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Brèves / 30.05.2011

Gil Scott-Heron, une grande perte

Certes, Gilbert « Gil » Scott-Heron n’était pas un saint, les peines de prison ferme prononcées à son encontre pour détention de stupéfiants sont là pour nous le rappeler. Mais il occupait une place à part dans l’histoire de la musique américaine et son influence était considérable au-delà des frontières de son pays. Pour preuve, les hommages rendus ce week-end par les plus grands médias français (Le Monde, Libération, Le Figaro, Paris-Match, etc.) à l’annonce de son décès. Car, comme nous l’annoncions ci-dessous, Gil Scott-Heron a donc quitté ce monde, à seulement 62 ans. Peut-être à cause de la drogue, du sida, on ne sait pas trop, les dépêches se contentant de révéler « qu’il est tombé malade au retour d’un voyage en Europe et qu’il est mort vendredi à l’hôpital St. Luke de New York. » Né le 1er avril 1949 à Chicago, il est élevé par sa grand-mère (ses parents se séparent alors qu’il a 2 ans) et étudie successivement à Jackson (Tennessee), à New York et à Lincoln (Pennsylvanie), puis de nouveau à New York. Et il est encore étudiant quand paraissent ses premiers livre (Le vautour) et disque (« Small Talk At 125th And Lennox »). Dans ses textes, on note déjà sa poésie et son implication politique en faveur de la cause afro-américaine, et cet artiste très engagé fustigera également l’apartheid, le nucléaire ou encore le conservatisme des gouvernants (The revolution will not be televised, enregistré en 1974, reste un de ces titres les plus fameux). Musicalement, Scott-Heron, qui s’accompagne au piano, s’entoure à ses débuts de musiciens de jazz, un style dont il restera proche même s’il explorera finalement tous les styles de musique noire. Mais il se distingue surtout par ses chants scandés, qui inspireront grandement le rap et le mouvement hip-hop dans son ensemble, au point que beaucoup le considèrent comme l’un de ses géniteurs. Au total, on doit à Gil Scott-Heron une demi-douzaine de livres et une quinzaine de CD (plus des live et des compilations), mais sa carrière discographique est marquée par une longue éclipse, largement due à ses déboires avec la justice qui le poursuivront durant une bonne partie des années 2000. Et puis, en 2010, après 16 ans de silence en studio, il revient avec le splendide « I’m New Here » et confirme le temps d’une tournée qu’il reste un compositeur essentiel. Une seconde carrière qui ne se prolongera donc pas.