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Live reports / 03.09.2013

Festival Jazz Foix

Dominée par le château des comtes de Foix bâti sur un éperon taillé dans le roc par l’Ariège et l’Arget, s’étend la ville de Foix. Le lieu chargé d’histoire situé aux pieds des Pyrénées abrite, depuis maintenant treize ans, un festival dont l’affiche célèbre le jazz sous toutes ses formes.

La soirée du 23 juillet fut consacrée au jazz manouche représenté par la Dorado Schmitt Familia. Dorado et ses trois fils, Samson, Bronson et Sonny, tous guitaristes émérites, et leur cousin, le contrebassiste Gino Roman, ont interprété avec brio un répertoire sur lequel planait l’ombre tutélaire de Django Reinhardt (Minor swing). S’y ajoutait des standards du jazz (Sweet Georgia brown), des classiques comme Besame mucho, plaisamment chanté par Dorado, et des compositions des membres du groupe (À nos amis Corses).

Un sens raffiné de la mélodie et une approche harmonique élégante, ont fait d’Alain Jean-Marie l’un des grands pianistes de la scène européenne du jazz. Le lendemain carte blanche lui était donné pour réunir un bien bel orchestre : Gilles Naturel (b) et Alain Soirat (dms), tous deux accompagnateurs d’exception, Dmitry Baevsky (as) et Raynald Colom (tp), deux solistes de grande classe. Détenteurs d’une science musicale éprouvée, ils ont décliné hors des sentiers battus avec l’aisance et l’apparente facilité que donne le talent, des standards be bop de la meilleure cuvée (Pensativo).

 


Dmitry Baevsky et Raynald Colom © David Bouzaclou

 


Orlando Poleo © David Bouzaclou

 

Après la soirée de mercredi animée par les rythmes dansants de la formation du percussionniste latin jazz Orlando Poleo, la scène de l’école Lucien Garon accueillait, le 26 juillet, le trio du pianiste Cyrus Chestnut et son invité, le saxophoniste ténor Piero Odorici. Ayant fait sa classe auprès de Betty Carter de Wynton Marsalis, le pianiste Cyrus Chesnut connaît son histoire du jazz sur le bout des doigts. Explorant les ressources du gospel, du blues et du bop, son jeu est agrémenté de trouvailles surprenantes comme en témoigne son adaptation du Lac des cygnes de Tchaïkovski. Avec des experts comme Darry Hall (b) et Willie Jones III (dm), la rythmique tourne à merveille. À l’aise sur les thèmes bop, Piero Odoroci a fait preuve d’un sens mélodique raffiné.

De récents ennuis de santé n’ont pas altéré le jeu de Cedar Walton dont on connaît la prédilection pour le blues, l’un des axes forts de sa prestation (1). Occupant l’espace laissé libre par la relative discrétion du pianiste, Willie Jones III et David Williams (b) ont assumé le double rôle de stabilisateur et de dynamiteur. Les interprétations de Serious blues et Blue Monk leur doivent beaucoup. La dernière soirée s’est déroulée sous le signe de la variété de haut vol avec un sympathique hommage à Frank Sinatra célébré par le crooner Gead Mulheran et les expérimentés musiciens du Big Band Brass.

Associés à ces concerts qui se sont déroulés sur la scène de l’école Lucien Goron ou de l’Estive, le festival Jazz Foix proposait d’autres manifestations : “Jazz en Off”, une manifestation rassemblant à l’heure de l’apéritif, aux terrasses des cafés, les musiciens de la région, “Jazz et Art”, une exposition des dessins réalisés pendant le concert par Baudouin et Willem et les jam de “Jazz autour de Minuit”. Un beau millésime.

Alain Tomas

1. Cedar Walton s'est hélas éteint à peine un mois plus tard, le 19 août 2013.