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Brèves / 03.01.2014

Ils nous quittent

Nous n’aurons hélas pas attendu longtemps en ce début d’année pour déplorer la disparition d’un artiste, en l’occurrence de blues… Le chanteur, guitariste et pianiste Tabby Thomas, une figure de la ville louisianaise de Baton Rouge, s’est en effet éteint le 1er janvier 2014, seulement quatre jours avant son quatre-vingt-cinquième anniversaire. Né Ernest J. Thomas le 5 janvier 1929 à Baton Rouge, il grandit dans cette ville, découvre le chant à la chorale de l’église puis le blues par sa mère et la radio. Il étudie un temps la théologie avant de s’engager dans l’aviation en Californie à partir de 1948. Et c’est bien là, à San Francisco, qu’il se distingue en remportant le concours d’une station de radio. Il semble également s’être essayé au R&B et au blues de la Côte Ouest (Roy Brown, sa première grande influence, mais aussi Charles Brown, Lowell Fulson, Johnny Otis, Etta James, Johnny Mathis…) à la même époque. Le concours radiophonique lui permet de décrocher un contrat avec le label Hollywood de Los Angeles et d’enregistrer le single Midnight is calling.


Dans son club, 1989. © : Jacques Périn.

Une expérience toutefois sans lendemain et Thomas décide de revenir à Baton Rouge pour se consacrer à la musique. Il apparaît au sein des Mellow, Mellow Men et grave à partir de 1953 quelques titres pour des labels locaux, là encore sans succès notable. Mais ces petites marques sont également la propriété de J. D. Miller, le fondateur à Crowley du label Excello, et Tabby devient l’un des protagonistes du Swamp Blues (dont il était donc un des tous derniers représentants) et fréquente tous les meilleurs du genre. Au total, Thomas aura travaillé de 1954 à 1980 avec Miller… Et en 1962, il obtient un petit hit avec Voodoo party, sur lequel joue Lazy Lester. Thomas prend ensuite un peu de distance avec la musique mais il revient en 1970 pour créer son label Blue Beat, qui permettra à nombre de bluesmen locaux d’enregistrer.


La Nouvelle-Orléans, 1992. © : Jacques Périn.

Mais Tabby Thomas est peut-être encore plus connu pour avoir ouvert en 1979 un club dans sa ville natale, le Tabby’s Blues Box, qui s’installe rapidement parmi les plus fameux de Louisiane. Victime d’un accident de la route en 2002 puis d’une attaque en 2004 qui le laisse paralysé du côté gauche, il ne peut plus jouer d’un instrument mais continue de chanter. Cette même année 2004 voit aussi la fermeture de son club et marque la fin d’une époque pour Baton Rouge. Entre-temps, sous le nom de Rockin’ Tabby Thomas, il a réalisé entre 1985 et 2003 une demi-douzaine d’albums, qui mettent bien en avant celui qui s’autoploclamera même « King of the Swamp Blues » à la fin des années 1990. Enfin, Tabby Thomas était le père de Chris Thomas King, qui mène de front une carrière musicale et d’acteur (notamment dans The Soul of a Man de Wim Wenders en 2003).
 


© : DR.

– Nous apprenons également la mort le 19 décembre 2013 à l’âge de 57 ans de Grady Wilkins des suites d’un cancer. Né le 30 décembre 1955, il était surtout connu pour avoir été le dernier directeur musical du groupe funk puis disco The Whispers, fondé en 1964, il y a tout juste un demi-siècle…


© : DR.

– Enfin, le décès de la chanteuse soul Zulema Cusseaux (ou tout simplement Zulema), survenu le 30 septembre 2013, est passé totalement inaperçu. Elle avait 66 ans. Née à Tampa en Floride le 3 janvier 1947, Zulema s’est d’abord fait connaître au sein du groupe Faith, Hope and Charity, avec la chanson So much love qui atteint la quinzième place des charts en 1970. Elle a également enregistré six albums dans les annés 1970 et travaillé comme compositrice et choriste pour Aretha Franklin.
Daniel Léon