;
Live reports / 20.03.2019

Hot 8 Brass Band

Metronum, Toulouse (31), le 8 février 2019.

Soirée pleine de surprises, d’émotion, et d’énergie au Metronum de Toulouse. Déjà parce que l’affiche rendait ce soir-là un hommage appuyé au son de La Nouvelle-Orléans.

Programmation assez audacieuse pour être signalée. D’où l’étonnement relatif dans la salle quand, en guise de première (première) partie, les lumières se sont posées sur Wab and The Funky Machine. Un fondu de funk (et de Prince à n’en pas douter), accompagné d’un clavier, d’un sampler et surtout de sa voix, plus à son aise dans l’exercice du beatbox que dans l’enchaînement quadrillé couplet-refrain. L’homme au blouson de cuir floqué Miles Davis aura néanmoins démontré une belle maîtrise de la scène, occupée seul un bon moment avant d’être accompagné en fin de set par un trio de danseurs hip-hop.

Deuxième temps (très) fort de la soirée, la prestation des Fanflures, un brass band toulousain à l’esprit canaille. Casanova pour ouvrir la setlist, et Fuck with toi pour la refermer. Le cadre est posé. Ce qui n’enlève rien à la force des compositions, totalement ancrées dans l’esprit et la tradition funk New Orleans. Encore moins au talent immense de cette armada de souffleurs pilotée par le tromboniste Gabriel Ray. Sourires angéliques et solos endiablés auront nourri leur prestation et fait danser le public, tous les publics, comme ces deux petits garnements postés à l’arrière de la scène. Casques de chantier sur les oreilles pour contrer les décibels, ils auront remué au son du soubassophone et des percussions, particulièrement en forme sur Angela, reprise appliquée et fidèle du Saïan Supa Crew.

Et puis la tempête a soufflé. Fort. Très fort. Un déluge. Comme une pluie chaude qui tombe à grosses gouttes et n’épargne personne, il a suffi qu’une basse Chameleon empruntée à Herbie Hancock décide de tonner, pour tout dévaster. Le Hot 8 Brass Band n’allait plus quitter la scène sur laquelle chaque membre avait grimpé un à un (comme une partie du public d’ailleurs, invitée à les rejoindre), prouvant à qui en doutait encore qu’aucun collectif de marching music ne pouvait rivaliser avec leurs 25 ans d’expérience. Hip-hop, jazz, funk, soul : pourquoi choisir de s’enfermer dans un style quand il est plus malin de donner le meilleur de chaque ? L’occasion était trop belle de revisiter un répertoire, conséquent. Répertoire qui doit aussi beaucoup aux autres : Atomic dog de George Clinton, Let’s stay together d’Al Green, Sexual healing de Marvin Gaye, I got 5 on it de Luniz, ou Master blaster de Stevie Wonder… Des reprises largement essorées sur les scènes du monde entier, accompagnées ce soir-là par le classique de Joy Division, Love will tear us apart. Une piste qui figure au chapitre de “Take Cover”, nouvel EP de la bande à Bennie Pete. Le Hot 8 Brass Band continue de faire tourner les dates comme les têtes, perpétuant ainsi la tradition dans un bel élan de modernité et de fraternité.

Texte : Mathieu Bellisario
Photos : Frédéric David

brass bandconcertFanflures Brass BandfunkgrooveHot 8 Brass Bandlive in Francelive reportMathieu BellisarioMetronumnew orleanssoulToulouseWab and The Funky Machine