FRANCK GOLDWASSER & VINCENT BUCHER BLUES BAND

Gérard Terronès est un activiste du jazz, patron (un mot qu’il déteste) de clubs, fondateur des labels Marge et Futura, animateur des années durant de Jazz en Liberté sur Radio Libertaire, il vient de se décider à produire un album de blues. Pour ce coup d’essai, il a fait preuve de sagacité en choisissant des musiciens dont la sous-exposition médiatique est égale à leur talent. Il faut dire aussi qu’ils ne semblent pas faire de gros efforts pour sortir cette ombre, la jugeant peut-être confortable ou protectrice. Franck Goldwasser met sa guitare au service des Mannish Boys ou des Sultans of Slide quand il n’accompagne pas Fillmore Slim ; Vincent Bucher "mondialise" son harmonica auprès de Tao Ravao et de Boubacar Traoré, ou s’invite dans les productions de Larry Skoller. Le rôle de leader ne paraît pas être une finalité pour eux.

Vincent, Franck, Simon et Jérémie font la java !

Sur la scène de La Java – un lieu qui devrait plus s’ouvrir au blues –, Franck avoue que lui et Vincent s’étaient promis, voilà plus de 30 ans, d’enregistrer ensemble un jour. Ce jour est arrivé, puisque c’est ce concert qui fera l’objet d’un album Marge/Futura. Si le contexte acoustique imposé est inhabituel, on adhère immédiatement à la formule de cet orchestre composé de deux guitares (avec celle du trop rare Jérémie Tepper), de l’harmo de Vincent et de la batterie de Simon Boyer dont la technique éprouvée aux balais trouve là son meilleur emploi.

Simon Boyer et Jérémie Tepper

Le parti pris "unplugged" incite au partage, à l’écoute de l’autre. Une conception de la musique qui convient bien aux protagonistes et qui n’interdit pas les belles envolées ou les solos développés et bien sentis. À tout moment, Franck Goldwasser se montre totalement impliqué, et plus particulièrement lorsqu’il rend un hommage exalté à son maître Phillip Walker. Il délivre aussi une version irrésistible du Chicken heads de Bobby Rush ou de Sweet lovin’ mama.

Franck Goldwasser

Vincent Bucher est un harmoniciste au jeu complexe et varié, animé du souffle du swing. J’ai retenu ses versions de I’m a lover not a fighter et du jazzy Welcome to the club, mais il fut toujours passionnant.