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Hommages / 14.09.2020

Edna Wright (1946-2020)

Si Edna Wright doit l’essentiel de sa notoriété à ses années passées au poste de chanteuse principale du groupe Honey Cone et à leur tube Want ads – numéro un pop et R&B en 1971 –, sa carrière est loin de se réduire à cette courte période. 

Fille de pasteur, c’est évidemment à l’église qu’elle fait ses débuts avant de rejoindre les Cogics, un ensemble gospel qui sert d’apprentissage à de nombreuses futures stars comme Billy Preston, Andraé Crouch ou Gloria Jones, avec qui elle grave en 1966 l’album “It’s A Blessing”. Mais c’est du côté séculier qu’elle se fait particulièrement remarquer, quand sa sœur aînée Darlene, qui est devenue une des voix préférées de Phil Spector sous le nom de Darlene Love, lui présente le producteur et son équipe. Sous la houlette du lieutenant de Spector Jack Nitzsche, elle enregistre la voix principale d’une version de Yes sir, that’s my baby créditée à Hale and the Hushabyes, qui sort en single sur Reprise en 1964. Elle publie ensuite une série de singles sous le pseudonyme Sandy Wynns, tout en travaillant comme choriste tout terrain, de Ray Charles à Harvey Mandel, en passant par Stan Kenton et différentes productions Spector – elle accompagne ainsi sa sœur sur I’m a rebel, crédité aux Crystals. Elle participe aussi au projet “Dylan’s Gospel”, crédité aux Brothers & Sisters. 

Mais c’est la formation à la fin des années 1960 d’un trio avec deux autres habituées des studios, Carolyn Willis et l’ex-Ikette Shelly Clark, qui fait décoller sa carrière. Baptisé Honey Cone par Eddie Holland – qui vient de quitter Motown avec son frangin Brian et Lamont Dozier –, le groupe signe avec le nouveau label monté par les trois producteurs, Hot Wax, et c’est une de leurs chansons, While you’re out looking for sugar?, écrite par Ron Dunbar et la mystérieuse Edith Wayne – derrière laquelle se cache, pour des raisons juridiques, Holland-Dozier-Holland, qui en inaugure le catalogue. Le succès est immédiat, tant au niveau pop que dans le classement R&B. L’immense tube Want ads, en 1971, est suivi d’autres réussites comme Stick-up – un nouveau numéro un R&B -, One monkey don’t stop no show et la ballade The day I found myself. La série s’arrête cependant en 1973 : mécontente du répertoire proposé, Carolyn Willis quitte le trio, qui finit par se séparer après avoir tenté en vain de la remplacer, tandis que les problèmes financiers de Hot Wax aboutissent à la fin du label. Wright, qui n’a jamais cessé de travailler comme choriste en parallèle à la vie du groupe, reprend le chemin des studios – Mel Brown, Freda Payne, Lamont Dozier, Peggy Lee, Weather Report, Nancy Wilson, Z.Z. Hill, Cher, et même Alain Chamfort bénéficient de ses services au cours des années 1970, entre autres. 

Elle publie en 1977 un album solo, “Oops! Here I Go Again”, produit par son mari, le producteur et chanteur Greg Perry. Le disque passe inaperçu auprès du grand public, mais acquiert une certaine popularité auprès des fans britanniques. Wright retourne alors à l’anonymat relatif des studios (pour U2, Leonard Cohen, Aaron Neville, Michael Jackson, les Beach Boys…), tout en collaborant régulièrement avec Perry sur les projets de celui-ci, qu’il s’agisse de ses disques personnels ou d’albums pour Mary Wells ou Bonnie Pointer, ainsi qu’avec sa sœur Darlene Love, dont elle devient une choriste régulière. Il lui arrive également de façon occasionnelle, et dans des configurations variables, de redonner vie aux succès de Honey Cone sur le circuit de la nostalgie, même si le trio ne se retrouvera jamais pleinement. 

Texte : Frédéric Adrian
Photo © DR / Collection Gilles Pétard

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