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Brèves / 03.07.2013

Ils nous quittent

Ce début d’été se place hélas sous le signe des tristes nouvellles, trois artistes ayant récemment accompagné Bobby Bland pour leur dernier voyage.

– La première est la chanteuse soul et gospel Mary Love, décédée le 21 juin 2013 à l’âge de 69 ans. Née Mary Ann Allen le 27 juillet 1943 à Sacramento en Californie, elle grandit à Los Angeles où elle chante à l’église dès l’enfance, puis elle apparaît au début des années 1960 au sein du groupe the Vows. Alors que la formation se produit dans un club de LA, Mary est remarquée par le producteur de Sam Cooke, J. W. Alexander, qui lui permet d’enregistrer quelques démos puis ses premiers singles pour Modern en 1965. D’autres suivent, mais la carrière de celle qui se fait désormais appeler Mary Love, certes honorable dans un contexte concurrentiel très rude et ponctuée de quelques titres autour de la cinquantième place dans les charts, ne décolle pas vraiment. Les enregistrements deviennent sporadiques (quelques singles au tournant des années 1970 et 1980), et après avoir épousé Brad Comer, Mary se tourne vers le gospel, le couple s’occupant parallèlement de sa propre église. Entre 1988 et 2002, trois albums voient le jour pour Co Love et I Am Unlimited Records, mais leur diffusion est très limitée et la chanteuse n’enregistrera rien d’autre tout en continuant à se produire localement. Il faut toutefois signaler la sortie en 1994 pour le label Kent en Angleterre (où elle jouit d’une belle popularité) d’une sélection de vingt et un titres rassemblés sur le CD « Then & Now ».
 


© : DR

– Le pianiste et chanteur Little Willie Littlefield nous a quittés le 23 juin 2013 (le même jour que Bobby Bland, ce qui n’a pas facilité la propagation de l’info, par ailleurs seulement annoncée par sa famille après les obsèques…), des suites d’un cancer à l’âge de 81 ans. Originaire d’El Campo en Californie où il naît le 16 septembre 1931. Particulièrement précoce à l’instar de bien des pianistes, il n’a pas 17 ans quand il grave en 1948 ses premières faces pour Eddie’s, le petit label d’un disquaire de Houston nommé Eddie Henry. Dès l’année suivante, Little Willie’s boogie obtient un succès notable au Texas et attire l’attention de Jules Bihari, qui engage l’artiste auteur d’une trentaine de titres pour Modern jusqu’en 1951, parmi lesquels I’ve been lost se hisse à la dixième place des charts. 1952 le voit graver pour Federal la première version de K. C. loving qui deviendra ensuite Kansas City, puis il s’installe dans la région de San Francisco en 1957. Ruby Ruby semble confirmer la tendance et Littlefield promis à une carrière fructueuse, mais assez inexplicablement, malgré des qualités et une popularité évidentes, son parcours connaît un sérieux coup d’arrêt. Il le relance un peu en 1978 lors de sa première tournée européenne, durant laquelle il décide de s’installer aux Pays-Bas qu’il ne quittera plus. L’artiste profite de cette notoriété retrouvée, et la période suivante s’assortit d’un bon nombre d’albums (au final, une quinzaine entre 1980 et 2008) jusqu’en 2000, date à laquelle il cesse de tourner pour se consacrer à la pêche… Une activité qui finit toutefois par l’ennuyer et il fait son come-back en 2006. Mais après 2010, la maladie ne lui laissera plus aucune alternative.
 


© : Jody Perry

– À croire que tout nous ramène à Bobby Bland en ce moment… Car le guitariste et chanteur Texas Johnny Brown, un ancien compagnon de tournée de Bland dans les années 1950 et 1960 (et compositeur avec Two steps from the blues !), a lui aussi quitté ce monde le 1er juillet. Depuis avril dernier, Brown, âgé de 85 ans, luttait contre un cancer du poumon et du foie. Né à Ackerman dans le Delta au Mississippi le 22 février 1928, il débute à la guitare vers l’âge de sept ans et semble avoir été élevé à Houston au Texas, où il apparaît parmi les membres du groupe d’Amos Milburn à partir de 1947 (c’est bien lui sur plusieurs des superbes faces Aladdin), puis aux côtés de la chanteuse Ruth Brown. Il ne parvient toutefois pratiquement pas à enregistrer sous son nom tout en étant très respecté (on soupçonne qu’il tienne également la guitare sur des réalisations de Lightnin’ Hopkins), et après sa collaboration avec Bobby Bland, s’il reste un pilier de la scène de Houston, il doit se contenter de l’ambiance des clubs et des tournées. Preuve qu’il aurait mérité davantage que quelques faces éparpillées sur des compilations, l’album de son retour sorti en 1999 (« Nothin’ But The Blues ») a été nominé aux Blues Music Awards.
Daniel Léon