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Chroniques / 29.05.2021

Guy King, Joy Is Coming

Dire que l’on attendait ce disque est un euphémisme tant le précédent, “Truth”, nous avait marqués. Guy King a continué de cultiver ses qualités, celles qui lui ont permis de devenir contre toute attente et après 25 ans d’un labeur acharné l’un des bluesmen les plus remarquables de sa génération : exigence, engagement, sens du dépassement. Une volonté de fer qui dénote d’un sacré caractère et d’un besoin de marquer sa différence, quitte à prendre ses auditeurs à rebrousse-poil en plaçant en début de set un morceau modal, construit par demi-tons, ponctué de cordes, dans une ambiance qui évoque le Johnny “Guitar” Watson des années 1970.

On y découvre un Guy King qui a gagné beaucoup d’assurance au chant (tessiture, puissance, nuances) et à l’écriture, n’hésitant plus à évoquer sans filtre ses expériences personnelles (on doit à son co-compositeur David Ritz de l’avoir encouragé dans cette veine autobiographique). Le recueil comporte moult merveilles : le single Devil’s toy, funk binaire porté par une rythmique exceptionnelle (Joshua Ramos à la basse, Samuel Jewell aux drums) et griffé des chorus de King et Bonamassa, dont les jeux si dissemblables se révèlent merveilleusement complémentaires ; Hole in my soul, bel hommage à Albert King où Guy nous rappelle à quel point sa guitare peut être incisive (ah! ces deux grilles toutes en tirés et en claquements de main droite !) ; le blues cuivré, baigné de soleil californien, de Don’t do it ; Up, up, up, fantastique gospel funky boosté par les vocaux soulful de Vanessa Bell Armstrong et le Rhodes de Tom Vaitsas (les fans de Joe Sample verseront des larmes de joie) ; A prayer for me, sombre slow blues after hours lardé d’improvisations sinueuses.

“Joy Is Coming” se conclut comme il avait commencé, par un titre jazz funk à la production ambitieuse, riche et élégante. Bien à l’image de son auteur.

Ulrick Parfum

Note : ★★★★★ (Le Pied!)
Label : IBF
Sortie : 28 mai 2021

guyking.net

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