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Hommages / 06.09.2020

Ils nous quittent : Delores Washington, Salome Bey, Green McLauren, Eddie Daniels, Jerry Strickland…

Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment. 

Delores Washington (19??-2020)
C’est au sein des Caravans, aux cotés de Shirley Caesar et Inez Andrews que se fait remarquer la voix de soprano de Delores Washington à partir de la fin des années 1950. Elle quitte le groupe en 1967 en même temps que le pianiste James Herndon, dont elle rejoint l’ensemble et avec qui elle grave plusieurs disques pour Savoy (dont un disque de duo, “Dynamic Gospel Duets”, crédité à James And ‘Dee’). Elle publie également deux albums solos pour Gospel, une marque annexe de Savoy, et retrouve ponctuellement les Caravans – en 1976 pour l’album “Share!” et dans les années 2000 (“Saved The Way”, sur Malaco). Elle se produit aussi (notamment en Europe à l’initiative de Willy Leiser) avec les Shirley Wahls Singers, dont l’album “Negro Spiritual Gospel Songs – Down By The Riverside” est publié en 1996 par Black & Blue. 
Photo © Brigitte Charvolin

Salome Bey (1933-2020)
Considérée comme la “First Lady of Blues” du Canada, la chanteuse avait fait ses débuts avec un trio vocal familial, Andy and the Bey Sisters, avec son frère Andy (qui aura ensuite une brillante carrière personnelle) et sa sœur Geraldine. L’ensemble tourne régulièrement, y compris en France à la fin des années 1950, et enregistre plusieurs albums avant de se séparer. Tout en lançant sa carrière personnelle avec deux disques solos, elle collabore avec le pianiste Horace Silver et le compositeur Galt MacDermot, qui produit pour elle l’album “Salome Bey Sings Songs From Dude”, enregistré avec des pointures comme Bernard Purdie et Cornell Dupree. Elle s’illustre également à Broadway, notamment dans la comédie musicale Your Arms Too Short to Box with God. Installée au Canada dès le début des années 1960, elle y poursuit avec succès sa carrière sur scène et sur disque jusqu’en 2011, où des problèmes de santé lui imposent de prendre sa retraite. 

Green McLauren (19??-2020)
Après des débuts dans le gospel au sein du Greater Harvest Baptist Church Choir de Chicago – il assure la voix soliste de leur What a difference in my life, paru en 1962 sur Sharp –, Green McLauren (dont le nom est parfois orthographié McLaurin) fait le grand saut vers la musique séculière en rejoignant les Radiants, formé quelques années plus tôt par son camarade de chorale Maurice McAllister. Il participe aux premiers 45-tours du groupe pour Chess – notamment le petit succès Father knows best – mais les quitte aux environs de 1963. Lorsque McAllister quitte à son tour les Radiants quelques années plus tard, les deux chanteurs fondent le duo Maurice & Mac, qui enregistre jusqu’au début des années 1970 pour Checker puis Chess, gravant une série de faces remarquables sous le pilotage de Rick Hall dans les studios Fame (le sublime You left the water running) puis à Chicago avec Gene Barge, sans cependant décrocher le moindre succès. Après un ultime single pour le micro label Brown Sugar Records – toujours avec Gene Barge –, le duo disparaît à peu de choses près de la circulation, même si McAllister et McLauren apparaissent, dans les années 1970 et 1980, sur plusieurs albums d’Inez Andrews. Les faces Chess et Checker des Radiants et de Maurice & Mac n’ont jamais fait l’objet d’une compilation de qualité…

Eddie Daniels (19??-2020) 
Si sa carrière solo (qui fait suite à un séjour de 3 ans au sein des Medallions de Vernon Green) se résume à une poignée de singles pour Ebb (le classique I wanna know), Starla et Silver (en duo avec Jewel Akens sous le nom de Jewel And Eddie) à la fin des années 1950, c’est en tant qu’accompagnateur que le chanteur et pianiste originaire de Watts laisse sa marque, se faisant entendre entre autres sur Raunchy d’Ernie Freeman, Rockin’ Robin de Bobby Day, Pretty girls everywhere d’Eugene Church et de nombreuses faces de Bob & Earl, qu’il accompagne également sur scène pendant une bonne partie des années 1960. Il s’associe ensuite à Zola Taylor, la voix féminine des Platters, et poursuit cette connexion après le décès de celle-ci en dirigeant, jusqu’à très récemment, ses Amazing Platters, tout en participant ponctuellement à des concerts revival rock ‘n’ roll. 

Jerry Strickland (19??-2020)
Si sa carrière d’interprète a été éphémère – une poignée de 45-tours, dans un registre rock garage, au milieu des années 1960, sous le nom Don & Jerry –, c’est en tant qu’auteur-compositeur, producteur et patron de maison de disque que Jerry Strickland a laissé sa marque, jouant un rôle fondamental au sein de la scène soul de Shreveport, en Louisiane, et dans la carrière d’artistes qui en sont issus, comme Bobby Patterson, Reuben Bell ou Eddie Giles. Co-fondateur fin 1968 de la Sound City Recording Corp. et de son studio, Sound City Recording, il dirige notamment les labels Alarm (Reuben Bell, Ted Taylor…) et Soul Power (Tommie Young, African Music Machine…). Producteur occasionnel, c’est cependant comme auteur-compositeur qu’il est le plus productif. Il est notamment l’auteur, en collaboration avec Bobby Patterson, des classiques Open house at my house (Little Johnny Taylor), How do you spell love (Bobby Patterson) et That’s what the blues is all about (Albert King), et ses chansons ont été interprétées, entre autres, par Roscoe Robinson, Margie Joseph, Fontella Bass, Dorothy Moore, Z.Z. Hill et les Fabulous Thunderbirds.  

Martin Birch (1948-2020)
Principalement renommé en tant que producteur dans un registre rock musclé (de Deep Purple à Iron Maiden), Martin Birch avait débuté sa carrière à la fin des années 1960 en tant qu’ingénieur du son, enregistrant notamment le Fleetwood Mac de Peter Green et Memphis Slim. Il contribue également au mixage de “Hooker ’N Heat”, l’album partagé entre Canned Heat et John Lee Hooker.

Edward Hamilton (19??-2020)
Originaire d’Alabama, c’est sur la scène soul de Détroit qu’Edward Hamilton se fait remarquer, publiant au milieu des années 1960 une série de singles sous son nom et au sein des Arabians pour différents labels locaux, bien souvent sous la houlette du producteur Lou Beatty. Plusieurs de ses titres sont devenus des classiques sur la scène northern.

George “Lee” Attale (19??-2020)
Guitariste quasi exclusivement rythmique, il fit partie pendant douze ans du Soileau Zydeco Band de Keith Frank avec qui il enregistra pas moins de 13 albums. Il avait pris sa retraite en 2005. 

Charlie Persip (1929-2020)
Originaire du New Jersey, c’est au sein des différents ensembles de Dizzy Gillespie que le batteur se fait remarquer dans le courant des années 1950 avant de se lancer dans une carrière de sideman de luxe – il n’a que peu enregistré sous son nom – accompagnant notamment sur disque Dinah Washington, Ray Charles (album “The Genius Of”), David Newman, Joe Turner, Louis Jordan, George Benson, Quincy Jones et bien d’autres. 

Peter King (1940-2020)
Figure majeure de la scène jazz britannique dès la fin des années 1950 – il est le premier artiste à l’affiche du Ronnie Scott’s –, le saxophoniste et clarinettiste a contribué au fil des ans à de nombreux projets en plus de sa carrière personnelle, enregistrant notamment avec Quincy Jones, Alexis Korner, Jimmy Witherspoon et Hal Singer et tournant brièvement, à la fin des années 1960, avec Ray Charles. 

Mark Colby (1949-2020)
Ancien des groupes de Maynard Ferguson et Bob James, le saxophoniste avait également contribué à des albums de Dr. John, Koko Taylor, Wilson Pickett et Sam Moore. 

Verline Rogers (19??-2020)
La chanteuse soprano rejoint les Meditation Singers (qui comprennent alors Laura Lee) au début des années 1960 et participe à leurs enregistrements jusqu’à la fin de la décennie, interprétant notamment sa propre composition Stay with me sur l’album “The Bad Apple”, paru sur Checker en 1968. 

Leo Coney (19??-2020)
Membre fondateur des Violinaires, au tout début des années 1950, à Détroit, Leo Coney en est la voix de basse pour les tous premiers enregistrements – y compris le 45-tours Gotham auquel participe Wilson Pickett – et les enregistrements séculiers (Darling Patricia), parus sur JVB sous le nom des Gales. Il quitte le groupe, qui enregistre alors pour Checker, en 1966 pour aller fonder les Gospel Classics, qui enregistrent jusqu’au début des années 1980 pour Checker, Creed et Raven et connaissent à la fin des années 1960 un certain succès avec leur single More love, that’s what we need. 

Richard Wallace (1940-2020)
Originaire du Texas mais installé en Californie, Richard Wallace fait ses débuts discographiques avec les Stars of Bethlehem sur Ensign en 1960, puis grave un single sous son nom pour le même label. Il rejoint ensuite les Mighty Clouds of Joy, dont il reste membre jusqu’au début des années 2010 tout en en assurant une partie du management. Il était le dernier survivant du groupe initial qui avait commencé à enregistrer pour Peacock en 1960. 

Textes : Frédéric Adrian

Brigitte CharvolinDelores WashingtonEddie DanielsFrédéric AdrianGreen McLaurenJerry StricklandMartin BirchSalome Bey