;
Chroniques / 09.02.2023

Grant Dermody, Behind The Sun

L’album “My Dony” n’a pas quitté le dessus de la pile depuis 2020, voici de quoi prolonger le plaisir. Grant a sa façon à lui de mêler le blues classique, de Chicago ou du Mississippi dans un creuset parfumé aux épices louisianaises. Son jeu d’harmonica, amplifié, mais pas saturé, oscille constamment entre l’urbain et le terrien, que ce soit en rythmique ou en solo, avec un goût prononcé pour les tonalités basses et quelques notes qui en sont autant de marqueurs. 

Il est aussi un remarquable constructeur d’ambiance, entre mélancolie et catharsis. On plonge dans ses reprises de Muddy Waters ou Jimmy Reed, ses évocations de Sonny Terry, DeFord Bailey, Lonesome Sundown, ses passages boogie ou funky soul, ses chansons dépouillées, où seuls un ou deux instruments et les voix suffisent. Il n’y a aucune exagération, aucune longueur, tout est dans le placement, l’expressivité. Le chant est, toutes proportions gardées, comparable à celui de Muddy Waters : belle voix, profonde, expressive, tour à tour douce puis imprécatrice, les sentiments passent. 

Superbement entouré de Dirk Powell à la guitare et au piano, Lee Allen Zeno à la basse, Gerard St. Julien à la batterie, sans oublier Corey Ledet à l’accordéon ni Teka Briscoe et Ahyris Navarre aux chœurs, Grant peut doser son harmonica autant que de besoin, parfois juste en accompagnement, parfois en vedette, avec des solos à grimper aux rideaux, comme sur Forgive me, Tell me, Learn to treat me right ou So many roads. Dirk Powell n’est pas en reste sur Forgive me ou So many roads. On aurait aimé en avoir d’autres sur Louisiana blues, She come running, Footsteps in the hall ou Honest I do, par ailleurs un peu mou, mais ça ne fait que donner envie de remettre le disque au début. 

Christophe Mourot

Note : ★★★★½
Label : Records DK
Sortie : 21 octobre 2022

bluesChristophe MourotchroniqueGrant Dermodynew albumreview