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Live reports / 12.08.2011

Festival Les Musiques de La Nouvelle-Orléans (MNOP)

Comme il est de coutume, les festivités ont démarré dans la belle cour de style Renaissance du Logis Saint Front. S’y produisaient Don Vappie (g, bjo, vo), un habitué des lieux, et la chanteuse Topsy Chapman. Soliste brillant et accompagnateur attentif, Don Vappie a fourni un soutien précieux à Topsy Chapman qui nous a gratifié de belles versions de vieux classiques (I can’t give you anything but love, Trouble in mind et All of me). Leur prestation s’est terminée avec la participation amicale de Mark Braud (tp) et Oriol Romani (cl) par une version musclée de When the Saints go marchin’ in.

 
Topsy Chapman, Don Vappie, Oriol Romani, Mark Braud

En début de soirée, Big Chief Bryan Nelson & The Guardians of Flame ont inauguré la grande scène du parc Gamenson. Leur spectacle, vivant et coloré, propose les ingrédients essentiels des musiques de La Nouvelle-Orléans en y intégrant une touche funk très actuelle.

 Le trompettiste Mark Braud et ses New Orleans Giants ont ensuite pris possession des lieux. Bâtie sur le format des All Stars de Louis Armstrong, cette formation (Oriol Romani (cl), Lucien Barbarin (tb), Steve Pistorius (p), Kerry Lewis (b), Jean-Pierre Derouard (p)) a interprété avec une authenticité vivifiante des classiques du répertoire traditionnel (Sugar foot stomp, Basin street blues, Maple leaf rag). Servie par des artistes de ce talent, cette musique pare la tradition de la jeunesse d’une aube radieuse. Excellente dans I cried for you, If I had to be you et un Down in honky tonk town astucieusement amené par l’orchestre, Topsy Chapman a montré une fois de plus toute sa classe.


Big Chief Bryan Nelson & The Guardians of Flame


Steve Pistorius, Topsy Chapman, Oriol Romani, Mark Braud, Lucien Barbarin

Après Chuck Perkins et des Troubadours du Futur Antérieur, dont le message engagé évoque une triste actualité, vint Brother Tyrone. Un peu tendu au début de ce qui était son premier concert européen, le chanteur a largement relevé son périlleux défi : plonger son assistance périgourdine dans la moite ambiance d'un club de NOLA. Certes, il a fallu quelques morceaux pour que le guitariste Everette Eglin et les Français de Talk That Talk s'accordent sur les niveaux sonores et le feeling à adopter. Mais ensuite, à grand renfort de cheating songs et autres tubes sudistes, Brother Tyrone a montré qu'il était un excellent jukebox humain, un élève doué des grands Solomon Burke et Bobby Womack. Rapidement, la greffe a pris et, à en croire l'enthousiasme de la frange la plus jeune du public, la soul music a toute sa place parmi les musiques de la Nouvelle-Orléans.

 
Chuck Perkins


Brother Tyrone

Le lendemain matin, une parade organisée par Jean-Marie Hurel dans les rues de la ville réunissait les participants du festival, vedettes en tête, pour un moment de convivialité et d’amitié.

À seize heures, le logis Saint Front accueillait le pianiste Steve Pistorius, Oriol Romani et Jean-Pierre Derouard pour une reconstitution réussie des trios organisés par Jelly Roll Morton autour des frères Dodds, d’une part, et de Zutty Singleton et Barney Bigard, d’autre part. Là encore, point d’esprit passéiste. Ces musiciens ont nourri d’un souffle vivifiant une musique sur laquelle plane l’ombre argentée de l’histoire parce qu’ils la vivent avec naturel et authenticité (Jelly Roll blues, Wolverine blues, 2 19 blues).

 Le pianiste Tom Worrell a débuté la soirée au parc Gamenson en perpétuant la tradition des pianistes de la Cité du Croissant incarnée dans le passé par le Professor Longhair et James Booker, et, plus récemment, par Henri Butler. Tout naturellement, lui ont succédé le guitariste Vasti Jackson, dont l’art puise au plus profond du blues, et Don Vappie qui a illustré l’évolution du blues au travers des époques. La soirée s’est terminée par un hommage rendu à Mahalia Jackson par Topsy Chapman et Lilian Boutté superbement accompagnées par l’orchestre de Mark Braud et qui en remontreraient à bien des chanteuses actuelles. Un MNOP d’une bonne cuvée.

Alain Tomas (et Julien Crué pour le paragraphe sur Brother Tyrone)
Photos © Nina Reynaud


Tom Worrell


Vasti Jackson et Don Vappie


Topsy Chapman, Don Vappie, Lilian Boutté, Oriol Romani