;
Chroniques / 11.02.2020

Gloria Gaynor, Testimony

Qui s’attendait à entendre un disque de Gloria Gaynor de cette qualité ? Et à ce qu’elle remporte un Grammy, en 2020, dans la catégorie meilleur album gospel “roots” ? En France, la chanteuse est depuis longtemps – qui plus est depuis la victoire des Bleus à la Coupe du monde de 1998 – associée au tube I will survive. Sauf que depuis ce succès de 1978, elle a sorti une dizaine d’albums. Reconvertie au christianisme depuis 1982, elle a cependant attendu ses 70 ans pour publier “Testimony”, son premier album entièrement religieux.

Enregistré à Nashville, dans un haut lieu de la musique country (le studio A de RCA), ce disque porte bien son nom : c’est le témoignage d’une femme qui a choisi Dieu après avoir vécu une lourde épreuve. En ouverture, dans Amazing grace, ses premiers mots font ainsi référence au grave accident qui a failli la laisser paralysée il y a quarante ans. Mais elle est de retour au sommet (Back on top) et chante les louanges du Seigneur (Precious Lord de Thomas A. Dorsey). Joyeux et entraînant, cet album a le mérite d’être entièrement “joué” : il y a peu de synthés, un “vrai” orchestre, avec orgue Hammond B3, cuivres et chœurs. Le son est celui d’un gospel moderne qui évite les écueils de surproductions parfois assourdissantes. Du coup, on apprécie pleinement le beau duo avec le chanteur chrétien Bart Millard (un peu moins celui avec Yolanda Adams, dont la voix se détache moins). Le répertoire est avant tout original, mais il y a aussi une reprise de Bob Dylan, un Man of peace mordant et bigrement d’actualité.

Décidément bien conçu, ce disque se referme sur Day one, touchante composition où la voix de l’ex-reine du disco révèle quelques fêlures qui peuvent rappeler celles de ses aînées Candi Staton et Mavis Staples. 

Julien Crué

Note : ★★★½
Label : Gaither Music Group 
Sortie : 7 juin 2019

Gloria GaynorgospelJulien Crué