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Brèves / 13.01.2015

Ils nous quittent

 

– Popsy Dixon, le chanteur et batteur des Holmes Brothers est décédé le 9 janvier 2015 d’un cancer de la vessie à soixante-douze ans. Natif de Virginia Beach où il voit le jour le 26 juillet 1942, Willie Leonard « Popsy » Dixon découvre la batterie à sept ans. Il rencontre les frères Sherman et Wendell Holmes en 1967 et ils commencent à se produire localement, mais ils attendent 1979 pour fonder les Holmes Brothers. Le trio réalise le premier de ses douze albums en 1990 pour Rounder (« In The Spirit »), les quatre derniers étant enregistré pour Alligator, dont l’ultime en 2014, « Brotherhood ». Leur discographie est d’un haut niveau uniforme et « State Of Grace » (2007) obtiendra un Blues Music Award. Les trois artistes partagent un talent rarissime, car ils sont capables de produire une musique cohérente, de qualité et personnelle en empruntant à différents styles : gospel, soul, blues et R&B. Une polyvalence qui leur a valu l’attribution le 17 septembre 2014 pour l’ensemble de leur carrière du National Heritage Fellowship Award, la plus haute distinction dans le domaine artistique aux États-Unis. Mais la disparition de Popsy Dixon est un coup d’arrêt terrible…


© : Michael Mancuso/The Times

– Le tromboniste Clifford Adams, membre de Kool & The Gang depuis 1977, a été emporté par un cancer du foie le 12 janvier 2015. Il avait soixante-deux ans. Né le 8 octobre 1952 à Trenton dans le New Jersey, il montre certaines aptitudes au chant quand il a une douzaine d’années, mais le jazz et le trombone deviennent de grandes passions quand il est encore lycéen. Dès 1968, il fait partie de la section de cuivres des VSQs, et à dix-sept ans il tourne avec Patti LaBelle and the Bluebells. Il poursuit ses études et se produit les années suivantes dans de nombreux clubs de la région y compris à New York, côtoyant les meilleurs jazzmen dont Sonny Stitt, James Moody, George Benson, Freddie Hubbard, Thad Jones, Mel Lewis, Duke Ellington et Max Roach, tout en menant en 1973 une première expérience vers le R&B et la soul avec The Stylistics. Il rejoint Kool & The Gang en 1977, une formation à laquelle il restera fidèle. Dans une veine plus jazzy, il est également l’auteur de quatre albums, « The Master Power » (1998), « Cliff Notes » (2002), « Love’s Gonna Get You » (2004) et « I Feel Your Spirit » (2006).


© : DR

– Le chanteur, pianiste, compositeur, arrangeur et producteur Andraé Crouch, que certains qualifient de « père du gospel moderne », s’est éteint le 8 janvier 2015 à l’âge de soixante-douze ans. Hospitalisé en décembre pour une pneumonie et une insuffisance cardiaque, puis le 3 janvier des suites d’une attaque, il a donc finalement succombé cinq jours plus tard. Né le 1er janvier 1942 à San Francisco (avec sa sœur jumelle Sandra), il est élevé par ses parents qui gèrent une blanchisserie tout étant prédicateurs à l’hôpital et à l’église. À onze ans, Andraé accompagne son père dans une église de la région de Los Angeles où il se met de plus en plus régulièrement au piano, et à seulement quatorze ans, il écrit son premier gospel. Il fonde en 1960 les Church of God in Christ Singers, au sein desquels figure Billy Preston aux claviers, continue ses études et forme cinq ans plus tard The Disciples, qui enregistrent leur premier album en 1969, « Take The Message Everywhere ». Le disque contient The blood will never lose its power, une composition écrite par Crouch quand il avait quinze ans, et aujourd’hui considérée comme un classique. Après sept autres réalisations jusqu’en 1978, The Disciples se séparent l’année suivante, et Crouch, qui compte déjà un album sous son nom (« Just Andraé », 1973), se lance dans une carrière en solo. Sa popularité est alors à son zénith et son influence s’exerce au-delà de la seule sphère religieuse : Elvis Presley, Paul Simon, Stevie Wonder, Elton John et Quincy Jones ont notamment collaboré avec lui ou repris ses chansons, et il a dirigé les chœurs sur les hits Man in the mirror de Michael Jackson et Like a prayer de Madonna… Sollicité pour les arrangements dans des séries télévisées et des films (La couleur pourpre de Steven Spielberg, Le roi lion des studios Disney…), Andraé Crouch a reçu la bagatelle de sept Grammy Awards, il est entré au Gospel Hall of Fame en 1998 et il a son étoile sur le Hollywood Walk of Fame depuis 2004. Est-il dès lors vraiment utile d’ajouter que sa disparition est une perte immense ?


© : Valerie Jordan

– On déplore enfin la mort de Melvin Jackson, longtemps saxophoniste et trompettiste de Bobby Bland puis de B. B. King pendant plus de vingt ans, survenue le 30 décembre 2014. Le musicien âgé de soixante-dix-neuf ans souffrait de la maladie d’Alzheimer mais il a poursuivi sa carrière jusqu’en septembre dernier. Né le 1er novembre 1935 à Nashville, il apprend à jouer dès l’enfance avec son père, et outre les deux « B. B. », il a également travaillé avec Etta James et Kenny Neal. Melvin Jackson était enfin l’époux de la chanteuse de jazz Mary Ann Jackson et le père d’une autre vocaliste, Kay Foster Jackson, qui se produit et enregistre sous le nom de Habaka (jazz, gospel, R&B, soul…). Une famille décidément très impliquée dans la musique !
Daniel Léon