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Live reports / 08.03.2018

Hannah Williams & the Affirmations + The Excitements

Le JT de 20 h n’est pas encore terminé que The Excitements ont déjà mis le feu sur scène. Pas vraiment affranchie des influences de Ike & Tina (jusque dans le look et le jeu de scène de la chanteuse Koko Jean Davis), la formation déploie une énergie contagieuse sur les titres dansants comme sur les ballades. Pour l’instant, le public est plutôt sage mais attentif. Après un solo de guitare bluesy et habité, le groupe repart de plus belle sur un titre endiablé soutenu par la batteuse Gloria Morel, efficace et versatile.

 


The Excitements

 

Les riffs de guitare font parfois agréablement penser à ceux de Steve Cropper. Davis met sa voix à l’épreuve sur Mojo train, c’est une vraie boule de feu : « I don’t hear you! », lance-t-elle au public, et c’est parti pour un handclap général. On déroule le tapis rouge à la section de cuivres sur Keep your hands off, et plus loin on apprécie un solo de sax baryton bien enlevé.

 

 

 

Final fracassant : le groupe quitte la scène après un titre chaloupé pendant lequel les guitaristes et le bassiste proposent une petite chorégraphie discrète mais joliment balancée.

Après un moment de ralliement et d’encouragement à l’étage, les Affirmations débarquent tranquillement sur scène suivi de près par Hannah Williams, à l’aise et souriante. Le funk aussi décontracté qu’entraînant de Callin’ me back ouvre cette deuxième partie de soirée et, comme le précisait récemment Ulrick Parfum sur ce site, « le niveau monte d’un cran », clairement.

 


Hannah Williams & the Affirmations

 

Freedom : rythme syncopé, claquement de main, et le chant de Hannah Williams tout en conviction. Difficile de ne pas déjà tomber sous le charme ! La musique se relâche, mais la guitare rythmique reste engageante sur une mélodie soulful jouée au clavier, la chanteuse généreuse avec son audience, se met à genoux sur la scène. Tension-détente parfaite sur Another sunrise, de plus James Graham au clavier peut exprimer tout son sens du swing sans jamais tomber dans la démonstration. 

 

 

Plus loin, on plonge dans une alternance impeccable entre douceur et ferveur, batterie volontaire, chorus de clavier jazzy et survolté. C’est le moment de l’interlude instrumentale avec 7 am to Seville : ce funk latin au rythme de montre suisse embrase la soirée ! Et quel solo de basse ! Bootsy (période James Brown) n’est pas loin. Parfait pour enchaîner avec le tube du groupe Late nights & heartbreak, Hannah Williams semble dévoiler un peu plus d’elle même qu’en studio, elle livre ici autant de force que de vulnérabilité. De quoi rester bouche bée.

 

 

 

Émue, Williams rappelle qu’un des guitaristes, après avoir était gravement malade, a récemment frôlé la mort. Et d’enchaîner sur Ain’t enough et sa guitare wah-wah, composition enjouée à la Billy Preston. Sur le très engageant Shadow, le public se lâche et se déhanche. Si elle n’est pas aussi déchaînée que Koko Jean Davis, Hannah Williams sait se mettre en scène pour donner encore un peu plus de force à la prestation. Pendant Sinner, ballade en tension où les silences comptent beaucoup, la chanteuse semble pousser sa voix vers les cieux.

 

 

 

Toujours aussi émue par la présence de son guitariste, Hannah Williams lui lâche un « I fucking love you ! » avant la dédicace parfaite, Your luck can change, superbe slow-tempo avec plans de cuivres à la Stax. Un des plus beaux titres de la soirée : de l’émotion brute, une voix à fleur de peau. Difficile de mettre plus d’engagement dans une chanson.

 

 

 

Après avoir rappelé à quel point le groupe est heureux d’être présent dans la ville rose, la chanteuse et sa superbe choriste Victoria Klewin referment le concert a cappella pour un adieu épuré mais intense !

Hugues Marly
Photos © Sébastien Souris-Thibert