Blues Roots Festival Meyreuil 2024
02.10.2024
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Gaîté Lyrique, Paris 3e, 6 février 2019.
Sur scène : une grosse caisse, une caisse claire et un sousaphone qui lance le riff introductif de Chameleon, le standard de Herbie Hancock. Il ne faut pas attendre longtemps pour que la magie du Hot 8 Brass Band opère. Viennent ensuite les rythmes syncopés et les quatre cuivres, avant que le morceau ne prenne un tournant hip-hop. Leurs instruments posés par terre, le tromboniste Larry Brown et le trompettiste Alvarez Huntley se transforment brièvement en MC, jouant un jeu d’appel-réponse avec le public. La musique est puissante, festive et techniquement élevée. Pas étonnant que la tournée européenne marche si bien.
Ils étaient en Allemagne et bientôt ils seront en Angleterre. Mais maintenant c’est au tour de Paris de vibrer aux sons de La Nouvelle-Orléans. Ce qui ne veut pas dire un simple exercice de nostalgie. Loin de là. Comme d’autres brass bandscontemporaines de la ville croissant, le Hot 8 est au croisement d’une multitude de styles. S’ils restent fidèles aux instruments classiques de la fanfare, ils dépassent les limites du jazz traditionnel, et de loin, ajoutant des quantités généreuses de funk, de hip-hop et de rock. Suivant les pas de groupes comme le Dirty Dozen Brass Bandet Rebirth Brass Band, Hot 8 fait partie d’une génération plus récente de brass bandsqui continue à explorer de nouvelles possibilités sonores.
Emblématique de ce goût pour la fusion, le groupe va ravir le public parisien avec Love will tear us apart. Cette reprise de Joy Division figure sur son nouvel EP “Take Cover”, une collection de cinq reprises qui sortira le 22 février chez Tru Toughts. De la même façon, le Hot 8 brille avec le fer de lance de son répertoire depuis toujours, Sexual healing de Marvin Gaye. Une interprétation pleine de force, de passion et de sincérité. Mais ils jouent des chansons originales aussi, notamment What’s my name et Get up.
Les liens du groupe avec La Nouvelle-Orléans sont très forts. Plus visibles à certains moments du concert que d’autres. Comme dans Rasta-funk, un hommage à leur racines populaires : « Born and raised, from the ghetto, entonne Alvarez Huntley, son t-shirt affichant le chiffre 504, l’indicatif téléphonique de sa ville natale. It’s all about the hustle. »Lorsque le public continue à chanter même après la fin du morceau, le groupe relance la dernière partie. « On ne sait jamais parfois ce qui nous attend, dit Huntley au moment du rappel, accueilli avec un tonnerre d’applaudissements. Mais ça, c’est l’amour. »
Le dernier morceau sera Ghost town.Cette chanson des Specials – une méditation sur la vie urbaine britannique deux ans après l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher – a été reprise par le Hot 8 dans la foulée de l’Ouragan Katrina en 2005. Une lamentation de la mort, de la destruction et de la souffrance qu’a connu ce coin de la Louisiane il n’y a pas si longtemps. Un rappel aussi qu’il faut continuer à danser, faute de mieux.
Texte : Cole Stangler
Photos © Frédéric Ragot
Line-up : Larry Brown (trombone), Tyrus Chapman (trombone), Chris Cotton (trompette), Alvarez Huntley (trompette), Andrew Calhoun (sax ténor), Alijah Jett (grosse caisse), Andre Sims (caisse claire), ???? (remplaçant de Bennie Pete) (sousaphone).