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Hommages / 12.01.2020

Ils nous quittent : Allee Willis, Papa Don Shroeder, Russell Gordon, Kenny Lynch, Jerry Jumonville…

Hommages aux artistes et personnalités disparus ces derniers mois. 

Allee Willis (1947-2019)
Originaire de Détroit, Alta Sherral Willis fait ses débuts dans le monde de la musique en tant que secrétaire chez Columbia avant de publier un album en 1974, “Childstar”, mais le rôle d’interprète ne lui convient pas. Après que Bonnie Raitt ait repris une de ses chansons, c’est en tant qu’autrice qu’elle se lance, écrivant des chansons avec et pour Herbie Hancock et Patti Labelle, puis, après qu’elle ait sympathisé avec Verdine et Maurice White, pour Earth, Wind & Fire : September, Boogie wonderland et In the stone, entre autres, portent sa signature. Tina Turner, Marlena Shaw, Narada Michael Walden, Sister Sledge, Deniece Williams, les Emotions, Jimmy Cliff, Dusty Springfield, Al Jarreau, Angela Boffill, Dusty Springfield, Rufus avec Chaka Khan, Diana Ross, Dionne Warwick, Aretha Franklin, Ronnie Dyson, Natalie Cole, les Pointer Sisters, Patti LaBelle, Gladys Knight, Randy Crawford, Alexander O’Neal, Leon Ware et des artistes pop comme Bryan Adams, Stephen Stills, les Pet Shop Boys, Cyndi Laup ou Level 42 piochent dans son répertoire, tandis que le cinéma et la télévision font appel à sa plume (Karaté Kid II, Miami Vice, Howard the Duck, Jumpin’ Jack Flash, Le Flic de Beverly Hills…). C’est d’ailleurs la télévision qui lui vaut sans doute sa chanson la plus connue avec I’ll be there for you, le thème de la série Friends interprété par les Rembrants. Elle mène en parallèle une carrière de directrice artistique pour des vidéos musicales, tout en produisant ses propres œuvres – peinture, sculpture… Sa dernière contribution musicale majeure est l’écriture, avec Brenda Russell et Stephen Bray, de la comédie musicale inspirée du roman La Couleur Pourpre, qui connaît un grand succès à partir de sa création en 2005.

Photo : Allee Willis et Maurice White. © DR

Papa Don Shroeder (1940-2019)
Animateur de radio et de télévision, chanteur, producteur, auteur-compositeur, organisateur de concerts : au cours d’une carrière commencée dès la fin des années 1950, Gerald Don Shroeder a tout fait. Après des débuts comme chanteur (qui lui permettent en 1959 d’être le premier artiste blanc à publier un disque sur Vee-Jay) et d’animateur radio, c’est vers l’écriture et la production qu’il se tourne, d’abord du côté country – son premier tube est une composition pour Webb Pierce – puis du côté soul, où il est responsable des carrières de Mighty Sam McClain, James et Bobby Purify et Oscar Toney, puis, un peu plus tard, du tube de Carl Carlton Everlasting love. Ses activités musicales se réduisent fortement à partir des années 1980, où il se concentre sur la radio et la télévision, devenant notamment propriétaire d’une station de radio dans sa ville natale de Pensacola.

Kenny Lynch (1938-2019)
Chanteur et acteur, habitué des émissions de variété de la télévision britannique, Kenny Lynch a notamment décroché un tube avec une reprise de Up on the roof, et certaines de ses chansons, comme Movin’ away ou Half the day’s gone and we haven’t earned a penny, ont acquis une certaine popularité sur les scènes northern soul, rare funk et popcorn. Il a également écrit des chansons, parfois en collaboration avec Mort Shuman ou Jerry Ragavoy, qui ont été enregistrées par les Drifters, Dusty Springfield, et différents artistes pop et rock britanniques.

Russell Gordon (19??-2019)
Chanteur, guitariste et accordéoniste, Russell Gordon a accompagné de nombreux artistes zydeco, de Buckwheat Zydeco (avec qui il était à Paris en 1981 !) à Rockin’ Dopsie en passant par Roy Carrier, tout en menant son propre orchestre, R.G. And Bayou Zydeco (qui signe “Bayou On Fire” sur le label Takoma en 1987), avec notamment le guitariste Selwyn Cooper. C’est cependant dans un registre soul funk qu’il avait fait ses débuts, avec un 45-tours unique sous le nom de Russel Gordon & the Versatile Souls.

Emil Richards (1931-2019)
Du milieu des années 1950, début de sa carrière professionnelle, jusqu’à la fin de sa carrière – il était encore présent en 2017 sur l’album de Gregory Porter consacré à Nat King Cole, le percussionniste et vibraphoniste a joué sur scène et sur disque avec tout le monde ou presque, de Frank Sinatra à Frank Zappa, en passant par les Doors, Ravi Shankar ou Renaud… Parmi ses crédits côté soul figurent entre autres les séances de “Let’s Get It On” de Marvin Gaye et plusieurs albums de Quincy Jones et différentes productions de Phil Spector.

Buddy Terry (1941-2019)
Le saxophoniste de jazz, responsable d’une série d’albums entre la fin des années 1960 et le début des années 1970 pour Prestige et Mainstream, avait également appartenu en 1968 à l’orchestre de Ray Charles. 

Jerry Jumonville (1941-2019)
Originaire de La Nouvelle-Orléans mais basé à Los Angeles des années 1960 à 1980, le saxophoniste a participé jusqu’aux années 2000 à de très nombreuses sessions d’enregistrement, notamment pour Delaney & Bonnie, Dr. John, Professor Longhair, Bonnie Raitt, Freddie King, Dusty Springfield, Big Joe Turner, Rockin’ Dopsie Jr., Bobby Charles et  Clarence “Gatemouth” Brown, ainsi que, côté pop, pour Van Morrison, Rod Stewart, et même Véronique Sanson. 

Herb Cox (19??-2019)
Membre fondateur du prolifique groupe doo-wop les Cleftones, Herb Cox en était la voix principale, mais aussi l’auteur d’une partie de leur répertoire, dont le tube Little girl of mine, repris aussi bien par Snooks Eaglin que par Frank Zappa. 

Jimmy Cavallo (1927-2019)
Pionnier blanc du rhythm & blues – ses Houserockers sont sans doute le premier groupe blanc à se produite à l’Apollo, dès 1956 –, le saxophoniste avait gravé une série de 45-tours, notamment pour Coral, à partir du milieu des années 1950, et participé avec son ensemble au film Rock, Rock, Rock d’Alan Freed. 

Irving Burgie (1924-2019)
Auteur-compositeur et interprète occasionnel spécialisé dans les musiques caribéennes – bien qu’il soit lui-même né à Brooklyn, avec une mère originaire de la Barbade –, Irving Burgie s’est fait remarquer du grand public avec ses calypsos “américanisés” enregistrés par Harry Belafonte, comme le classique Day-O (The banana boat song), plus qu’inspiré d’une “work song” jamaïcaine. Outre Belafonte, Chuck Berry, les Righteous Brothers, Chuck Brown, George Clinton et Sam Cooke ont enregistré certaines de ses compositions comme Jamaïca farewell ou Island in the sun.

Tom Draper (1940-2019)
Figure de l’industrie musicale afro-américaine à partir du début des années 1970, Tom Draper avait travaillé pour RCA puis, pendant douze ans, pour Warner Bros, s’occupant en particulier d’artistes comme Dionne Warwick, Bootsy Collins, Larry Graham…

John Witherspoon (1942-2019)
Frère de l’auteur Motown William Witherspoon, l’acteur était notamment apparu dans le Richard Pryor Show ainsi que dans le film The Five Heartbeats

Clancy “Blues Boy” Lewis (1936-2019)
Figure culte de la scène blues de La Nouvelle-Orléans, souvent associé au batteur Sheba Kimbrough, Clancy Lewis était un habitué du Jazz Fest, où il s’est produit sans interruption de 1970 à 2005. Il ne semble pas avoir enregistré.

Herley Johnson Jr. (19??-2019)
Membre  de Creme D’Cocoa et des Ambassadors, ce chanteur basé à Philadelphie était également responsable de deux classiques mineurs du funk 80, Do it et  If this ain’t love (paru sous le pseudonyme de Jay Novelle). 

Lorraine Chandler (1946-2020)
Originaire de Détroit, c’est en temps qu’autrice que Chandler fait ses débuts en collaboration avec Jack Ashford, avant de se lancer comme interprète au milieu des années 1960. Si elle ne parvient jamais à décrocher un succès autre que local, certaines de ses faces, comme I can’t change ou What can I do, deviennent des tubes sur la scène northern.  C’est cependant en coulisse, comme autrice et productrice, qu’elle décroche ses plus grandes réussites, pour Baby Washington, Maxine Brown, Eddie Parker, Freddy Butler, les Hesitations… 

Textes : Frédéric Adrian

Allee WillisFrédéric AdrianJerry JumonvilleKenny LynchPapa Don ShroederRussell Gorson