;
Hommages / 16.05.2021

Ils nous quittent : Denny Freeman, Al Schmitt, Brian “B.J.” Jones, Parris Bowens, Mark “Bubba” Bynum…

Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment. 

Denny Freeman (1944-2021)
Né à Orlando en Floride, c’est au Texas, à Dallas, que grandit le jeune Denny Freeman. Il fait ses débuts musicaux au lycée avec un groupe rock baptisé les Corals, mais c’est lorsqu’il s’installe à Austin que sa carrière démarre réellement. Il y rejoint les Cobras du chanteur Paul Ray, où il partage le poste de guitariste avec Stevie Ray Vaughan, ainsi que Southern Feeling, avec W.C. Clark et Angela Strehli. Comme nombre de musiciens de la scène d’Austin alors en plein ébullition, il a ses habitudes au club Antone’s, dont il rejoint le house band pour accompagner les vedettes de passage, d’Otis Rush à Buddy Guy, tout en menant les Cobras dont il est devenu le leader après le retrait de Paul Tay. Un album live crédité à Denny Freeman And The Cobras, enregistré en 1981 mais publié dix ans plus tard par Crosscut, illustre cette période. Lorsque Clifford Antone lance son label, il est à nouveau de la partie et, au sein de l’orchestre d’Angela Strehli, en inaugure le catalogue, avant de participer à différentes séances (Lou-Ann Barton, Snooky Pryor, James Cotton, Sur Foley…) où il est bien souvent aux claviers plutôt qu’à la guitare. À partir du milieu des années 1980, il s’engage également dans la publication de disques personnels, généralement instrumentaux, avec les albums “Blues Cruise” et “Out Of The Blue”. 

Installé au début des années 1990 à Los Angeles, il rejoint, aux claviers, le groupe de Jimmie Vaughan (il apparaît sur les albums “Strange Pleasure” et “Out There”), puis, à la guitare, le Phantom Blues Band de Taj Mahal (documenté sur l’album de Mahal “Shoutin’ In Key – Live” ainsi que sur “Footprints” du Phantom Blues Band), et enfin celui de Bob Dylan, où il séjourne de 2005 à 2009, participant notamment à l’album “Modern Times” ainsi qu’aux tournées interminables de celui-ci. Il publie plusieurs albums personnels pendant cette période (“A Tone For My Sins” et “Twang Bang”) et participe occasionnellement à des séances pour d’autres. De retour à Austin en 2011, il s’y produit dans les clubs, notamment le Continental Club et, évidemment, Antone’s, et publie en 2012 un dernier album instrumental consacré au répertoire de son ancien patron, “Diggin’ On Dylan”. Très discret ces dernières années, il avait fait une apparition en 2019 sur l’album “Get Here Quick” des Texas Horns, ainsi que sur quelques productions locales. 

Photo © statesman.com

Al Schmitt (1930-2021)
Si le nom d’Al Schmitt ne dit pas grand-chose au grand public, les vingt Grammys qu’il a gagné entre 1962 et 2013 viennent témoigner du rôle qu’il a joué dans le monde de la musique à partir de la fin des années 1950 : il est sans doute une des rares personnes dont le CV comprend des références à Arthur Rubinstein, Ray Charles, Frank Sinatra, Bob Dylan, Elvis Presley et Henri Mancini. C’est en tant qu’ingénieur du son qu’il fait ses débuts à la fin des années 1950, faisant notamment son apprentissage aux côtés de Tom Dowd, avant de rejoindre le studio Radio Recorders de Los Angeles puis celui de RCA avant de se lancer en indépendant au milieu des années 1960. Il développe également une activité de producteur à partir de 1963, d’abord pour RCA puis en indépendant à partir des années 1970 et jusqu’à la fin des années 2000. En tant qu’ingénieur du son, il contribue, dans les musiques qui intéressent Soul Bag, à différents disques de Ray Charles, des faces ABC à “Genius Loves Company” de 2004, aux enregistrements RCA de Sam Cooke, ainsi qu’à des albums d’Earth Wind & Fire, Arthur Adams, Phil Upchurch, Al Jarreau, George Benson, Dr. John, Randy Crawford, Brenda Russell, Four Tops, Dionne Warwick, Peabo Bryson, Joe Sample, Lalah Hathaway, Tower of Power, Natalie Cole, Teddy Pendergrass, Diana Ross, Nina Simone, Anita Baker, Luther Vandross, Patti Austin, Gladys Knight, Gregory Porter, Robert Cray… En tant que producteur, il est aux commandes pour une partie des faces RCA de Sam Cooke (dont Shake et le “Live At The Copa”) ainsi que pour des disques de Big Mama Thornton, Al Jarreau, George Benson, Hot Tuna… 

Brian “B.J.” Jones (19??-2021)
Figure familière des clubs de Chicago comme le Theresa’s au moins depuis les années 1980, c’est au sein du groupe de Joanna Connor, pour le premier album de celle-ci, que le batteur B.J. Jones fait ses débuts discographiques. Il enchaîne ensuite les séances tout au long des années 1990 au service de vétérans comme Junior Wells (“Better Off With The Blues”, “Everybody’s Gettin’ Some”), James Cotton (“Living The Blues”) ou Eddy Clearwater (“Mean Case Of The Blues”, “Help Yourself”) mais aussi de plus jeunes talents comme Larry Garner ou Sandra Hall. À la fin des années 2000, il intègre les Teardrops de Magic Silm, participant aux albums “Raising The Bar” et “Bad Boy” ainsi qu’aux nombreuses tournées de son patron. Il était ainsi de la partie pour la tournée de 2010 passée par le Méridien à Paris et le festival À Vaulx Jazz ainsi que pour les “nuits du blues” des festivals Jazz à Junas et Jazz à Vienne en 2012. Au décès de Magic Slim, il poursuit quelques temps avec son fils Shawn Holt, et participe à différents groupes emmenés par Vince Agwada ou Frank Bang, l’ancien guitariste de Buddy Guy, avec lesquels il se produit régulièrement dans les clubs de Chicago. Il avait également participé à l’album “John The Conquer Root” de Toronzo Cannon. 

Brian Jones. © Brigitte Charvolin

Parris Bowens (1980-2021)
Originaire de Philadelphie, le clavier Parris Bowens est découvert par le chanteur gospel Tye Tribbett à la fin des années 1990 et rejoint son groupe, avec lequel il enregistre plusieurs albums dans les années 2000. En parallèle, il devient un musicien de studio très apprécié sur la scène de sa ville natale et au-delà, aussi bien du côté séculier – il accompagne sur disque Eric Roberson, Vivian Green, Gerald Levert, Brandy, Musiq Soulchild et même Justin Timberlake, entre autres – que du côté gospel, en apparaissant sur des enregistrements de Marvin Sapp, Kierra “Kiki” Sheard, Myron Butler, ainsi que sur l’album “Covered: Alive In Asia” d’Israel & New Breed, récompensé aux Grammys. Il publie également plusieurs albums personnels de façon indépendante. 

Mark “Bubba” Bynum (19??-2021)
Basé à Memphis, Mark Bynum fait partie des Bar-Kays à partir de la fin des années 1970 et contribue largement, comme clavier, chanteur et co-auteur occasionnel, à leurs albums pour Mercury. S’il quitte le groupe au milieu des années 1980, il le retrouve ultérieurement et en faisait encore partie dernièrement. Il apparaît également sur des disques de Margie Alexander et des Staple Singers et avait participé en 1997 au Porretta Soul Festival au sein du Memphis All Star R&B Band. 

Billy Franze (19??-2021)
Figure de la scène de Minneapolis depuis les années 1980, le guitariste Billy Franze avait participé à différents projets discographiques de l’univers princier (avec the Steeles, Mavis Staples, Rosie Gaines, Mayte, Ricky Peterson, St Paul Peterson…) et enregistré avec Percy Strother, Jonny Lang, Viola Wills, Oleta Adams et Rockie Robbins. 

Ed Ward (1948-2021)
Journaliste spécialisé dans la musique, longtemps figure de la scène d’Austin, Ed Ward a collaboré au cours de sa carrière à de nombreux médias, de Rolling Stone au New York Times en passant par la radio publique américaine NPR. Il a écrit les notes de livrets de nombreux disques, dont des anthologies Vanguard consacrées à Skip James, Mississippi John Hurt et Big Mama Thornton et la compilation de référence “To Be Free: The Nina Simone Story”. 

Columbus Gregory (1930-2021)
Spécialisé dans le gospel, Columbus Gregory anime différentes émissions sur les radios de St Louis dans le Missouri et monte son propre label, Redi-Soul Record, qui publie des 45-tours d’artistes locaux, dont les Williams Singers et les Christian Travelers. Il apparaît dans le film Say Amen, Somebody.

Textes : Frédéric Adrian

Al SchmittBrian “B.J.” JonesDenny FreemanFrédéric AdrianMark “Bubba” BynumParris Bowens