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Live reports / 07.10.2012

EDDIE FLOYD

 

Soirée pas comme les autres à l’Olympia : non seulement Eddie Floyd en est, quarante-cinq ans après son passage sur les lieux au sein de la tournée Stax, la tête d’affiche, mais la première partie a été confiée à un projet audacieux baptisé “On ira tous à l’Olympia”. Porté par l’association À chacun ses vacances (www.achacunsesvacances.fr), dont l’objet est d’offrir un accès aux loisirs à des personnes en situation de handicap mental, il s’agissait d’un spectacle en forme de comédie musicale, mêlant près d’une cinquantaine d’artistes, chanteurs, danseurs et musiciens, dont une majorité en situation de handicap mental. Pendant un peu moins d’une heure, la troupe, rejointe par quelques invités comme les chanteurs du groupe Babylon Circus, a fait preuve de son dynamisme et de son enthousiasme, rendant hommage à Edith Piaf comme aux Blues Brothers et suivant le principe de son fondateur Madjid Kabdani : « On fait de la musique pour faire de la musique ! »

 

Après l’entracte, le rideau s’ouvre sur les premières notes de Green onions interprétées par la section rythmique – basée en Angleterre, comme le reste du groupe –, rejointe ensuite par les cuivres. Lorsque retentit l’introduction de Soul man, ce sont les trois choristes qui entrent en scène, suivis par Eddie Floyd lui-même. Loin de ses prestations en pilote automatique en tant qu’invité permanent des Blues Brothers (avec lesquels il est d’ailleurs déjà passé à l’Olympia), il est très en voix et visiblement heureux d’être là, évoquant à la fois ses souvenirs de son passage de 1967 dans la salle et son admiration pour le spectacle de première partie. Il invite d’ailleurs l’ensemble des participants à le rejoindre pour le morceau suivant, 634-5789, qu’il avait composé avec Steve Cropper pour Wilson Pickett, transformant le temps de la chanson la scène en piste de danse et démontrant que, malgré ses 75 ans, il reste plus que capable de tenir sa place ! Il enchaîne avec un très efficace Big bird, avant de ralentir le tempo pour une belle version de son I've never found a girl (To love me like you do), pour lequel il invitera une jeune fille du public à venir danser avec lui.

 

 

Pour l’accompagner sur son dernier single, le très funky Don’t forget about James Brown, qu’il chantait sur scène pour la première fois, c’est à un jeune danseur ayant participé à la première partie qu’il fait appel, avant d’interpréter une chanson qu’il présentera comme son « hymne national », l’inévitable Knock on wood, toujours aussi  efficace – même si Floyd évite quelques aigus – malgré les décennies passées… En rappel, il salue la mémoire d’Otis Redding le temps d’un Dock of the bay sans surprise, pour lequel il laisse le public se charger de la partie sifflée. L’enthousiasme du public lui interdisant de quitter la scène, et faute de morceaux supplémentaires répétés avec son groupe – ce qui est bien dommage, au vu de son catalogue ! –, il reprend son hommage à James Brown, rejoint sur scène par une dizaine de jeunes danseurs survoltés : se laissant emporter par le moment, il fait signe à ses musiciens de “faire tourner” le groove pendant de longues minutes de fête et de partage. Un beau final pour une jolie soirée !


Frédéric Adrian

Photos © Isabelle Cœurdevey