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Live reports / 25.01.2016

Generations Trio featuring Fred Wesley

À son âge et avec son CV (qu’il détaillera dans un prochain numéro de Soul Bag), Fred Wesley pourrait se contenter de rabâcher ses titres de gloire – comme un certain saxophoniste de sa connaissance – sans qu’on le lui reproche. Mais ce n’est visiblement pas le genre de la maison : après bien d’autres projets et en parallèle à ses New JB’s (qui seront de retour en France au mois de mai), le voilà au sein d’un trio jazz baptisé Generations au côté de deux partenaires croisés à l’occasion d’un hommage à Jimmy Smith, le batteur français Tony Match et le jeune organiste italien Leonardo Corradi. Comme à chacune de ses visites, c’est un New Morning rempli à ras bord (en places assises) et très motivé qui l’attend.

 


Fred Wesley, Tony Match

 

Après une entrée en fanfare sur Shake everything you’ve got, Wesley explique qu’il s’agit d’un programme jazz – à la déception de quelques fans mal informés – et c’est en effet dans ce registre que se tiendra la plus grande partie des deux sets. Le répertoire emprunte essentiellement aux classiques d’un certain jazz très ouvert à la soul et au gospel, de Wes Montgomery (Road song) à Eddie Harris (Freedom jazz dance) en passant par Horace Silver (The preacher) et Jimmy Smith (Back at the chicken shack, The cat), auxquels s’ajoutent quelques compositions de Wesley comme Old men – l’occasion pour lui de préciser qu’il est sans doute la personne la plus âgée de la salle ! – et Slide man. Si Wesley est évidemment la star du trio – et chacune de ses interventions vient confirmer qu’il est, quel que soit le contexte, un soliste passionnant –, c’est sans doute Leonardo Corradi à l’orgue qui sera la découverte marquante de ceux qui ne l’avaient pas encore entendu. À peine âgé de 24 ans, il aligne les solos à la fois construits et excitants, nourris de la grande tradition des Jimmy Smith and Co mais sans le moindre recours aux clichés. Très vite, chacune de ses interventions déclenche un enthousiasme dans le public comparable à celui provoqué par un Wesley qui semble d’ailleurs se régaler à l’écouter jouer ! Tony Match, de son côté, assure de son jeu moderne et propulsif, un accompagnement à la hauteur de jeu de ses partenaires.

 


Leonardo Corradi, Tony Match, Fred Wesley

 

 


Fred Wesley

 


Tony Match

 

Après une première partie brûlante, le deuxième set atteint l’incandescence sur Caravan, emprunté à Duke Ellington et ouvert par un solo très jungle de Tony Match, au point que le public en reprend à pleine voix le thème à peine le morceau terminé par le trio ! I’ve got my mojo working, dans la version de Jimmy Smith, prolonge l’excitation avant que Wesley ne se décide, pour le dernier morceau du set, à revisiter son passé le temps d’un titre – pas le plus évident – des JB’s, Same beat, agrémenté de quelques clins d’œil p-funk. En rappel, Wesley offre son classique House party, aussi inévitable que réjouissant, avec sa fausse sortie rituelle, qui vient clore en beauté une soirée particulièrement réussie. Wesley est sans doute le musicien soul-funk qui tourne le plus régulièrement par chez nous, mais cette familiarité ne doit rien enlever à la qualité toujours renouvelée de ses prestations : s’il passe près de chez vous, ne le ratez pas, quel que soit le contexte !

Frédéric Adrian
Photos © Fouadoulicious

 


 Fred Wesley

 


Tony Match, Fred Wesley