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Chroniques / 25.06.2022

Elizabeth King, I Got A Love

Cinquante ans après sa première et discrète carrière discographique, il y a un improbable revival concernant Elizabeth King : après la fantastique anthologie de ses enregistrements des années 1970 parue en 2019 (“The D-Vine Spirituals Recordings”) et le brillant “Living In The Last Days” de l’année dernière, la chanteuse propose son deuxième disque personnel. 

Sans surprise, il s’inscrit dans la foulée de son prédécesseur : Bruce Watson, le patron du label, est à nouveau aux manettes, avec l’aide du guitariste Will Sexton, les musiciens sont plus ou moins les mêmes, et le répertoire emprunte à nouveau pour l’essentiel aux classiques du catalogue du pasteur Juan D. Shipp et de D-Vine Spirituals. Par comparaison avec le disque précédent, il faut bien admettre que la voix de King présente maintenant quelques marques liées à l’âge, par exemple sur Everybody needs somebody, mais ces faiblesses ponctuelles n’enlèvent rien à une puissance vocale et à une autorité qui évoquent le chant d’un Solomon Burke, aussi à l’aise a cappella sur Give me wings que sur les titres à l’atmosphère soul et funk comme le très puissant My robe ou My time ain’t long

Après la belle version de You got to move sur le disque précédent, le What you gonna do? qui ouvre l’album confirme l’affinité de la chanteuse avec le registre blues – sans pour autant qu’elle renonce à la thématique spirituelle. La nouveauté est la présence, sur un titre, de Jimbo Mathus, qui offre pour l’occasion à la chanteuse une composition inédite très réussie, un gospel long et théâtral qui donne son titre à l’album. De façon poignante, Elizabeth King chante à la fin du disque qu’« il ne lui reste plus beaucoup de temps », soyons-lui reconnaissant de le consacrer à nous offrir son talent.

Frédéric Adrian

Note : ★★★★½
Label : Bible & Tire
Sortie : 24 juin 2022