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Hommages / 22.11.2020

Ils nous quittent : Bob Riedy, Bruce Swedien, Andrew White, Gino Blacknell Jr…

Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment. 

Bob Riedy (1946-2020)
Originaire du Wisconsin, Robert Michael Riedy s’installe à Chicago à la fin des années 1960. Inspiré par Otis Spann, il prend des leçons avec Erwin Helfer. Il commence à se produire sur la scène blues locale avec son propre groupe, tout en accompagnant sur disque et sur scène les bluesmen locaux et en organisant des shows pour eux. Il apparaît ainsi en 1973 sur l’album “Gold Tailed Bird” de Jimmy Rogers publié sur Shelter, ainsi que sur des enregistrements de Mighty Joe Young, Carey Bell (les faces de l’anthologie “Living Chicago Blues”), Eddy Clearwater, Jimmy Johnson et Johnny Young. Ce dernier appartient d’ailleurs pendant plusieurs années au groupe de Riedy, qui publie deux albums dans le courant des années 1970 sur Flying Fish et Rounder. En parallèle, Riedy organise de nombreux shows dans les clubs du North Side – Biddy Mulligan’s, Wise Fool’s Pub, The Peanut Barrel – pour les artistes dont il s’occupe au sein de RMR Productions, parmi lesquels figurent Otis Rush, Carey Bell, Lonnie Brooks, Eddy Clearwater et bien d’autres.

À la fin de la décennie, cependant, il s’éloigne du monde musical pour devenir comptable dans l’entreprise familiale, tout en se produisant de façon occasionnelle. En 2009, il accompagne ainsi son vieux camarade Eddy Clearwater pour une séance produite par Bob Corritore dont un extrait apparaît sur l’album “Harmonica Blues” de celui-ci. Au milieu des années 2010, une anthologie d’enregistrements réalisés lors de shows organisés par ses soins au cours des années 1970, “Bob Riedy’s Chicago Blues Shows of the 70’s”, avec des titres de John Littlejohn, Johnny Young, Jimmy Rogers, Carey Bell, Magic Slim et Eddy Clearwater, est parue sur son propre label, Chicago Sound Recordings, ainsi qu’un double CD d’enregistrements live de son propre groupe, mais l’absence de distribution en rend l’accès fort aléatoire. 
Photo © André Hobus

Bruce Swedien (1934-2020)
Originaire de Minneapolis, l’ingénieur du son Bruce Swedien y ouvre son premier studio au milieu des années 1950 avant de s’installer à Chicago. C’est là qu’il fait la connaissance de Quincy Jones, alors vice-président de Mercury, et les deux hommes travaillent ensemble sur plusieurs albums, notamment pour Dinah Washington et Sarah Vaughan. Cette collaboration se poursuivra au fil des décennies : Swedien est bien souvent l’ingénieur du son des projets de Jones, qu’il s’agisse des albums parus sous nom (“I Heard That!!”, “The Dude”, “Back On The Block”, “Q’s Jook Joint”…) , des musiques de film auxquelles il contribue  (The Color Purple, The Wiz…) ou de ses productions (les albums de Michael Jackson, en particulier, mais aussi les Brothers Johnson, Rufus avec Chaka Khan, George Benson, Donna Summer…).

En parallèle Swedien travaille régulièrement dans les années 1970 et 1980 pour différents labels de Chicago sans distinction de genre, enregistrant des disques de Muddy Waters, Ramsey Lewis, Cleophus Robinson, Art Blakey, Count Basie, Tyrone Davis, Buddy Miles, les Chi-Lites, Jackie Wilson, Lionel Hampton, Jerry Butler, Natalie Cole… Il reste très actif dans les années 1980 et 1990, travaillant entre autres pour Johnny Guitar Watson, Roberta Flack, James Ingram, Sergio Mendes, Michael McDonald, Herbie Hancock ou… Kim Wilde. Producteur occasionnel, il collabore dans ce rôle avec les Chi-Lites, René & Angela et New Edition. Plus discret par la suite, il avait quand même travaillé ponctuellement ces dernières années, en particulier pour plusieurs albums de Jennifer Lopez. Nommé à douze reprises aux Grammys, il en avait remporté cinq. 

Andrew White (1942-2020)
Multi-instrumentiste – saxophone, hautbois, basse électrique en particulier –, Andrew White fait ses débuts sur la scène jazz de Washington au début des années 1960. S’il se produit principalement en tant que saxophoniste (avec McCoy Tyner, Weather Report, Julius Hemphill…) , il travaille également en tant que bassiste au sein de l’orchestre de scène de Stevie Wonder à la fin des années 1960 et enregistre dans ce rôle derrière Marion Williams et les Fifth Dimension. Who got the funk?, extrait de son premier album du même nom, est un petit classique du genre, mais l’essentiel de sa discographie personnelle publiée sur son propre label se situe dans un registre jazz plus classique. Musicologue réputé, il a publié plusieurs ouvrages de transcriptions de l’œuvre de John Coltrane qui font autorité.

Gino Blacknell Jr. (19??-2020)
Fils du guitariste Eugene Blacknell, figure majeure de la scène soul et funk de la Bay Area des années 1960 à son décès en 1990, Gino Blacknell Jr – dont le diminutif est parfois orthographié Geno – fait ses débuts dans l’orchestre paternel, avant de poursuivre une carrière polyvalente (musicien, producteur, ingénieur du son) sur la scène musicale californienne, collaborant en particulier avec les Whispers, Lenny Willams, Con Funk Shun, Fillmore Slim et Joe Louis Walker, qu’il accompagne au début des années 2000 sur les albums “$he’s My Money Maker – The Slide Guitar Album” et  “New Direction”.  

Richard ‘Dickie’ Kline (1938-2020)
Originaire de Brooklyn, Richard Kline fait ses débuts en tant que commercial pour le label King de Syd Nathan, puis travaille pour Walt Disney Records et London Records. En 1967, Jerry Wexler le recrute comme responsable de la promotion radio d’Atlantic. Dans ce cadre, il assure la mise en avant sur les radios sudistes des artistes du label comme Aretha Franklin et Wilson Pickett, mais aussi, dans le cadre de l’accord de distribution alors en vigueur, de Stax. À la fin des années 1970, il rejoint Polydor en tant que manager général, accompagnant notamment les succès de Gloria Gaynor et Peaches & Herb. 

Van Broussard (1937-2020)
Originaire de Prairieville en Louisiane, Van Broussard est considéré comme une figure majeure de la swamp pop louisianaise, avec une carrière engagée dès le début des années 1960 mais qui est largement restée cantonnée à son État natal. Sa musique était marquée par de fortes influences R&B, et certaines de ses faces le présentent dans un registre proche de la soul avec des titres comme Feed the flame – une composition de Dan Penn et Spooner Oldham – ou When it rains it pours

Textes : Frédéric Adrian

Andrew WhiteBob RiedyBruce SwedienFrédéric AdrianGino Blacknell Jr