Il n’est sûrement pas besoin de rappeler aux lecteurs de Soul Bag la place majeure qu’occupe le New Morning, depuis bientôt quarante ans, dans la vie parisienne des musiques afro-américaines. Bien au-delà du jazz auquel il est généralement – et légitimement – associé, le club a accueilli très vite les figures majeures et les nouveaux talents du blues et de la soul : Sugar Blue, Nina Simone, Memphis Slim – tous trois résidents parisiens à cette époque – ou Louisiana Red illustrent cette ouverture dès les premiers mois de programmation. Cette identité particulière, le lieu la doit à sa fondatrice, Eglal Farhi, qui vient de s’éteindre à l’âge de 97 ans.

Inspirée par un club similaire créé à Genève au milieu des années 1970 par les fils de son mari, elle en lance en 1981 une déclinaison parisienne qui s’installe dans l’ancienne imprimerie du journal Le Petit Parisien. Par son sens de l’accueil, combiné avec une intuition artistique affutée, elle permet au lieu – dans lequel elle était encore il y a quelques années une présence habituelle – d’établir un lien particulier avec une famille d’artistes qui va de Chet Baker à Prince en passant par Lucky Peterson, Gil Scott-Heron et bien d’autres. L’ensemble contribue à donner une identité propre à la salle de la rue des Petites Écuries, qui subsiste aujourd’hui encore et en fait un des lieux majeurs de la vie musicale parisienne.

Texte : Frédéric Adrian
Photo : Avec Dizzy Gillespie © DR