starr and the Versatilles. Il est ensuite embauché par les Intruders pour remplacer leur chanteur principal Sam “Little Sonny” Brown à partir de l’album “When We Get Married”. Si le groupe se sépare au milieu des années 1970, il ne tarde pas à se reformer, et Bobby Starr pilote ensuite sa propre version des Intruders sur le circuit de la nostalgie.

Roderick “Pooh” Clark (1973-2022)

Membre du groupe texan Hi-Five, Clark apparaît sur leurs succès du début des années 1990, parmi lesquels les numéros un R&B I can’t wait another minute et I like the way (The kissing game), mais sa carrière s’interrompt brutalement quand il est grièvement blessé dans un accident de voiture.

Textes : Frédéric Adrian