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Hommages / 09.03.2021

Ils nous quittent : Chris Barber, Sammy Blue, Doug Grisby, James Burke, George Phillips Jr…

Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment. 

Chris Barber (1931-2021)                  
Figure majeure de la scène jazz européenne à partir des années 1950, le tromboniste et chef d’orchestre s’est fait connaître dans un registre “trad”, décrochant notamment un tube avec une version du Petite fleur de Sidney Bechet, incluant dans sa musique une évidente composante blues, grâce notamment au chant de Ottilie Patterson, qu’il épouse à la fin des années 1950. Il a aussi joué un rôle majeur dans le développement de la scène blues et rhythm and blues européenne, en invitant à se produire, bien souvent pour la première fois en Europe, des artistes comme Big Bill Broonzy, Sonny Terry et Brownie McGhee, Muddy Waters ou Sister Rosetta Tharpe et en parrainant les débuts de musiciens locaux comme Lonnie Donegan, Brian Auger ou Alexis Korner. Musicien d’ouverture, sa vision artistique dépassait de loin le cadre parfois étroit de l’orthodoxie “trad”, et il a croisé la route, sur disques et sur scène, de nombreux musiciens blues et R&B, de Dr John (avec qui il a gravé plusieurs albums) à Louis Jordan, en passant par Van Morrison, Eddie Bo, Jeff Healey, John Mayall… 
Photo © Michael Ochs Archives / Getty Images

Sammy Blue (1951-2021)
Né à Atlanta, élevé à Decatur, en Géorgie, Sammy Blue est encore enfant quand il est exposé à la musique, par le biais de l’église où est affilée sa mère, mais aussi grâce à un oncle bootlegger et organisateur de fêtes mémorables où se produisent des musiciens locaux comme Curley Weaver et Buddy Moss, qui devient le premier professeur de guitare de l’adolescent. Il découvre également les musiques populaires du moment qu’il s’agisse de la soul – à l’âge de onze ans, un concert réunissant Ray Charles, Clarence Carter et Little Stevie Wonder lui fait une forte impression – ou du rock du moment. Devenu à 15 ans videur à l’Atlanta City Auditorium, il y entend aussi bien T-Bone Walker que Rod Stewart ou Alice Cooper, et croise la route de Jimi Hendrix. S’il commence à se produire professionnellement, il poursuit également son apprentissage auprès des figures fondatrices du blues, accompagnant par exemple Johnny Shines sur la route. 

Après avoir rencontré Muddy Waters et Bruce Iglauer, il s’installe à Chicago où il passe quelques années, travaillant notamment pour Delmark et Alligator et fréquentant la scène blues locale. En 1978, il revient brièvement à Atlanta, mais décide de quitter le Sud pour s’installer à San Francisco, où il est embauché par Taj Mahal comme roadie. Après plusieurs années à accompagner Taj Mahal sur la route, il se pose à nouveau, cette fois à Houston, où il en profite pour relancer sa carrière personnelle. Outre de nombreux concerts, il enregistre son premier album, sous le nom de Sam Blue, “Delta”, publié sur le label Lunar #2, avant de retourner s’installer à San Francisco, puis, au milieu des années 1980, à Atlanta. Bien installé sur la scène blues de la ville, il se produit occasionnellement dans des festivals ainsi qu’en Europe et accompagne sur disque Beverly “Guitar” Watkins (l’album “Back In Business”), mais doit attendre le début des années 2000 pour retrouver les bacs des disquaires sous son nom avec “Everythang & Mo’”, publié sur Hottrax Records, suivi de plusieurs autres albums dont “Blues Odyssey” et “Live At the Blue Note West” dont la diffusion reste limitée. Il développe également une carrière d’acteur qui le voit apparaître dans plusieurs pièces, films et séries télévisées, notamment dans Une nouvelle chance de Clint Eastwood, dont la bande originale reprend une de ses chansons. Rien de tout cela cependant ne lui permet d’acquérir une notoriété qui dépasse sa ville natale, malgré quelques passages européens, et c’est là qu’il se produisait encore régulièrement – notamment à la Northside Tavern – il y a quelques mois. 

Sammy Blue. © DR

Doug Grisby (19??-2021)
Originaire de Philadelphie, le bassiste fait ses débuts alors qu’il est tout juste adolescent au sein de l’orchestre de Patti LaBelle. Il s’impose comme une figure des studios de Philadelphie à partir du début des années 1980, enregistrant avec Eugene Wilde, Teddy Pendergrass, Jean Carne et Harold Melvin & the Blue Notes, puis, au-delà de sa ville natale, avec Rose Royce, Gladys Knight & the Pips, The Time, Luther Vandross, Michael Jackson, Rick James, Taj Mahal… Mais c’est avec Teena Marie qu’il noue la relation créative la plus profonde. Membre de son orchestre de scène, il participe à l’ensemble de ses albums à partir de 1990 (“Ivory”) jusqu’au “Beautiful” posthume, à la fois comme accompagnateur, coproducteur et coauteur occasionnel. 

James Burke (1950-2021)
Triste période pour la dynastie Burke de Chicago : six mois à peine après le décès du patriarche Clarence Burke Sr, c’est au tour de l’un des enfants, James, de décéder. Comme ses quatre frères et sa sœur, James Burke avait participé, sous l’égide paternelle, à l’aventure des Five Stairteps et à leurs différents succès entre 1965 et 1976. À la fin des années 1970, après la séparation des Stairsteps, il retrouve Clarence Jr, Keni et Dennis au sein de l’Invisible Man’s Band, qui enregistre deux albums en 1980 et 1981. Il ne semble pas avoir poursuivi dans l’industrie musicale ensuite. 

George Phillips Jr (19??-2021)
Originaire du Maryland, c’est avec ses frères – Ernesto, Lloyd, Orlando et Gregory – que le clavier et chanteur fait ses débuts musicaux au sein de J.R. and the Royals, plus tard rebaptisé Licyndiana. Sans Lloyd mais avec l’addition de Ky Adeyemo et de Renee Diggs, le groupe prend le nom de Starpoint et publie son premier album en 1980 sur Chocolate City, une filiale de Casablanca. Sa sortie, accompagnée par le petit tube R&B I just wanna dance with you, ouvre la carrière du groupe, qui enchaîne les albums jusqu’à la fin de la décennie – tout juste dix jusqu’en 1990, pour Chocolate City et Elektra. Si le succès grand public reste limité (seul Object of my desire atteint le Top 40 en 1985), le groupe est une présente constante dans les charts R&B, avec plus d’une vingtaine de titres classés en dix ans, et s’impose sur le circuit live, tournant notamment avec Morris Day et Luther Vandross. Au chant – parfois en soliste – et aux claviers, George Phillips Jr participe à l’ensemble des enregistrements du groupe et cosigne quelques titres. Quand le succès du groupe ralentit, il se lance dans une seconde carrière en tant que responsable d’un programme de soutien aux victimes d’addictions, tout en participant ponctuellement à différentes reformations, avec notamment un passage en France, à Lyon, en 2011. 

Richard Olivier (1945-2021)
Réalisateur de documentaires, notamment pour la RTBF, Richard Olivier était à l’origine du film Marvin Gaye Transit Ostende, consacré au séjour du chanteur dans la cité balnéaire et riche en séquences mémorables. 

Textes : Frédéric Adrian

Chris BarberDoug GrisbyFrédéric AdrianGeorge Phillips JrJames BurkeSammy Blue