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Live reports / 25.07.2014

Gary Bartz

Pour certains, le jazz se déguste l’été sur écran géant et sous chapiteau. Heureusement, les clubs parisiens proposent une alternative, avec une programmation particulièrement luxueuse pendant les mois d’été. Au Sunset-Sunside, c’est l’American Jazz Festiv’Halles, qui fête sa vingt-troisième édition avec une liste d’invités prestigieux, dont certains, comme le Docteur Lonnie Smith ou l’organiste Rhoda Scott proposent une musique proche des centres d’intérêt de Soul Bag. Ce soir, c’est Gary Bartz, un musicien plutôt rare chez nous, qui s’y produit, accompagné du trio du pianiste vétéran – des débuts de Motown aux groupes de Chet Baker et David Newman, entre autres – Kirk Lightsey (Kirk Lightsey au piano, Tibo Soulas à la contrebasse et Sangoma Everett à la batterie). Dans un tel format, inutile d’espérer entendre le jazz funk des albums Capitol ou les flamboyances électriques de Miles Davis, qu’il accompagna au sein d’un de ses groupes les plus radicaux.

Ce qu’on peut entendre, par contre, c’est une superbe session de jazz acoustique post bop, joué par deux vétérans au sommet de leur art, accompagné d’une rythmique à l’écoute mais qui n’hésite pas à bousculer, le temps de solos percutants (voire percussifs, dans le cas du contrebassiste), ses deux leaders. Le répertoire mêle les originaux de Bartz, comme l’accrocheur Uncle Bubba, dédié à Thelonious Monk, et les standards comme le Blues in green de Miles Davis. Si l’ambiance sur scène est décontractée, pas question de plaisanter avec la musique. À l’alto ou au soprano, Bartz garde, même dans ses explorations les plus téméraires, un ancrage solide dans le blues, auquel répond en évidente complicité le jeu lyrique et expressif de Lightsey. Et lorsqu’il se lance dans les ballades, il parvient à être sentimental sans sombrer dans la mièvrerie : débutée en duo piano-saxo, I’ve never been in love before, est un modèle du genre, tout en émotion contenue.  Les obligations de la vie réelle obligent à quitter les lieux après un premier set enchanteur, mais la musique de Gary Bartz et Kirk Lightsey nous accompagne en pensée bien après être sorti du club…

Frédéric Adrian