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Live reports / 29.04.2016

Fantastic Negrito

Vingt-cinq minutes, cinq chansons, et la confirmation d'un talent exaltant. Pourtant, ce soir, en première partie de Chris Cornell (ex-chanteur du groupe de rock Soundgarden), Xavier Dphrepaulezz devait compter sans le soutien de son combo de choc resté à Oakland, Californie. Qu'importe, la dernière renaissance musicale de ce quarantenaire inspiré – qui a connu les montagnes russes du show-biz au milieu des années 1990 en publiant chez le géant Interscope un album à dominante R&B-funk trop allumé pour faire autre chose qu'un flop – s'est faite à même le bitume, armé d'une guitare acoustique, d'une voix écorchée et via un plongeon dans les profondeurs du Delta blues. Ce sens de l'urgence qui parle aux tripes, son personnage de Fantastic Negrito le met d'emblée à profit dans son Night has turned to day, prêche bluesy dont émane des réminiscences de Son House et de R.L. Burnside.

 


Xavier Dphrepaulezz alias Fantastic Negrito

 


L.J. Holoman

 

De profil, debout devant son clavier, son unique complice roule des basses solides et distille de sa main droite d'excellentes envolées soulful. L.J. Holoman a de la bouteille sur le circuit R&B-hip-hop (aux côtés de Tony Toni Toné et Dr. Dre, entres beaucoup d'autres) et sa culture gospel s'entend aussi largement dans ses robustes soutiens vocaux. Avec ses murmures hantés et son riff menaçant, An honest man dévoile un peu plus le potentiel du mélange pratiqué, quelque part entre Jack White, Prince – influence majeure à l'origine de la carrière de Dphrepaulezz qui lui rendra évidemment hommage – et le Delta. Très peu porté sur les reprises, Fantastic Negrito délivre néanmoins un mordant In the pines, alias Where did you sleep last night, revisité à sa sauce dans la forme comme dans le texte puisque s'y glisse notamment un écho direct aux violences policières qui lui sont que trop familières. Son chant soul voilé, ses riffs gras et son langage cru sont particulièrement à la fête sur Rant Rushmore, nouveau morceau riche en rebondissements.

 

 

 

 Vivement qu'il revienne avec son groupe au complet défendre les fulgurances de “The Last Days of Oakland”, un album percutant qui paraîtra le 3 juin.

 

 

Nicolas Teurnier
Photos © Fouadoulicious

 

Un aperçu concret via sa prestation dans le cadre des Tiny Desk Concerts organisés par NPR :