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Live reports / 06.07.2020

Dweamz, Studio Cargo, Montreuil

3 juillet 2020

A dweam come true? Inutile de se pincer pour s’en assurer, les vibrations qui inondent la pièce le confirment : oui, c’est un concert pour de vrai ! Plus précisément la release party d’un quintette montreuillois qui souhaitait à juste titre fêter la sortie de son deuxième EP né fin juin, le très réussi “Comes Two” (chronique dans SB 239). Un petit comité constitué de proches s’est ainsi donné rendez-vous au QG du groupe, le studio Cargo, pour une séance “à domicile” aux allures de retrouvailles entre des musiciens qui se sont évidemment très peu vus ces derniers mois. Une occasion aussi d’entériner la présence d’Anne Saï qui remplace officiellement à la guitare Jake, présent sur les enregistrements et aussi ce soir, y compris sur scène pour une poignée de titres à six. 

De ses baguettes Antoine Demantké donne le signal et la machine allume son groove avec Guarding the gates, récent titre de Lauryn Hill piloté par Charlène Aline dont le timbre et le vibrato en imposent sans forcer. Un autre titre suit mais c’est le riff menaçant de To the fall qui fait monter l’intensité d’un cran et nous plonge les deux pieds dans l’univers particulier d’une formation qui nourrit sa soul et son R&B de sonorités interlopes, notamment via les claviers vintage de Philippe Bellet (dont le fameux ARP Odyssey, synthé analogique des ‘70s). Son doigté délié et nuancé répond à merveille à celui d’Anne Saï qui à l’autre extrémité de la scène brosse ou attaque les cordes de son Epiphone avec une polyvalence et un sens du dosage bien en phase avec la personnalité du groupe. 

Anne Saï
Philippe Bellet
Arnaud Dandelot, Charlène Aline, Antoine Demantké

Au centre, Arnaud Dandelot appuie solidement sur les cordes de sa basse ou parfois les touches d’un Moog tandis qu’Antoine Demantké déroule un matelas syncopé souple et aéré, parsemé au besoin d’une touche d’électronique via des pads connectés aussi bien au seventies qu’au langage trap de ces dernières années. Et Dweamz de signer quelques chouettes enchaînements, pour revernir à un de ses premiers titres, Everybody’s living in a ghetto, ou faire glisser le bien funky Woe is ye dans un Big boy à l’ondulation traînante décidément enivrante. You don’t know a man (Until you see him dance), ballade valsée un peu en biais, fait elle aussi son effet avec son déroulé vocal tout en retenue majestueuse, enchâssé dans une fausse raideur soulignée aux synthés et émaillée d’une guitare tourbillonnante entêtante. Autre atout d’un répertoire déjà fort en gueule, Fwance amuzement park conclut le set sur un groove cabossé qui alimente malicieusement la causticité du propos. 

Le petit comité en redemande, alors Dweamz suit la suggestion de Jake revenu à la guitare : cette reprise du Don’t touch my hair de Solange entamée à tâtons met peu de temps à se dégripper. Le bonheur de voir la magie des interactions live repointer son nez. 

Texte : Nicolas Teurnier
Photos © Cindy Voitus

Philippe Bellet, Jake
Arnaud Dandelot, Charlène Aline, Antoine Demantké 
Cindy VoitusDweamzNicolas Teurnier