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Live reports / 07.12.2012

Heavenly Sweetness – 5ème anniversaire

En cinq années, le label parisien Heavenly Sweetness a réussi à se faire remarquer grâce à un catalogue de jazz vivant, ouvert (à la musique africaine, au hip-hop, au R&B…) et sans complexe, mêlant découvertes (parmi lesquelles l’incroyable Anthony Joseph), nouveaux enregistrements de figures historiques du jazz vivant (le regretté Byard Lancaster, le batteur de Tribe Doug Hammond…) et rééditions de goût (des incunables du jazz spirituel aux recoins les moins évidents du catalogue Blue Note).

Pour fêter son anniversaire, c’est à la Maroquinerie que le label donnait rendez-vous pour une soirée de trois concerts entrecoupés de DJ sets originaux et bien dans l’esprit. Côté live, c’est avec la dernière découverte du label, le quatuor Jacaranda Muse, originaire du Zimbabwe et responsable d’un excellent premier album à peine sorti, que commence la soirée. Seuls deux des membres du groupe sont de la partie (les deux absents sont remplacés par des musiciens français, dont le phénoménal percussionniste Roger Raspail), mais cela ne les empêche pas de proposer une visite très réussie dans le répertoire de leur disque, mêlant racines jazz, sons africains et influences folk. Dommage que le rappel, improvisé sous la pression du public, ne soit pas tout à fait à la hauteur du reste.

L’idée de proposer entre deux concerts live un set électro interprété par un artiste seul derrière son ordinateur et ses jouets peut surprendre a priori, mais s’avère finalement payante tant la musique de Fulgeance, rejoint en fin de set par son complice régulier des soirées parisiennes Soulist, tire son inspiration de la soul, du jazz et du funk. Il réussit même à faire danser un public jusqu’ici plutôt passif.

C’est cependant l’arrivée d’Anthony Joseph, la vedette du label et de la soirée, qui réveillera définitivement la Maroquinerie. Accompagné d’un Spasm Band tellurique, le poète originaire de Trinidad occupe pendant une bonne heure la scène pour y interpréter – il ne chante pas mais dit ses textes dans un esprit proche des premiers disques des Last Poets ou de LKJ – des titres extraits de ses deux albums pour Heavenly Sweetness. Si le focus est évidemment sur ses textes, Anthony Joseph est aussi un artiste de scène spectaculaire, arpentant les lieux armé d’un tambourin ou de percussions pendant les solos à la limite de la transe de ses musiciens : on pense par moment que l’esprit de l’orchestre de Fela s’est emparé du groupe ! C’est entouré d’une partie du public qu’Anthony Joseph clôt sa prestation au terme d’un final incendiaire. Une belle façon de fêter les cinq premières années d’existence d’un label passionnant, à qui l'on souhaite de poursuivre longtemps l’aventure !

Frédéric Adrian