;
Chroniques / 23.04.2021

Dumpstaphunk, Where Do We Go From Here

Le mirage d’un double live dissipé, la bande à (Ivan) Neville publie finalement son troisième album studio. Sept ans après le précédent ! La faute à d’incessantes tournées dans une ère pré-Covid. Une heure juteuse en compagnie de cette bête de funk est un petit événement en soi : c’est bon de reprendre en pleine face ce double gras de basses, cette triplette de voix soul arrachées, ces éclaboussures de claviers, ces entailles de guitares qui ensemble s’éclatent à dynamiter le groove en triturant les leçons imparables des Meters ou des brûlants combos des seventies type Ohio Players et Tower of Power. 

Chouette idée de redonner vie à Let’s get at it, obscurité néo-orléanaise, mais l’approche très fidèle avec laquelle sont abordées les reprises en limite ailleurs l’impact : In time titube savoureusement comme celui de Sly Stone avant de s’essouffler sur la longueur ; le United nation stomp (Buddy Miles) qui piétine l’ouverture de l’album de ses gros sabots (guitare criarde et break pour ambianceur de stade) en souligne surtout la pauvreté des paroles. Un faux départ vite corrigé par l’acéré Make it after all, le bayou stéroïdé de Backwash et plus loin lors d’une copieuse chanson-titre dont l’appel du refrain résonne dans la lignée prestigieuse des Neville Brothers dont Dumpstaphunk est l’émanation directe.

Tendu et courroucé aussi ce Justice, single de 2017 plus que jamais d’actualité et revisité avec l’ajout d’un couplet rappé par Chali 2na. Efficace, mais le collage est un peu abrupt, à l’image d’une réalisation d’ensemble qui laisse apparaître des failles. Comme si la machine plafonnait. À haut niveau, certes, en matière de jeu et de graissage funk, mais sans le petit plus (le regard extérieur d’un (co)producteur ?) qui étendrait son envergure au-delà de sa réputation scénique. 

Nicolas Teurnier

Note : ★★★
Label : The Funk Garage
Sortie : 23 avril 2021

DumpstaphunkNicolas TeurnierSoul Bag 242The Funk Garage