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Live reports / 05.05.2014

Frank McComb

La faute à une programmation un lundi soir de rentrée, à des venues trop régulières ou à des concerts pas toujours à la hauteur de ses capacités, il n’y avait pas foule pour accueillir Frank McComb au Bizz’Art, malgré la sortie récente d’un album hommage à Donny Hathaway bien accueilli (4 étoiles dans Soul Bag, notamment).

La soirée commence de façon quelque peu confuse, avec McComb qui arrive sur scène pour se plaindre du son et tenter de présenter ses musiciens… alors qu’il ne connaît pas leurs noms. De façon inattendue, le programme du concert ne correspond pas à celui de son dernier disque, mais s’ouvre sur deux titres personnels plus anciens, avant qu’il se lance dans quelques titres du répertoire de Donny Hathaway.

 

 

Comme souvent avec McComb, les moments de brillance alternent avec des passages plus ternes : pour une belle version de The Ghetto – où le public du Bizz’Art retrouve presque la ferveur de l’enregistrement live historique d’Hathaway –, il y a de fort longues diversions instrumentales, peut-être liée aux cordes vocales un peu fatiguées – il le dit lui-même – de McComb. Ainsi, un Superstition endiablé laisse place à une soupe plus ou moins fusionnante, qui souffre en plus du peu de familiarité de l’artiste avec ses accompagnateurs, qu’il a rencontré le jour même. C’est d’ailleurs en version plus dépouillé, avec le seul accompagnement ponctuel d’un flûtiste invité, que McComb donne la pleine mesure de son talent d’interprète, le temps d’un medley associant A song for you et For all we know. À cette occasion, il semble pénétrer au plus profond des chansons comme peu d’interprètes savent le faire et évoque même, au-delà de Donny Hathaway, l’ombre de Nina Simone.

 

 

 

À l’issue d’un copieux set de presque 90 minutes, il annonce une courte pause, mais celle-ci, occasion pour McComb de vendre ses disques et de rencontrer ses fans, semble s’étendre, au point de nous faire capituler avant le second set promis. Avec ses forces et ses faiblesses, un concert aussi flamboyant qu’inégal, représentatif de la musique de McComb, un artiste attachant dans sa vision et son choix de l’indépendance avant toute logique carriériste.

Frédéric Adrian
Photos © Fouadoulicious