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Hommages / 10.03.2019

Eddie Taylor, Jr., 1972-2019

Introverti et non démonstratif sur scène, le fils le plus connu d’Eddie Taylor est décédé de complications rénales. Déjà en 2002, il avait subi une transplantation grâce au don de son frère Milton. De ce fait, il ne voyageait plus et se produisait uniquement à Chicago où les touristes du lunch ou de l’avant-soirée du Buddy Guy’s Legends ne prêtaient aucune attention à ses prestations en solo. Il égrenait alors d’une voix agréable, sans affect, les standards de complaisance, pour vivre, tout simplement.

Chicago, 1999. © André Hobus

Au Chicago Blues Festival, sur un podium secondaire et accompagné, nous pouvions davantage apprécier la belle Gibson demi-caisse rouge cerise de papa. Son jeu sans esbroufe, délicat, demandait l’attention du spectateur sans la solliciter. C’est sans doute cet aspect trop linéaire, voire monotone, et toujours en retrait, qui l’éloignait des projecteurs… et des producteurs américains. Pourtant, à la maison, Eddie Taylor Jr. avait vu défiler le gratin du blues chicagoan, mais cet autodidacte taciturne restait dans leur ombre, même quand il tenta de voler de ses propres ailes et, si tourments il y eut, il ne laissait rien paraître ni entendre. Il restera le fils de et accompagnateur dans l’âme.

Chicago, 2015. © André Hobus

Seul le label autrichien Wolf s’y est intéressé au nom d’une certaine tradition, mais les conditions d’enregistrement, souvent à l’économie, et une volonté absolue de respect historique font que ses albums sont passe-partout. Si je devais en recommander un, je pointerais le “From The Country To The City” du trio acoustique Eddie Taylor Jr-Tré-Harmonica Hinds.

André Hobus

Chicago, 2007. © Brigitte Charvolin