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Chroniques / 16.01.2020

Emily King, Sides

Nouvelle lumière sur un répertoire de haut vol. Si son troisième album publié il y a un peu moins d’un an a déjà fait l’objet d’un bel EP de remixes, Emily King prend ici une autre direction. Cap sur l’acoustique, mais pas pour un “unplugged” vite emballé. Au contraire, la chanteuse-songwriter new-yorkaise et son âme sœur Jeremy Most sont allés en studio pour revisiter, avec ce souci du détail qui les caractérise, onze titres extraits de “Seven”, de “The Switch” et de “Scenery”. Les guitares sèches s’entrecroisent, le piano égrène délicatement ses notes, les percussions veillent au groove… Cet éventail de nuances épouse les contours d’une voix sémillante qui, dans ce contexte recueilli, imprime un relief nouveau à des chansons palpitantes dont on pensait tout connaître. 

Radio envoûte d’emblée et présente l’un des atouts du projet. Ces cordes arrangées par Rob Moose sont au diapason : subtiles et inventives pour toujours alimenter un art du dynamisme sonore exaltant. Ainsi entrent-elles dans la danse conjointement au timbre complice de Sara Bareilles, invitée sur Teach you ; ainsi contribuent-elles au crescendo de Forgiveness. Elles ponctuent aussi d’une pointe de dissonance la dualité de Sides. Délestée de son ostinato de guitare, cette chanson s’articule alors autour du piano et donne lieu à une renaissance de toute beauté. Comme si les mots d’Emily King trouvaient une nouvelle raison d’être. Intense également cette manière d’aborder Down en rampant, sans vouloir délivrer tout de suite le ricochet de son refrain. 

Inutile d’insister sur les bienfaits de ces bascules groove (leçon de funk acoustique sur The Switch) et de ces enchantements mélodiques : les connaisseurs prendront plaisir à les redécouvrir, les curieux détiennent une belle porte d’entrée sur l’univers d’un des tandems les plus inspirés de sa génération. Ce changement d’angle en souligne l’exquise musicalité.

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★
Label : ATO
Sortie : 17 janvier 2020

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