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Live reports / 08.08.2011

FIESTA SÈTE

Nous voilà donc arrivés à la dernière soirée du festival. Incartade à une programmation centrée sur les musiques du monde, ou petit rituel de clôture (George Clinton avait tiré le rideau de Fiesta Sète 2010), c'est une véritable “Soul  & Funk Revue” à laquelle nous sommes conviés ce soir-là. Le programme est alléchant, et c'est avec une chanteuse que j'affectionne particulièrement que le rideau s'ouvre !

Alors que les “jeunots” de Dynamites, conduits par leur chanteur-leader-arrangeur-MC, l'excellent Bill Elder aka Leo Black, entamment musicalement les festivités, c'est une Betty Harris visiblement émue par l'accueil d'un public déjà conquis qui s'avance gracieusement sur la scène du théâtre du haut de ses 70 (et quelques…) printemps, robe satinée et talons de rigueurs… La grande classe !

Si en dehors des circuits confinés d'aficionados de northern soul, d'auditeurs avertis de musiques afro-américaines du meilleur cru, de quelques collectionneurs pointus de 45-tours et bien évidemment des lecteurs de Soul Bag, le nom de Betty Harris ne parle peut-être pas à grand monde de ce côté-ci de l'Atlantique, c'est pourtant bien une figure “légendaire” de la scène soul des sixties qui fut devant nous ce soir-là. Un set d'une quarantaine de minutes pour la “Lost Queen of New Orleans Soul”, comme elle fut souvent créditée, a permis à l'auditoire d'entendre ou de réentendre quelques hymnes qu'elle enregistra sous la coupe du producteur Allen Toussaint et des formidable Meters, quelque 35 ans auparavant.

Mean man, There's a break in the road, I 'm evil tonight, Trouble with my lover n'ont pas prit une ride, et Madame Harris alterne avec aisance des ballades blues-soul à la moiteur torride tout autant que des morceaux mid et up tempos aux arrangements lorgnant du coté d'un funk épais comme la végétation du bayou. L'émotion est à son comble lorsqu'elle nous livre Cry to me, un titre de feu Solomon Burke qu'elle enregistra en 1963 et qui la hissa dans le haut des classements américains.

 

Betty Harris et les Dynamites

Portée par les excellents Dynamites, la fièvre du public ne baisse pas d'un seul degré lorsque le très “jamesbrownien” Charles Walker entre en piste. Ce natif de Nashville, assurant à la grande époque les premières parties d'Etta James, de James Brown, d'Otis Redding, ou travaillant comme auteur pour la Motown, est ce genre de bonhomme qui semble avoir l'enthousiasme et l'énergie d'un nouveau venu. Le public qui s'était massé sur le devant de la scène durant la première partie de cette “revue” n'a pas été déçu… et pour le coup, est resté là.

Entre reprise de standards raw funk et morceaux originaux sortis des deux albums qu'il enregistra récemment avec ses comparses nashvilliens de Dynamites, le rugueux Charles nous a servi sans relâche, et durant quasiment une heure et demie, un set gorgé d'une soul et d'un funk authentiques, qui à l'image des new-yorkais des Dap-Kings et de leur Sharon Jones chérie, ont fait suinter les murs historique du théâtre de la Mer de Sète. Petit répit pour les danseurs quand Betty Harris réapparaît pour une reprise en duo de Summertime (soulful à souhait), et voilà qu'il était malheureusement temps de laisser la place à celui que beaucoup était venu voir ce soir-là : Maceo Parker.

“Malheureusement” n'est peut-être pas le bon mot pour évoquer la venue du fameux saxophoniste. Mais je dois bien l'avouer, après l'avoir vu régulièrement en concert depuis le début des années 1990, l'excitation était un peu moindre ce 8 août 2011. L'absence depuis quelques années de ses acolytes notoires que sont Fred Wesley et Pee Wee Ellis ne fait qu'aggraver cette sensation.


Maceo Parker


Maceo Parker et Martha High

À noter tout de même la présence de Martha High qui nous livra une bien sympathique version de Think, mais qui, de mon point de vue, aurait gagnée à être un peu plus mise en avant durant le show. Alors Maceo, problème d'ego ? Dans tout les cas notre homme en donne pour son argent, presque deux heures de concert, le public en redemande, finalement c'est bien là l'essentiel.
J. do Mar

Photos © Fiesta Sète/Pierre Nocca