Échange avec Matt Stubbs, guitariste et fondateur d’un trio fraîchement renouvelé qui s’apprête à publier un nouvel EP et à fouler des scènes françaises et européennes.

Parlons tout d’abord de la nouvelle configuration du groupe qui viendra en France fin avril.

D’abord, 2024 a vu l’arrivée d’un nouveau batteur qui s’appelle Josh Kiggans [en replacement de Tim Carman]. C’est un musicien expérimenté qui a passé une douzaine d’années dans le groupe de country rock de Boston Ward Hayden and The Outliers. C’était déjà un ami, c’est un super batteur roots blues et country. Et puis il y a maintenant un nouveau chanteur, Cody Nilsen, guitariste également et je le connais depuis des années. Par chance, il était disponible quand il a fallu un nouveau chanteur-guitariste [pour remplacer Pat Faherty], il habite près de chez moi, à Providence, Rhode Island. Tout cela s’est donc passé parfaitement !

Est-ce que cela veut dire un son différent, de nouvelles influences dans le groupe ?

Oui et non ! Le nouvel EP qui sort montre que cela sonne comme du classique GA-20, enregistré toujours de la même façon. Cody a bien sûr sa propre personnalité, c’est aussi un très bon guitariste de country et de rock ’n’ roll, il a ces influences à sa disponibilité dans son jeu et cela nous donnera l’occasion d’aller dans d’autres directions, mais pour l’instant on est dans le Chicago blues classique.

Passons en revue ce nouvel EP de 4 titres. Votre choix de reprises est toujours intéressant : à commencer par Cryin’ & pleadin’, un titre de Billy Boy Arnold pour qui vous semblez avoir un petit faible…

J’ai eu l’occasion de jouer avec lui une fois quand j’étais dans le groupe de Charlie Musselwhite, c’était au Chicago Blues Festival et il était venu faire quatre titres avec nous. J’ai toujours aimé les compos de Billy, Wish you would bien sûr souvent repris, mais quand vous y regardez de plus près, il y a bien d’autres titres sympas, souvent avec ce même “jungle beat” et un accord, hypnotique, et la voix de Cody correspond bien à tout ça.

On retrouve ensuite un titre swamp blues…

Effectivement, au début de GA-20, une des premières vidéos mises en ligne, c’était un titre de Lazy Lester. J’adore Lazy Lester, j’adore Excello Records, la façon dont ça sonne. Je me rappelle, tout jeune, Slim Harpo et Lazy Lester, ce genre de truc, ça me parlait ! J’ai eu la chance de voir Lazy Lester plusieurs fois il y a quelques années en festival, je crois, à l’époque où je jouais avec Janiva Magness, avant Charlie Musselwhite. C’était cool, une voix iconique, quelque chose de country, et l’arrivée de Cody Nilsen avec une expérience de country (il joue de la lap steel et de la pedal steel) a permis de faire cette reprise de I love you, I need you qui correspondait parfaitement à son approche vocale.

Petite surprise après, avec I don’t mind, un titre des débuts de James Brown, d’où vient cette idée ?

Ça fait quelques années en fait qu’on jouait ce titre en concert et on ne l’avait jamais enregistré. C’est un titre de James Brown, mais je l’ai d’abord entendu, sans réaliser tout de suite que c’était de lui, par les Who qui l’avaient mis sur leur premier disque ! Et notre arrangement se rapproche de cette version, le MC5 aussi faisait ce titre d’ailleurs, des groupes de rock qui aiment la soul et le blues.

Quatrième et dernier titre de cet EP, un Elmore James, peut-être pour mettre en valeur le jeu en slide de Cody ?

Stranger blues : encore une fois, ce rythme de batterie un peu tribal que j’affectionne particulièrement et puis oui, Cody est un grand guitariste slide, et le groupe, sous influence Hound Dog Taylor, est en partie défini par ce genre de morceau. On devait faire ce titre et de toute façon, ces quatre titres, j’ai toujours voulu les enregistrer !

Il y a une autre reprise faite par le groupe qui est apparue récemment sur YouTube, un court extrait d’un morceau de Lonnie Mack, Chicken pickin’, tout à fait autre chose, pourquoi ce choix ?

J’ai toujours aimé ce qu’il faisait, ses deux premiers disques, “Wham” et sa version de Memphis. Avant GA-20, j’avais un groupe instrumental, The Antiguas, et je recherchais en permanence des titres à reprendre ou de l’inspiration pour écrire des originaux et Lonnie Mack était dans mon top.

Où ont été enregistrés les titres du nouvel EP ?

Dans un nouveau studio pour nous, Rare Signals à Cambridge dans le Massachusetts, à côté de Boston. C’était parfait. Brian Charles, l’ingénieur, est un spécialiste du son vintage, donc tout le monde dans la même pièce, live, et en une ou deux prises, on avait ce que l’on voulait. Ça nous a pris un jour et demi !

Le message de cet EP semble donc bien être, nous sommes un groupe de blues ! Mais qu’en est-il de la suite ?

On n’est pas près de s’éloigner du blues, mais on a déjà laissé d’autres influences transparaître, comme sur “Crackdown” par exemple, alors le rock garage, la country, je suis toujours ouvert à beaucoup d’autres styles de musique, sachant que j’écoute surtout ce qui s’est fait dans les ’50s et ’60s ou le début des ’70s, la période “classique” si on peut dire. Avec Cody et Josh qui ont tous les deux joué de la country de nombreuses années, et du rock’n’roll, ça se mélange bien à notre style. On a d’ailleurs déjà enregistré le prochain disque, on est en train de mixer et il sortira l’année prochaine. En attendant, le nouvel EP est en digital, mais on travaille sur un truc spécial pour sortir ces titres en vinyle peut-être avec d’autres choses en bonus, on va voir. Dans l’immédiat, nous serons en France à partir du 24 avril, ce sera la troisième fois, j’adore la France, j’adore manger, donc c’est idéal. Merci et à bientôt !

Propos recueillis par Éric Heintz le 7 avril 2025.

Le nouvel EP sera disponible le 25 avril.