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Live reports / 23.02.2015

FESTIVAL INTERNATIONAL DE BOOGIE WOOGIE

Avec pour conseiller artistique le spécialiste belge Renaud Patigny, la ville de Cambrai réussit chaque année à bien remplir le théâtre municipal pour son festival de trois jours. Affiche thématique, donc, mais suffisamment variée pour que le public en redemande. Retour sur cette sixième édition.

 

Vendredi

Boogie au féminin ! Trop souvent cantonné dans notre mémoire à une locomotive roulant les mécaniques, le genre est aussi pratiqué par des expertes qui peuvent à la fois concourir avec les meilleurs mais aussi montrer leur différence. Wendy de Witt (San Francisco) en est. Clavier fluide, voix claire et mélodieuse, elle sort des clichés et propose, par exemple, un Summertime chanté sur fond du Vol du bourdon de Rimsky-Korsakov.

Avec Dona Oxford (Los Angeles), on est proche du rock’n’roll : dynamique, pétulante et frappe solide, l’ex-accompagnatrice de Shemekia Copeland sait y faire et n’hésite pas à passer derrière la batterie lors des jams. Elle déménage !

L’Allemande Ulrike Hausmann leur est techniquement supérieure mais malgré un pantalon de cuir motard, ne manifeste aucune sensualité. Elle devrait aussi s’abstenir de chanter. À noter, à l’accompagnement jazzy Alice Bassié (France), la jeune batteuse expérimentée Sabine Pyrker (Autriche) – fille d’un autre spécialiste du boogie – et Geneviève Dartevelle (Belgique) à l’harmonica. Renaud Patigny, ce soir-là, ne joue que la motrice d’entraînement.

 


Wendy de Vitt et Dona Oxford

 

Samedi

Cocorico ! Après les avoir croisés auparavant dans des jams où leur très jeune âge respectif étonnait déjà, Aymeric Danjou et Lucien Oisel, encore ados et tous deux originaires de Marcq-en-Barœul (Nord) ont recueilli une ovation justifiée, tant leurs progrès instrumentaux nous ont épatés ! Mention spéciale au second : il est le seul Français, à ma connaissance, à piocher avec autant de talent dans le répertoire R&B néo-orléanais de James Booker (5 titres). Bravo les jeunes !

Autre découverte : le Strasbourgeois Sébastien Troendlé, aussi à l’aise dans le boogie que dans le ragtime et le stride, assis sur un énorme ballon (!) en guise de banc. Deux saxes ténor, une section rythmique swing et un couple de danseurs égaillent la soirée. Nouvelle prestation réussie de Renaud Patigny.

 


Lucien Oisel

 

Dimanche

Sid Morris (Baie de San Francisco), un habitué des accompagnements de Mark Hummel, ouvre avec du bon vieux R&B saxé. Son chant n’offre pas la même expertise.

Balazs Daniel (Hongrie) parcourt les classiques par trop entendus. Comment se démarquer face à une aussi haute tenue ?

Silvan Zingg (Suisse) s’est laissé aller à la facilité quelque peu relâchée. Son trio d’accompagnateurs ténorisés le suit fidèlement mais où est passé son style fleuri, ses développements baroques ?

Renaud Patigny, lui, expose son sax alto inventif, hors des riffs et solos convenus (Rhonny Ventat). Son jeu moderne n’est pas au goût de tous mais apporte au maestro belge une sorte d’élévation créative. Enfin, la boogie battle finale qui devait et rassembler leurs groupes respectifs et les mettre en concurrence s’est révélée trop courte et sans grand à-propos. Les jams sessions habituelles ont clôturé dans la bonne humeur.

Texte et photos : André Hobus

 


Renaud Patigny