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Brèves / 16.12.2006

Homesick James aussi…

Décidément, cet automne 2006 est bien cruel pour les légendes du blues. Après Henry Townsend, Robert Lockwood Jr, Jay McShann, tous nonagénaires, c’est maintenant au tour de Homesick James de disparaître à l’âge (probable) de 96 ans. Il s’est éteint chez lui, dans son lit, à Springfiedd, Missouri, mercredi dernier, le 13 décembre. Il avait été malade à plusieurs reprises au cours des trois derniers mois. Ses funérailles auront lieu le samedi 23 décembre 2006 à Covington, Tennessee.
De son vrai nom John William Henderson, il est né probablement le 30 avril 1910 à Somerville, Tennessee, et avait pour cousin Sonny Boy Williamson (le premier). Après avoir fréquenté la scène de Brownsville (Sleepy John Estes, Yank Rachell), il débute comme guitariste à Memphis avant de « monter » à Chicago où il côtoie notamment Memphis Minnie. A partir de juin 1952, il commence à enregistrer pour Chance sous le nom de James Williamson et a pour partenaires le pianiste Lazy Bill Lucas, le guitariste Johnny Shines ou l’harmoniciste Snooky Pryor.
Pratiquant la guitare slide qu’il dit avoir appris auprès de Robert Johnson, il adopte bientôt le style d’Elmore James dont il prétend être le cousin en adoptant le sobriquet de Homesick James. Ce qui ne semble pas contrarier outre mesure Elmore qui l’engage dans son orchestre pour jouer la basse à la guitare et avec qui il enregistrera abondamment.
A la mort d’Elmore James, Homesick se pose en « héritier » légitime, ce qui lui permet d’enregistrer pour Vanguard (« Chicago/The Blues Today/ Vol.2 ») ou Bluesville (« Blues On The South Side »). Dans les années 1970, il devient un habitué des tournées européennes. Comme le dit Gérard Herzhaft dans sa Grande Encyclopédie du Blues (Fayard) : «Son sens de la scène, la pureté de son jeu de guitare (avec ou sans slide), la conviction de ses interprétations lui assurent une réputation et un succès mérités. Il enregistre alors souvent en compagnie de Snooky Pryor, plusieurs microsillons de tout premier plan. Il faut en particulier rechercher les grandissimes « Ain’t Sick No More » (Bluesway), « Homesick James/Snooky Pryor » (Caroline) et le tout acoustique « Home Sweet Homesick » (Trix), certainement un des meilleurs albums unplugged ! Homesick, quoi qu’on en dise, est un créateur très original et son jeu de guitare velouté est en fait très éloigné de celui d’Elmore.»
Même s’il avait réduit ses activités musicales ces dernières années, il n’avait pas pour autant complètement raccroché et retrouvait, à l’occasion de festivals, ses vieux copains Henry Townsend, Robert Lockwood et Honeyboy Edwards. Ce dernier doit se sentir bien seul aujourd’huit.