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Chroniques / 03.04.2020

Franck Goldwasser, Sweet Little Black Spider

Cela commence par de l’inquiétude quand on lit dans le dossier de presse que Franck Goldwasser traverserait une mauvaise passe. Puis c’est le soulagement en écoutant le double disque qui résulte de cette séance organisée avec l’ubiquiste Kid Andersen qui, au passage, officie non seulement aux manettes mais aussi à la basse. Quoi qu’il ait pu se passer dans la vie de Franck, c’est une forme de bénédiction que cela ait pu générer un blues d’une telle qualité.

Le projet prend la forme de deux disques, l’un avec des morceaux chantés, l’autre avec des musiques supportant des monologues de Franck racontant moult anecdotes de sa vie de bluesman, ses rencontres avec des figures de l’idiome. Pas forcément des choses extraordinaires mais des tranches d’une vie que la majorité d’entre nous ne vivra jamais. Nul doute que ces rencontres ont contribué à forger le talent de Franck dont le premier disque ici permet de prendre la mesure. Libre à la guitare, il enchaîne les riffs, comme extraits d’un catalogue de blues, mais un catalogue qu’il s’est construit à la dure. June Core fait un formidable travail à la batterie, marquant le rythme et travaillant aussi comme un deuxième soliste dans une étonnante complicité avec Franck. Avec la basse ronflante de Kid Andersen, les trois soutiennent le chant impeccable du leader dont la puissance des textes tranche avec l’indigence de beaucoup de ceux qu’on entend d’ordinaire. Tyranny is rising en est l’exemple. 

Le deuxième disque est plus particulier à écouter. Il faut entreprendre la démarche car c’est une partie de l’histoire du blues qui nous est contée et aussi pour la musique qui reste superbe. Le son d’ensemble est proche du live, avec des tensions-détentes délicieuses et des solos dans lesquels on plonge comme dans une mer chaude.

Christophe Mourot

Note : ★★★★
Label : Autopublié
Sortie : 29 janvier 2020

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